Famille royale marocaine à l’Élysée : Paris et Rabat à l’heure des retrouvailles

En recevant les sœurs du roi Mohammed VI à l’Élysée, Brigitte Macron a symboliquement marqué la fin de la brouille entre les deux pays. Rabat attend maintenant une évolution de la position française sur la question du Sahara, qui pourrait venir rapidement.

L’épouse du président français, Brigitte Macron, a accueilli lundi 19 février à l’Élysée les sœurs du roi du Maroc Mohammed VI, a annoncé la présidence française, nouveau signal du réchauffement progressif de la relation bilatérale après une longue période de froid. « Dans la continuité des relations d’amitié historique entre la France et le royaume du Maroc, Madame Brigitte Macron a reçu leurs altesses royales les princesses Lalla Meryem, Lalla Asmaa et Lalla Hasnaa », a indiqué la présidence française sur Instagram dans un message accompagné d’une photo.

«À cette occasion, le président Emmanuel Macron est venu les saluer », a-t-elle ajouté, précisant également que le chef de l’État s’est « récemment entretenu par téléphone avec sa majesté Mohammed VI». La France a marqué sa «volonté» de renouer un lien de confiance avec le Maroc, qualifiant la relation bilatérale «d’essentielle», après une longue traversée du désert.

«J’ai repris le lien avec le Maroc. Il y avait des incompréhensions qui ont amené à une difficulté», a confié le nouveau ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné, nommé en janvier. Qui avait également précisé, dans une interview au quotidien régional français Ouest France le 10 février, que «le président de la République [lui] a demandé personnellement de [s]’investir dans la relation franco-marocaine et d’écrire aussi un nouveau chapitre de notre relation.» Avant de conclure : «Je vais m’y attacher.»

Évolution sur le Sahara ?

Ces dernières années ont été émaillées de tensions extrêmement fortes entre le Maroc et la France, ancienne puissance coloniale où vit une importante diaspora marocaine. La nomination au Quai d’Orsay de Stéphane Séjourné n’avait d’ailleurs, initialement, pas été perçue comme un signal positif, le ministre étant considéré à Rabat comme l’un des principaux artisans ds attaques européennes contre le Maroc lorsqu’il siégeait au Parlement de Bruxelles. Les Marocains avaient alors dénoncé une campagne anti-marocaine «orchestrée» par le parti du président français à Bruxelles.

À l’origine de ces tensions/ : la politique de rapprochement avec l’Algérie voulue par le président français Emmanuel Macron, alors qu’Alger a rompu en 2021 ses relations diplomatiques avec Rabat.

Le froid diplomatique tient aussi à la question de la marocanité du Sahara : alors que plusieurs pays, notamment occidentaux, ont reconnu la souveraineté du Maroc sur ce territoire, Rabat a fait de ce sujet le point central de ses relations diplomatiques, le roi précisant le 20 août 2022 que «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international ».

Faut-il, dès lors, s’attendre à une évolution de la position française sur le sujet ? Paris semble en tout cas avoir conscience de l’importance de la question, comme en témoigne la récente intervention de l’ambassadeur français Christophe Lecourtier. Invité le 16 février à s’exprimer lors d’une conférence organisée à l’université Hassan II de Casablanca, celui-ci a déclaré qu’il serait « illusoire et irrespectueux de penser pouvoir construire un avenir ensemble avec le Maroc sans clarifier la position de la France sur la question du Sahara ».

«Comment voulez-vous, a poursuivi le diplomate, qu’on puisse prétendre avoir ces ambitions sans prendre en compte les préoccupations majeures du royaume sur la question ?» Avant de conclure : «Dans le dialogue que nous avons avec le Maroc, cette question, comme elle l’a été depuis 2007, sera évoquée dans la logique de poursuivre l’intimité et le partenariat dans les années et les décennies à venir ».

Avec AFP