Dossier Chérubin Okende : une patate chaude pour Kinshasa

Plus de deux mois après l’assassinat du député Chérubin Okende, le 13 juillet dernier, le dossier semble complètement à l’arrêt. Tant la justice que les autorités congolaises ne paraissent guère déterminées à faire éclater la vérité.
Un constat que dressent la famille du défunt et ses avocats qui viennent d’adresser ce mardi 19 septembre un courrier au président de la République et aux plus hautes autorités politiques et judiciaires congolaises, mais aussi à plusieurs postes diplomatiques, dont la Belgique et l’Afrique du Sud qui ont envoyé des experts pour assister les enquêteurs congolais.
Les membres de la famille de Chérubin Okende, ancien ministre des Transports et porte-parole du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, s’inquiètent du silence qui entoure cette enquête plus de deux mois après l’assassinat et un mois et demi après l’autopsie.
Ils s’indignent que le corps soit toujours conservé à la morgue «pour des raisons prétendument d’enquêtes ».
Ils soulignent les errements d’une justice congolaise qui, tout en se réfugiant derrière «le secret de l’instruction en phase inquisitoriale » a multiplié les «sorties médiatiques inappropriées ».
Ils s’inquiètent encore en constatant que «certaines pistes qui devraient être exploitées font l’objet de sorties médiatiques des autorités politiques dans le but de les discréditer ». Ils épinglent ici les révélations faites par jeune Afrique qui ont abouti à l’arrestation… du journaliste Stanis Bujakera accusé de propagation de faux bruit.
Face à ces constatations, ces silences, voire cette volonté de bloquer le bon déroulement de cette enquête, les défenseurs de M. Okende s’interrogent sur la détermination du pouvoir congolais à faire éclater la vérité.
La mort de Chérubin Okende est pourtant une vraie affaire d’État et les autorités congolaises doivent faire éclater la (vraie) vérité quel qu’elle soit.

Des questions sans fin
Comment expliquer qu’un homme politique soit assassiné en pleine capitale après avoir été enlevé sur le parking de la Cour constitutionnelle par plusieurs hommes armés en pleine journée ? Comment expliquer que Chérubin Okende ait été invité à se présenter à cette cour ? Qui savait qu’il serait présent sur ce parking ? Comment expliquer les sorties médiatiques du procureur général près de la Cour de cassation qui a nommément incriminé certains proches de la victime ?
Comment expliquer qu’il ait fallu attendre trois semaines pour réaliser une autopsie ? Comment justifier que plus d’un mois et demi après cette autopsie, les résultats ne soient pas arrivés au parquet instructeur? Et la liste des questions est encore longue.

Avocat sous pression
Le silence des autorités, cette apparente volonté de ralentir le processus, de chercher à brouiller les pistes font craindre que la vérité ne puisse jamais apparaître. Dans ce contexte, les proches et les avocats ne cachent pas leur intention de tenter de porter l’affaire devant des juridictions internationales.
La détermination de la famille et des avocats déplaît visiblement à certains. A un peu plus de trois mois des élections présidentielles, les voix discordantes sont de plus en plus mises sous pression. Maître Laurent Onyemba, un des avocats de Chérubin Okende qui avait « osé » réagir aux sorties intempestives du procureur général près la Cour de cassation, apparaît ainsi désormais dans le viseur du parquet.
Selon certains de ses confrères : «Il faut s’attendre à ce que le conseil de l’ordre soit mobilisé pour le faire taire ».
Avec La Libre Belgique Afrique