Energie : le Grand Inga dans l’impasse, le Mozambique et l’Angola avancent à pas de géant

En République Démocratique du Congo, la mise en valeur du potentiel hydroélectrique d’Inga, dans la province du Kongo,est presque dans l’impasse, embourbé dans une lourde bureaucratie. Ailleurs, notamment au Mozambique et en Angola, des grands projets hydroélectriques sont en exécution. Au Mozambique, EDF et TotalEnergies se sont mis d’accord pour le méga-projet de Mphanda Nkuwa d’une capacité de 1.500 MW (mégawatts), tout comme en Angola où le Chinois le CGGC a lancé les travaux du barrage de Caculo Cabaça (2.172 MW). Pendant ce temps, la RDC tourne le rond et ne sait pas prendre une option pour valoriser le site d’Inga. Quelle inconscience !
Au Mozambique, un consortium dirigé par Électricité de France (EDF) vient d’être désigné par les autorités mozambicaines pour la construction du barrage hydroélectrique de Mphanda Nkuwa de 1.500 MW. Ce mégaprojet nécessitera un investissement de 4,5 milliards de dollars américains.
Le projet hydroélectrique de Mphanda Nkuwa connaît un nouveau développement. Le ministère mozambicain des Ressources minérales et de l’Énergie (Mireme), par l’intermédiaire du Bureau de mise en œuvre du projet hydroélectrique de Mphanda Nkuwa (GMNK), désigne le consortium en charge de la mise en place de cet aménagement hydroélectrique sur le fleuve Zambèze. Il est composé de groupes français Total Energies, Électricité de France (EDF), ainsi que d’entreprises japonaises Sumitomo Corporation et Kansai Electric Power.
Selon le Mireme, le choix de ce consortium «résulte de l’évaluation des propositions techniques, économiques et financières validées, par le comité (…) composé d’Electricidade de Moçambique (EDM), Hidro-eléctrica de Cahora Bassa (HCB), du ministère de l’Économie et des Finances, du ministère de la Terre et de l’Environnement, du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, et de la Banque du Mozambique».
Outre le soumissionnaire privilégié, le consortium dirigé par ETC Holdings et comprenant Zambia Electricity Supply Corporation (Zesco), CECOT (une filiale du groupe portugais Mota-Engil) et Petro SA (une filiale du Central Energy Fund, Afrique du Sud), a été désigné comme soumissionnaire de réserve. La désignation du soumissionnaire privilégié permet d’entamer les négociations en vue de la signature des accords de concessions pour le projet hydroélectrique de Mphanda Nkuwa.
Il porte sur la construction d’un barrage hydroélectrique sur le fleuve Zambèze, dans le district de Marara. Sa centrale électrique de 1 500 MW sera située à 60 km en aval du barrage de Cahora Bassa qui affiche une capacité de 2.075 MW. La retenue d’eau sera située à 70 km en amont de la ville de Tete, le chef-lieu de la province éponyme. Un système de transmission comprenant 1300 km de ligne haute tension en courant continu de 550 kV sera également construit entre Cataxia et la capitale mozambicaine Maputo.
La construction du barrage de Mphanda Nkuwa et sa centrale électrique nécessitera un investissement de 4,5 milliards de dollars US. Quoique contesté pour son impact environnemental et social, le projet est soutenu par la Banque africaine de développement (BAD) et la Société financière internationale (SFI), la filiale du groupe de la Banque mondiale en charge du financement du secteur privé. Maputo souhaite lancer les travaux en 2024.

Angola : le Chinois CGGC lance les travaux du barrage de Caculo Cabaça
En Angola, les autorités ont assisté récemment à la cérémonie marquant la fin du détournement de la rivière Kwanza dans la localité de São Pedro da Quilemba. Cette étape marque le début effectif de la construction du barrage et la centrale hydroélectrique de Caculo Cabaça. L’installation affichera une capacité de 2.172 MW.
La construction du barrage hydroélectrique de Caculo Cabaça peut enfin commencer. Le détournement de la rivière Kwanza sur laquelle est construite cette infrastructure s’est achevé le 20 mai 2023 par une cérémonie à laquelle a pris part le président de la République de l’Angola João Manuel Gonçalves Lourenço. Cette cérémonie marque le début de la construction de cette infrastructure énergétique qui devrait booster la capacité électricité installée de l’Angola aujourd’hui estimée à 6.143 MW par Power Africa.
«Le barrage hydroélectrique de Caculo Cabaça sera le plus grand de l’Angola et fournira au réseau national une puissance de 2.172 MW», a rappelé le président João Lourenço. La retenue d’eau sera l’un des plus imposants en Afrique subsaharienne, avec une hauteur de 103 m. Ce barrage-poids en béton compacté au rouleau s’étendra sur au moins 16,3 km, formant un réservoir capable de retenir 438 millions de m3 d’eau.

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Le financement chinois et allemand
La centrale hydroélectrique sera située à une dizaine de km du réservoir du barrage. L’installation sera équipée de cinq turbines Francis, dont quatre de 530 MW chacune. La centrale disposera d’une turbine accessoire de 52 MW, associée à un flux réservé. L’électricité générée à partir de cet aménagement hydroélectrique sera évacuée à partir des sous-stations de Catete et de Laúca, avant d’être injectée dans le réseau électricité nationale de l’Angola. Une partie de cette électricité sera exportée vers les pays voisins, à travers le Pool énergétique d’Afrique australe.
Selon le gouvernement angolais, la centrale hydroélectricité de Caculo Cabaça commencera à produire de l’électricité à partir de 2026. Au lancement du projet en 2017, le coût total du projet était estimé à 4,5 milliards de dollars US, dont 85 % financé par la Banque industrielle et commerciale de Chine (BICC). En mars 2020, le coût du projet est revu à la hausse, avec une estimation de 5,2 milliards de dollars US dont 3,8 milliards pour le barrage lui-même et 1,4 milliard pour l’infrastructure de distribution de l’électricité. Un financement supplémentaire de 1,16 milliard de dollars US a été concédé par le gouvernement allemand en 2020 pour l’équipement hydromécanique et électromécanique du barrage, à savoir les turbines, vannes, alternateurs, etc. Les équipements en question seront fournis par l’entreprise allemande Voith Hydro.
La construction du barrage est assurée par China Gezhouba Group Corporation (CGGC), une entreprise basée à Wuhan en Chine. L’étude d’impact environne-mental du projet n’a pas conclu à un impact considérable sur la biodiversité et les établissements humains. Mais la mise en place de la retenue d’eau sur la rivière Kwanza pourrait affecter l’écologie du parc national de Kisama, que la Kwanza traverse. Cette rivière qui coule du sud vers le nord avant de se jeter dans l’océan Atlantique est équipée d’au moins neuf autres barrages donc celui de Laùca d’une capacité de 2.069 MW.
Avec Afrik21