Dossier François Beya : patate chaude pour Kinshasa, alors que la grogne s’amplifie

Plus d’un mois après son interpellation par les services de l’ANR (Agence nationale de renseignements), le mystère place toujours autour du dossier François Beya Kasonga, du nom de celui qu’il faut désormais désigner par l’ancien conseiller spécial en matière de sécurité du Président Félix Tshisekedi. Pour le régime en place à Kinshasa, le dossier François Beya passe finalement pour une patate chaude, alors que, dans un communiqué, la Présidence de la République avait évoqué des « indices suffisamment sérieux » mettant en cause l’ancien conseiller spécial. Malgré tous ces faisceaux d’indices, François Beya passe pour le seul qui aurait eu le courage de déstabiliser le pouvoir de Félix Tshisekedi. Parce qu’en dehors de lui, aucune personnalité, militaire et politique, n’a été interpellée jusqu’alors.

AKinshasa, le dossier François Beya s’enlise et dérange en même temps.

On ne sait plus à quel niveau se trouve ce dossier. Pourtant, dans un communiqué, lu sur les antennes de la télévision nationale, par le porte-parole du Président de la République, le cabinet du Chef de l’Etat faisait part des « indices suffisamment sérieux » mettant en cause François Beya dans un plan de déstabilisation des institutions issues des élections de décembre 2018.

On pensait que c’était enfin le dénouement de l’affaire François Beya. Que nenni ! Bien au contraire, l’affaire s’est corsée, alimentant désormais la chronique dans tous les sens.

A la suite de l’appel du mouvement citoyen « Free François Beya », l’opinion publique s’intéresse enfin au dossier lié à l’ancen conseiller spécial de Félix Tshisekedi. A défaut de sa libération, tous appellent désormais à ce qu’il soit présenté devant son juge naturel pour être jugé des faits qui lui seraient reprochés.

Kananga se mobilise

A Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï central, six jeunes se réclamant du mouvement citoyen «Maintenant ou jamais » ont été appréhendés, le samedi 26 mars 2022, en début de matinée dans les rues de Kananga où ils s’apprêtaient à manifester pour réclamer la libération de l’ancien conseiller spécial François Beya, rapporte actualite.cd.

«Nos t-shirts et banderoles ont été arrachés par les éléments de la police et six de nos camarades arrêtés », a expliqué une militante trouvée sur le lieu du rassemblement.

Selon la source, la police a confirmé avoir mis la main sur quelques manifestants. « La tension était vive. Des militants de l’Udps avec drapeaux en mains faisaient le tour de la ville car ayant été informés qu’une manifestation devait se tenir ce samedi dans les rues de Kananga. Nous avons appréhendé quelques jeunes pour leur sécurité », a fait part le commandant de la ville, le colonel John Mbela, cité par actualite.cd.

Sur leurs banderoles, les manifestants exigeaient la libération de François Beya dont la détention pour eux « tue l’Etat de droit ».

Alors conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, François Beya avait été arrêté le 5 février 2022 à son domicile de Kinshasa, en présence de Jean-Hervé Mbelu, administrateur général de l’ANR et quelques-uns de ses agents, des éléments de la Détection militaire des activités anti patrie (DEMIAP) ainsi que du Commandant de la 14ème région militaire, le Général Ilondo. «Des indices sérieux attestant d’agissements contre la sécurité nationale» continuent à peser sur le «sécurocrate » en chef de Félix Tshisekedi.

A ce jour, certains collaborateurs de François Beya sont également aux arrêts à l’ANR, notamment ses deux protocoles, son secrétaire particulier et son garde du corps. Mais, on ne signale encore aucune arrestation aussi bien dans l’armée que dans les institutions.

Décidément, François Beya voulait à lui seul déstabiliser les institutions démocratiques, sans s’appuyer sur la classe politique ou l’armée nationale. Ce qui ravive la polémique.

Hugo Tamusa