La Commission électorale nationale indépendante (CENI) est passée à la vitesse supérieure en prévision des élections législatives du 20 décembre 2023. A l’issue de l’enregistrement à la députation nationale, ce ne sont pas moins de 24.802 candidats déclarés, dont 5.500 candidats dont les dossiers sont déclarés recevables. Un nombre sensiblement égal à la ruée observée lors du scrutin précédent en 2018. Par la même occasion, la CENI demande aux partis et regroupements politiques à s’assurer de leur inscription effective sur les listes retenues. D’où un appel à la prudence à l’attention des candidats trop pressés de se déployer prématurément sur le terrain pour des actions politiques.
Des 910 partis politiques agréés par le ministère de l’Intérieur, cinq à peine sortent du lot et satisfont à l’exigence du seuil de recevabilité consistant à justifier l’alignement sur les listes électorales de 60% au moins, soit 300 candidats, sur l’ensemble du territoire national. Dans le lot, le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, l’Alliance des démocrates chrétiens du Congo (ALDEC) d’Adèle Kayinda, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS/Tshisekedi), Ensemble pour la République de Moïse Katumbi et Leadership et gouvernance pour le développement (LGD) de l’ancien premier ministre Matata Ponyo.
Ils sont rejoints par 36 regroupements politiques qui englobent le gros des formations dont certains, de création récente, se réclament d’une proximité avec l’UDPS/Tshisekedi, parti présidentiel. D’autres en revanche sont d’une relative longévité politique : tels l’Alliance des forces démocratiques du Congo et Alliés, la Dynamique progressiste de l’opposition, l’AAC/PALU, l’A/A UNC, etc.
Si parmi les grands absents du processus sont le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de l’ancien président Joseph Kabila et Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (Ecidé) de Martin Fayulu, qui ont boycotté le processus électoral en cours, entaché, selon eux, de nombreuses irrégularités, on apprend que Nouvel Elan d’Adolphe Muzito a dépassé le seuil au sein du regroupement politique «Mbonda», a confié à Econews un cadre du parti de l’ancien Premier ministre.
LE TRAIN ELECTORAL NE S’ARRETERA PAS, PREVIENT DENIS KADIMA
Reçu le lundi 4 juillet par le président de la CENI Denis Kadima, Adolphe Muzito avait estimé que le «report technique» des scrutins est «irréversible» pour la crédibilité du processus qui doit aboutir aux élections du 20 décembre prochain.
Il constatait alors devant les médias l’existence d’une crise multiforme du fait, selon lui, que l’opposition n’est pas représentée au sein du bureau et de la plénière de la CENI d’une part. D’autre part, le non-enrôlement d’électeurs des territoires de Masisi et de Rutshuru du fait de l’occupation du M23 et les violences dans le territoire de Kwamouth rendent le fichier électoral incomplet.
FICHIER ELECTORAL INCOMPLET ET CONTRAINTES FINANCIERES
Dans son «Plan de sortie de crise», il appelait à une implication de l’église catholique : « Nous pensons que l’Eglise catholique peut encadrer l’enrôlement dans les territoires qui sont sous contrôle des rébellions déjà que les mêmes rébellions ne remettent pas en question l’unité du pays, mais elles ont des prétentions politiques».
Sur ces contraintes sécuritaires se superpose la question du financement des scrutins. A la date de sa réception à la CENI (le 4 juillet), Adolphe Muzito relevait que les informations en sa possession indiquaient que sur des prévisions de 500 millions de dollars USD, la centrale électorale avait reçu 100 millions USD à peine.
L’ancien Premier ministre ajoutait alors, «Il ne suffit pas non plus que le gouvernement ait l’argent d’ici la fin de l’année, encore faut-il qu’il l’ait à temps pour qu’en le décaissant, cet argent puisse servir à financer des dépenses qui doivent être faites deux, trois mois avant pour que le processus soit réalisé dans les délais».
POUR UN GLISSEMENT COLLECTIF ET ASSUMÉ
«Nous serons en face d’une situation de glissement, voulu ou pas voulu. Je ne propose pas, je constate, ce n’est pas un vœu. Cela nécessite un dialogue, une discussion entre les parties prenantes pour que nous assumions tous cela collectivement et organiser des élections crédibles», avait-il martelé.
Sans se prononcer en faveur d’un boycott éventuel, Adolphe Muzito soutient qu’en cas de glissement, ce dernier revêtirait un caractère technique d’une durée de trois à quatre mois pour réunir les conditions nécessaires à la bonne marche du processus électoral.
M.M.F.