La mort a encore frappé dans la province du Sdud-Kivu. A la suite des inondations et du glissement du terrain qui s’en est suivi, jeudi dernier, une centaine de personnes sont morts dans le territoire de Kalehe. Depuis Kinshasa, le Gouvernement, réuni vendredi en Conseil des ministres, a décrété un deuil national ce lundi 8 mai 2023, en mémoire des compatriotes disparus. En même temps, l’assistance s’organise. Sans tarder, une délégation officielle a été dépêchée dans la province du Sud-Kivu pour organiser les premiers secours. «Comme annoncé au Conseil des ministres, la délégation gouvernementale est arrivée tôt ce matin à Bukavu pour appuyer Théo Kasi (Ndlr : gouverneur du Sud-Kivu) dans la gestion urgente de la situation à Kalehe. Tenue immédiate d’une réunion de crise avant une descente sur terrain lundi matin», a confirmé Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement, sur son compte twitter, appelant toute la République à la compassion autour du drame de Kalehe : «Parce que toute la République est éplorée. Nous sommes tous Kalehe ! Compassion et solidarité».
Des pluies diluviennes ont charrié la mort dans le territoire de Kalehe (province du Sud-Kivu). Ce territoire de la province du Sud-Kivu a été frappé, jeudi dernier, par des inondations qui ont fait plus de 180 morts dans le Sud-Kivu (Est), selon un bilan officiel encore provisoire samedi.
«On vient de faire le décompte macabre, nous avons à peu près 176 personnes décédées», a déclaré à l’AFP, en fin de journée de jeudi, le gouverneur de la province, Théo Ngwabije, qui s’est rendu sur les lieux de la catastrophe. «Nous avons aussi une centaine de disparus», a ajouté le gouverneur, qui parlait depuis l’hôpital d’Ihusi, chef-lieu du territoire de Kalehe touché par les inondations.
Un responsable administratif avait auparavant évoqué auprès de l’AFP un «bilan provisoire d’une centaine de morts» et un député avait avancé sur une radio locale un total d’environ 150 morts et de nombreux disparus.
Sur ordre du Président de la République, qui a présidé vendredi la réunion du Conseil des ministres, une journée de deuil national «avec drapeaux en berne» sera observée ce lundi 8 mai sur toute l’étendue de la RDC, «en mémoire des compatriotes disparus »
Plusieurs villages du territoire de Kalehe, à l’ouest du lac Kivu marquant la frontière entre la RDC et le Rwanda, ont été submergés lorsque des rivières sont sorties de leur lit, a expliqué Archimède Karhebwa, administrateur assistant du territoire.
Les localités les plus touchées sont notamment Chabondo, Bushushu, Nya-mukubi, dans le groupement Mbinga-Sud. Des centaines de maisons ont été emportées, des champs dévastés, les eaux ont même «surpris des vendeurs et leurs clients sur les marchés », a-t-il ajouté.
«La pluie a commencé vers 17h00 et après, la rivière a emporté les villageois. J’ai perdu mon père, ma mère, et aussi onze enfants qui étaient dans ma maison», a déclaré à l’AFP Innocent Mupenda, rapporteur de la Société civile du groupement Mbinga-Sud.
Selon l’administrateur assistant du territoire, «c’est la quatrième fois que de tels dégâts sont causés par les mêmes rivières (…), il ne passe pas dix ans sans qu’elles ne causent des dégâts énormes».
Le village de Bushushu en particulier a été dévasté en 2014 par des pluies diluviennes qui ont fait des dizaines de disparus.
Le secours s’organise
Trois jours après ce drame, le secours s’organise. Si, sur place dans le Sud-Kivu, le gouvernement provincial a mis en place un dispositif de prise en charge des sinistrés, depuis Kinshasa, le Président de la République a dépêché dans le Sud-Kivu une équipe d’officiels pour coordonner la riposte et organiser le secours.
