Félix Tshisekedi ce vendredi en Turquie, avant la Belgique et l’assaut du Grand Kasaï

Le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, assiste ce vendredi 17 décembre 2021 à Istanbul (Turquie) à l’ouverture du 3ème sommet Turquie-Afrique. Juste après la Turquie, le Président de la République mettra le cap sur la Belgique, avant d’aller, à son retour en République Démocratique du Congo, à l’assaut du Grand Kasaï. Dans l’espace Kasaï, son fief naturel, ça sera la première fois d’accueillir Félix Tshisekedi depuis son investiture à la magistrature suprême.

Invité par son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, le Président de la République et président en exercice de l’Union africaine, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, assiste ce vendredi 17 décembre 2021 à Istanbul, capitale économique de la Turquie, au 3ème sommet de partenariat Turquie – Afrique. L’événement aura lieu au Palais des Congrès d’Istanbul et sera marqué par des entretiens bilatéraux et un déjeuner de travail consacré aux investissements, dans l’objectif de resserrer les liens politiques et commerciaux patiemment tissés depuis vingt ans.

Une vingtaine de chefs d’Etat africains feront le voyage pour le troisième sommet du genre depuis 2008, qui se tient les 17 et 18 décembre à Istanbul.

Après la Turquie que Félix Tshisekedi quitte probablement le week-end, le Chef de l’Etat mettra le cap sur la Belgique, apprend-on des sources internes de la Présidence de la République. En Belgique, le Chef de l’Etat prendra sûrement le temps de se préparer, avant d’aller, juste après son retour en RDC, à l’assaut du Grand Kasaï, son fief naturel. Depuis son arrivée au pouvoir, c’est la première visite de Félix Tshisekedi dans son Kasaï natal. Tout un symbole !

Ankara savoure son influence

La Turquie va en toute splendeur illustrer son influence grandissante sur le continent africain les 17 et 18 décembre 2021 à Istanbul. Une vingtaine de chefs d’Etat y sont attendus, soit autant que le nombre de bureaux que l’Agence turque pour la coopération et le développement (TIKA) compte sur le continent.

Vingt-deux bureaux qui « consomment » le tiers de l’aide au développement fournie par la Turquie. « Nous avons lancé des milliers de programmes dans tous les secteurs : éducation, santé, agriculture, industrie, développement durable, aide aux mères et aux enfants, promotion des femmes… Chaque année, 5.000 experts turcs, dont un tiers en Afrique, sont engagés dans des actions de formation », a expliqué à Jeune Afrique Seder Cam, le vice-ministre turc de la Culture qui chapeaute la TIKA.

Pourtant, l’offensive turque en Afrique est récente. Sur les 43 ambassades implantées sur le continent (pour 54 pays), 31 ont été ouvertes depuis 2002. En 2005, ce fut au tour du premier bureau de la TIKA à Addis Abeba, en Ethiopie.

Ces six dernières années, Recep Tayyip Erdoðan, le président turc, a visité dix pays africains, et pas pour y faire du tourisme. Désormais, la présence turque en Afrique va bien au-delà de celle de l’Empire ottoman, argument souvent utilisé pour légitimer l’action d’Ankara sur le continent.

Point fort de la politique d’Erdogan, souligne le Journal de l’Afrique : « Le chef d’Etat turc n’empiète jamais sur la souveraineté des Etats africains. Il réussit ainsi à profiter systématiquement du désengagement occidental ».               Aujourd’hui, le volume des échanges d’Ankara avec l’Afrique s’élève à 28,3 milliards de dollars US et la Turquie veut doubler son commerce extérieur avec l’Afrique d’ici à 2026.

Au début de la pandémie de Covid-19 au printemps 2020, la Turquie a joué à fond le rôle du grand frère qui vole au secours des plus faibles. Des équipements de protection individuels, des respirateurs ont été envoyés aux quatre coins du continent. « Environ 3,5 millions de masques, un (1) million de blouses et combinaisons médicales, 160.000 kits de dépistage et 217 respirateurs ont notamment été fournis à 45 pays », expliquait le vice-ministre Yavuz Selim Kiran, dans une tribune à Jeune Afrique.

Remplacer la mouvance Gülen et livraison des drones

Bien moins glorieuse a été l’éradication d’Afrique du mouvement Gülen, ennemi juré du président Erdogan, qu’il accuse d’être derrière le coup d’Etat manqué de 2016 en Turquie. Ce dernier était très implanté sur le continent et en 2015, il comptait une centaine d’écoles dans près de 40 pays africains, dont la vocation était de former les élites locales.

Dans cet épisode, Erdogan a largement abandonné sa doctrine non interventionniste afin d’obtenir le remplacement des écoles gülenistes par celles de la fondation Maarif, pur produit du pouvoir turc. Une vingtaine de pays ont ainsi cédé à la pression d’Ankara.

«Partout où je vais en Afrique, tout le monde me parle des drones », se félicitait M. Erdogan après sa tournée en Angola, au Nigeria et au Togo cet automne, selon l’AFP. Il est vrai que le modèle TB2 de la société Bayraktar a marqué les esprits en privant le maréchal Haftar d’une victoire qui lui semblait acquise dans les sables libyens. Depuis, Maroc et Tunisie ont passé commande, Rabat ayant apparemment déjà testé l’appareil.

Nul doute qu’en marge du sommet, on parlera ventes d’armes, car la Turquie se veut désormais un acteur important du secteur.

Econews