Forum des filles de la RDC : une opportunité pour échanger, se connecter et s’autonomiser pour un meilleur épanouissement

Le Forum des filles de la RDC, organisé par le ministère du Genre, Famille et Enfant, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse, Nouvelle Citoyenneté et de la Cohésion sociale, le ministère des Affaires sociales ainsi que l’UNICEF, s’est ouvert mardi à Kinshasa. Sous le slogan «Je suis ici pour être entendue», le Forum des filles permettra aux filles de bénéficier d’un espace sûr et d’un environnement favorable pour exprimer librement leurs idées sans jugement et pour développer la confiance en elles et en leurs capacités.
Plus de cents adolescentes et jeunes femmes de toute la RDC et de l’Afrique, dont l’âge varie entre 13 et 24 ans, participent, du 29 novembre au 1er décembre 2022 à Kinshasa, à un Forum des filles, placé sous le slogan «Je suis ici pour être entendue». Ces travaux permettront aux filles de bénéficier d’un espace sûr et d’un environnement favorable pour exprimer librement leurs idées sans jugement et développer la confiance en elles et en leurs capacités.
Ce forum offre l’opportunité à une centaine d’adolescentes et jeunes femmes d’être informées sur leurs droits et les enjeux qui leur tiennent à cœur; connectées avec d’autres filles et jeunes femmes comme elles qui souhaitent prendre la parole et agir pour défendre leurs droits et d’être inspirées et équipées pour atteindre leur plein potentiel en vue de leur autonomisation.
«Le forum des filles de la RDC est une première dans le pays. L’objectif ultime est d’inspirer et outiller ces jeunes filles à parler de leurs besoins, intérêts, ambitions et revendiquer leurs droits au sein de leurs communautés respectives à travers le pays», a déclaré la ministre de la Culture, représentant sa collègue du Genre, Famille et Enfant empêchée.
Quant à Mme Marie-Pierre Poirier, directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, elle a relevé que les filles débordent de talent et de créativité mais leurs rêves et leur potentiels ont souvent minés par la discrimination, la violence et l’inégalité des chances.
L’UNICEF, a-t-elle poursuivi, plaide pour que des actions innovantes soient mises en place pour autonomiser les filles et les inciter à devenir des actrices de changement. Il encourage l’ambition, le plein potentiel des jeunes filles et s’engage à rendre leur quotidien plus sûr, tout en déployant d’importantes ressources dans toutes les régions du monde pour augmenter la participation des filles à l’école, combattre le mariage des enfants, promouvoir la santé des adolescentes et faire en sorte qu’elles ne soient pas victimes de violences physiques et mentales à cause de leur identité.
Pour sa part, Grant Leity, représentant de l’UNICEF en RDC, a fait savoir que dans plusieurs pays du monde, y compris la RDC, les filles font face à de plus grands défis par rapport aux garçons, entre autres, l’exclusion et la discrimination, et ce, depuis des générations. Leur avenir est décidé par d’autres personnes ou est restreint par des opportunités manquées. Et pourtant, les filles ont les mêmes droits que les garçons : le droit de naître et grandir en sécurité; vivre libre de la violence et l’exploitation; le droit d’aller à l’école, d’avoir une identité, s’exprimer et participer. C’est cet engagement collectif qui justifie la tenue de ce forum.
La première journée de ce forum a été marquée par la projection de Vaillante, une production originale de l’UNICEF qui met en lumière la question du mariage des enfants et montre comment les jeunes, en particulier les filles, peuvent faire partie de solution si on leur donne les moyens d’agir.
Lors de la troisième journée du forum, il sera procédé au lancement de la plate-forme «U-Report Filles », développée par l’UNICEF et mise en œuvre avec le ministère de la Jeunesse, Nouvelle Citoyenneté et de la Cohésion Sociale. Elle permet aux jeunes de s’exprimer à travers de courts sondages, obtenir des informations, rapporter des problèmes auxquels ils font face, proposer des solutions et prendre action pour un changement positif dans leur communauté.

«U-report filles»
«U-Report Filles servira de tremplin pour inciter des millions d’adolescentes et jeunes femmes congolaises à faire entendre leur voix, à devenir des actrices du changement et leur offrira un cadre pour accéder aux compétences, connaissances et réseaux nécessaires», a souligné Yves Bunkulu Zola, ministre de la Jeunesse, Nouvelle citoyenneté et de la Cohésion sociale.
Alors que la plateforme U-Report compte déjà plus de 4 millions de jeunes congolais, seulement 32% sont des femmes. U-Report Filles permettra aux jeunes congolaises d’avoir leur propre plateforme pour s’exprimer sur des enjeux qui les touchent et ainsi influencer la prise de décision, mais aussi accéder à des informations cruciales liées aux préoccupations qui les touchent dans leur vie quotidienne.
Au cours de ce forum, les discussions tourneront également autour de la mise en place de services sociaux adaptés aux besoins des jeunes dans les domaines de l’éducation, la protection de l’enfance, les soins de santé, l’eau, l’hygiène et l’assainissement et la protection sociale.
«L’une des attributions du ministère des Affaires sociales est de garantir le relèvement social des groupes vulnérables et des personnes nécessiteuses ainsi que leur accès aux services sociaux de base. En RDC, les jeunes filles doivent bénéficier d’une protection adéquate afin qu’elles jouissent pleinement de leurs droits», a précisé Modeste Mutinga Mutuishayi, ministre des Affaires sociales.
Les ambassadeurs nationaux de l’UNICEF, Lokua Kanza, Céline Banza et Didi-Stone sont présents à ce grand rassemblement pour porter haut la voix et les aspirations des jeunes filles congolaises.
Les adolescentes sont des acteurs clés dans le développement d’une société. En RDC, les filles âgées de 10 à 24 ans représentent 16% de la population et la moitié de la population des jeunes. Cependant, elles font face à de plus grands défis dans la vie et se voient souvent attribuer un rôle marginalisé dans la société.
Selon la quatrième édition de l’Enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS 2018-2019), 29% des filles en RDC sont mariées ou en union avant l’âge de 18 ans, ce qui représente plus de 7 millions de filles. Parmi elles, 42% n’ont jamais reçu d’éducation et 46% n’ont fréquenté que l’école primaire. Une adolescente sur quatre a donné naissance à un enfant avant l’âge de 18 ans, ce qui représente l’un des pourcentages les plus élevés au monde. Aussi, au moins 10% des adolescentes ont subi des violences sexuelles. 56% des filles de 15 à 17 ans et 65% des filles de 18 à 19 ans ont été victimes de violences domestiques, une indication claire de la banalisation des violences basées sur le genre en République Démocratique du Congo.

Veron Kongo