Accueillie dimanche par le gouverneur Théo Ngwabidje Kasi, à l’aéroport de Kavumu, la délégation gouvernementale, conduite par le 2ème vice-président de l’Assemblée nationale, l’honorable Vital Muhini, a exprimé, au nom du Président de la République, sa compassion à la population du Sud-Kivu face au drame qui a causé des pertes en vies humaines, des blessés graves, détruisant des villages et des rues à Kalehe.
La délégation, venue de Kinshasa, a tout prévu. Au-delà de son message de compassion, la délégation dispose des moyens conséquents pour prendre en charge les sinistrés et assurer un accompagnement moral et matériel aux familles éplorées.
Ainsi, aussitôt arrivée dans la ville de Bukavu, rapporte la cellule de communication du gouvernorat du Sud-Kivu, la délégation a pris part à une réunion de mise au point avec le gouverneur Théo Ngwabidje, en prélude d’une descente sur le site du sinistre ce lundi 8 mai.
Le chef de l’exécutif provincial a profité de cette occasion pour rendre des hommages mérités au Président de la République et lui remercier, au nom de la population de Kalehe, pour cette assistance en faveur des sinistrés.
Plus de 250 corps déjà enterrés
Plus de 250 corps des victimes des dernières inondations à Bushushu et Nyamukubi dans le territoire de Kalehe ont déjà été découverts et enterrés depuis la soirée de vendredi à ce dimanche 7 mai 2023, a dit à radio Maendeleo, l’administrateur du territoire de Kalehe, Me Thomas Bakenga.
Jusque dans la matinée de dimanche 7 mai 2023, des corps continuaient à être retirés des décombres par les secouristes de la Croix Rouge et d’autres équipes de secours dépêchés sur place, explique l’administrateur du territoire de Kalehe.
Me Thomas Bakengaa ajouté que le bilan est en train d’être actualisé de minute à minute car les disparus se comptent en centaines.
L’autorité territoriale de Kalehe a salué néanmoins la mobilisation générale, notamment l’implication du gouverneur de province qui a apporté sa première assistance pour la prise en charge des blessés dans les institutions sanitaires, l’enterrement des morts et la prise en charge des survivants.
Une équipe de médecins avec la collaboration de la Division provinciale de la Santé, est arrivée sur place pour appuyer les structures locales dans la prise en charge des blessés et identifier ceux qui méritent être transférés dans de grandes structures à Bukavu.
Pour les survivants, l’administrateur du territoire de Kalehe Me Thomas Bakenga propose la désaffectation des espaces bien identifiés pour réinstaller ces sinistrés car, rappelle-t-il, l’endroit du sinistre doit être déclaré inhabitable. Il propose notamment la colline administrative du territoire de Kalehe lotie depuis 2011 mais jusque-là non mise en valeur et d’autres concessions bien identifiées.
«Déboisement »
Pour l’instant, l’heure est donc à l’assistance des sinistrés. Mais, dans certains milieux, on s’interroge déjà sur les causes réelles de ces drames. Et on boite du doigt un déboisement sauvage qui vide le sol de sa consistance.
Après les précédentes catastrophes, «des études avaient été faites, il avait été demandé que les gens vivant le long des rivières soient déplacés», rappelle un expert, cité par l’AFP. Ces dégâts, a-t-il commenté, sont dus en partie à «un processus naturel indépendant de la volonté de l’homme». Mais ils sont aussi liés «au déboisement, qui contribue au changement climatique».
Dans la nuit de mardi à mercredi, bien avant Kalehe, des inondations et glissements de terrain causés par des pluies saisonnières torrentielles avaient également fait au moins 130 morts au Rwanda, l’une des pires catastrophes enregistrées dans le pays ces dernières années.
Début avril, un glissement de terrain provoqué par la pluie avait fait une vingtaine de morts dans le Nord-Kivu, province voisine du Sud-Kivu.
Econews