Ex-attaché militaire à Pretoria, le Général de brigade Timothée Ngoyi mis à nu par la justice sud-africaine

Des images circulant sur les réseaux sociaux ont fait état d’une action judiciaire des autorités sud-africaines contre l’ancien attaché militaire de la RDC près son ambassade en Afrique du Sud. Le Général de brigade Timothée Ngoyi, après un mandat de près de 14 ans alors qu’habituellement un diplomate a un mandat de 4 ans renouvelable une fois, n’avait pas digéré son rappel au pays, pour servir sous le drapeau. Ces biens acquis indument en Afrique du Sud sur des fonds publics ont été saisis par la justice sud-africaine.

Des images choquantes ont récemment circulé sur les réseaux sociaux, révélant une affaire judiciaire impliquant l’ancien attaché militaire de la République Démocratique du Congo près de son ambassade en Afrique du Sud. Le Général de brigade Timothée Ngoyi, qui a occupé ses fonctions pendant près de 14 ans, bien au-delà de la durée habituelle de quatre ans renouvelable une fois pour un diplomate, a été rappelé au pays. Cette décision a déclenché une série d’événements qui ont mis en lumière des pratiques douteuses et des agissements frauduleux.

Selon des sources proches du dossier, la justice sudafricaine a saisi quatre propriétés et deux comptes bancaires appartenant au Général Timothée Ngoyi, qui était l’attaché militaire à l’ambassade de la RDC à Pretoria. Il est allégué que cet officier supérieur de l’armée congolaise a détourné indûment la somme de 49 millions de rands, initialement destinée à l’achat d’armes pour les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Au lieu de son usage prévu, une partie de cet argent aurait été utilisée pour l’acquisition de quatre biens immobiliers.

Les autorités sud-africaines ont décidé que ces biens, acquis de manière illégitime, soient vendus aux enchères. Les recettes de cette vente, ainsi que les fonds retrouvés sur les comptes bancaires du Général Ngoy, seront restituées à la RDC, totalisant la somme de 43 millions de rands, soit environ 2,2 millions de dollars américains.
Des sources internes à l’ambassade de la RDC en Afrique du Sud ont révélé que des négociations sont en cours entre les autorités de Kinshasa et leurs homologues sud-africains. L’objectif est de trouver un accord pour que les immeubles saisis ne soient pas vendus aux enchères, mais plutôt transférés à l’État congolais.

LE CALVAIRE DU COLONEL TSHITUKA

Nommé comme nouveau attaché militaire de la RDC près la République sudafricaine, en remplacement du Général Timothée Ngoyi, le colonel Paul Tshituka avait connu tous les cauchemars du monde pour gagner son poste. Il lui a fallu attendre neuf mois pour débarquer en Afrique du Sud. Et quand bien même déjà arrivé, trois mois après, lui, ses deux assistants et leurs épouses s’étaient vus refuser leurs accréditations par le gouvernement sud-africain, les sommant de retourner à Kinshasa pour attendre leur accréditation.

Difficilement rentrés et timidement acceptés à Pretoria, l’équipe du colonel Paul Tshituka a fait face à des épreuves caractérisées par de nombreuses peaux des bananes sur son chemin.

A l’ambassade de la RDC en Afrique du Sud, on laisse entendre que le combat d’arrière-garde que mènerait le Général Timothée Ngoyi n’est qu’un cas parmi tant d’autres.

On se souviendra que l’ancien ambassadeur de la RDC près la RSA, M. Bene Mpoko, âgé de 85 ans, n’avait pas non plus digéré son rappel au pays, après 21 ans à la tête du poste diplomatique de Pretoria. Même le nouvel ambassadeur de la RDC en Afrique du Sud, Fidèle Mulaja Binene, en a eu our son compte. En dépit d’avoir perçu toutes les indemnités, l’octogénaire, en synergie avec le Général Ngoyi Timothée et un réseau dont ils se sont forgés sur place en Afrique du Sud, a mené une vie très dure au nouvel ambassadeur Fidèle Mulaja, un patriote qui, selon divers témoignages, a révolutionné tout le contexte politique de la RDC près la RSA en adoptant une approche totalement différente de ses prédécesseurs.

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L’une des villas visées par la justice sud-africaine

LA GRANDE ÉNIGME QUI DONNE DES FRISSONS À KINSHASA

On se souviendra qu’après avoir boycotté les élections du 20 decembre 2023, le parti de Joseph Kabila est resté muet sur la situation politique actuelle de la RDC, au point qu’invité à la cérémonie de prestation de serment par le Président Félix Tshisekedi, l’ancien président Joseph Kabila, a préféré se rendre en Afrique du Sud où des grandes manœuvres s’y déroulent.

Entre ce qui se trame en Afrique du Sud et l’Est de la RDC, le pas est vite franchi et c’est légitime que certains Congolais trouvent là une connivence avec l’ancien pouvoir.

Il y a moins d’une semaine, le secrétaire général de l’UDPS, Augustin Kabuya, avait, au cours d’une matinée politique tenue au siège du parti, dénoncé le probable soutien de Joseph Kabila aux forces rebelles de Corneille Nanga.

«Il y a des collusions internes vis-à-vis de ce mouvement que le Rwanda vient de monter», a renchéri le Vice-Premier, ministre des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, au cours d’une intervention sur France 24, lançant un avertissement à l’ancien ambassadeur de la RDC en Afrique du Sud, très proche du président honoraire Kabila.

Depuis Kinshasa, un diplomate congolais s’interroge : «Comment ne pas faire un lien entre les anciens dirigeants et le M23 quand ce mouvement a tenu, le 28 mars, une réunion à laquelle trois personnalités liées à l’ancien président Joseph Kabila sont apparues aux côtés de Corneille Nangaa, le nouveau Congolais de service trouvé par le dirigeant rwandais, chef rebelle de la plate-forme dénommée Alliance du Fleuve Congo, qui préfigure la nième mutation du M23 ? ».

KINSHASA VEUT VOIR CLAIR

Quoi qu’il en soit, en Afrique du Sud, l’affaire mettant en cause le Général Timothée Ngoyi est embarrassante.

Et l’Afrique du Sud qui se refuse de servir de base arrière à un quelconque plan de déstabilisation de la RDC a décidé de mettre tout en oeuvre pour que la justice sud-africaine tire au clair cette affaire. A Kinshasa, on suit de près ce qui se trame à Pretoria.

A ce propos, on apprend que l’ambassadeur Fidèle Mulaja se trouve présentement à Kinshasa pour des échanges avec sa hiérarchie.
L’interpellation du Général Timothée Ngoyi soulève des questions sur la transparence et la probité des fonctionnaires en charge des affaires diplomatiques. Elle met en lumière la nécessité d’une surveillance accrue et de mécanismes de contrôle plus rigoureux pour éviter de tels abus à l’avenir.

Econews