Face à la menace rwandaise, Tshisekedi en Allemagne et en France pour obtenir le soutien de l’UE

Le président Tshisekedi est arrivé dimanche à Berlin (Allemagne) pour un court séjour, avant de débuter ce lundi une visite de travail de deux jours à Paris, en France. Dans la capitale allemande, le chef de l’Etat congolais a eu des entretiens et partagé un dîner avec le chancelier Olaf Scholz. Un communiqué laconique de la Présidence de la République annonçait dimanche qu’au menu des échanges avec le chancelier figuraient les relations économiques et la situation dans l’Est du pays, où Kinshasa affronte depuis deux ans la rébellion du M23 notoirement soutenue par le Rwanda voisin. Face à la menace rwandaise, Tshisekedi espère avoir le soutien du couple franco-allemand, cœur de l’Union européenne (UE).

Après des entretiens dimanche avec le chancelier allemand, le Président de la République, Félix Tshisekedi, est attendu ce lundi à Paris où un tête-à-tête est prévu avec son homologue français Emmanuel Macron.

A l’étape de Berlin, selon Christiane Hoffmann, première porte-parole adjointe du gouvernement fédéral allemand, les deux autorités ont parlé des relations économiques entre l’Allemagne et la RDC, notamment sur « comment la RDC peut bénéficier davantage d’investissements privés ». En plus, la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC a été au menu. « C’est un conflit de longue date où la situation a récemment été aggravée par le Rwanda. L’intégrité territoriale du Congo ne doit pas être davantage violée », précisait Christiane Hoffmann.

En France cependant, la visite de Félix Tshisekedi comprend plusieurs événements clés, notamment une cérémonie aux Invalides, des rencontres avec les autorités politiques françaises à l’Élysée, à l’Assemblée nationale et au Sénat, ainsi qu’un forum économique organisé par le Mouvement des entreprises de France (Medef). Cette rencontre vise à encourager les investissements en RDC et à promouvoir les opportunités commerciales dans le pays.

Sur le plan diplomatique, il abordera la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu, en proie à des affrontements entre les forces armées congolaises et le groupe armé M23, soutenu par l’armée rwandaise. Il cherchera également à clarifier la position de la France sur cette question, affirmant que la RDC prendra des mesures pour chercher d’autres partenaires si nécessaire.

Dans les deux capitales européennes, le Président Tshisekedi a donc porté un discours ferme et amener les dirigeants à se positionner sans ambigüité face au président rwandais Paul Kagamé qui, malgré diverses condamnations de la communauté internationale (dont l’Allemagne et la France) et du Conseil de sécurité de l’ONU, refuse obstinément à retirer son soutien au M23 et à retirer ses troupes présentes en RDC.

Kinshasa estime que cette rébellion rwandaise constitue un véritable fonds de commerce que Kigali utilise pour justifier ses incursions régulières au Congo, aux fins du pillage des ressources naturelles de la province du Nord-Kivu, principalement le coltan et la cassitérite dont le Rwanda est l’un des grands exportateurs dans la sous-région, bien que son sous-sol ne recèle pas de gisement significatif de ces minerais stratégiques.

On se rappelle que lors de son dernier passage à Kinshasa, Félix Tshisekedi n’avait guère apprécié le ton paternaliste adopté par Emmanuel Macron qui n’avait pas hésité à affirmer : « Nous connaissons le contexte de l’élection présidentielle de décembre 2018 », sous-entendant qu’il épousait le point de vue exprimé naguère développé par l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui déclarait au lendemain de l’élection de Félix Tshisekedi qu’on venait d’assister à « un compromis à l’africaine ».

Mais le président congolais ne sera pleinement satisfait que si, au-delà des condamnations de pure forme, la communauté internationale assortisse aux déclarations d’intention des sanctions à l’encontre du gouvernement rwandais.

Econews