Gilbert Kabanda : «il n’y a pas de puissance sans armée»

Le ministre Patrick Muyaya de la Communication (à gauche) et son collègue Gilbert Kabanda de la Défense Nationale et Anciens Combattants

Désormais, la RDC a une politique de défense formellement définie. Après la levée, par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, du régime de notification sur l’achat d’armes dont était victime la RDC, l’Etat congolais vient de mettre en place sa politique de défense. Ceci pour la construction d’une armée moderne et dissuasive. Patrick Muyaya, ministre de la Communication et Médias, et son collègue de la Défense nationale et anciens Combattants, Gilbert Kabanda Kurhenga, étaient devant la presse pour présenter le document de Politique de Défense de la RDC. De 1960 à ce jour, la République Démocratique du Congo ne s’est pas dotée d’une défense à la hauteur à la fois de son statut naturel de puissance régionale et africaine et de sa vulnérabilité qui en est le corolaire. Désormais, la RDC va se doter d’une armée forte pour la dissuasion des prédateurs de ses richesses.
Le ministre de la Défense Nationale et Anciens Combat tants, Gilbert Kabanda Karhenga, et le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, ont procédé, le mardi 27 décembre 2022, à la présentation officielle du Document de Politique de Défense de la République démocratique du Congo.
Ce document établit les piliers majeurs sur lesquels sera défini et bâti le tronc organisationnel et fonctionnel de l’armée. Les lois et textes réglementaires actuels de la Défense et des Forces Armées de la République Démocratique du Congo devront être revus en conséquence. Les passerelles entre la défense militaire et la défense civile (services de sécurité interne et externe) devront être clairement définies en vue d’une défense globale performante.
Prenant la parole en premier, Gilbert Kabanda a d’abord fait un aperçu historique de l’évolution de l’armée congolaise de 1885 à nos jours, et dont la politique de défense n’a pas été définie depuis l’accession de la RDC à son indépendance en 1960, même si il y a eu des actions collectives.
Rendant hommage au Chef de l’État, le Premier Ministre et tout son gouvernement qui ont permis la création de ce document, le ministre de la Défense Nationale et Anciens Combattants a, dans la foulée, a dévoilé les objectifs de cette politique qui se fondent sur six piliers. Dissuasions externe et interne, sécurisation de sites miniers et installations stratégiques, option logistique et administrative dont l’instauration d’un curriculum scolaire de l’école des cadets, la production des biens et services par l’industrie de défense, le Service militaire obligatoire pour les finalistes d’écoles secondaires… Gilbert Kabanda a vanté les mérites d’un document qui vient répondre à la préoccupation de la défense congolaise.
Il a par ailleurs plaidé pour des efforts sur le plan éthique. «Sur le plan éthique, il y a des efforts à faire (…) Nous devons faire en sorte que la moralisation de notre armée soit une des priorités majeures de notre politique de défense », a-t-il souligné.
Il a ajouté : « La défense militaire sera insuffisante si elle n’est pas suffisamment articulée avec la défense civile ».
Prenant la parole à son tour, le ministre de la Communication et Médias a corroboré les propos de son collègue de la défense Nationale démontrant le bien-fondé de ce document de politique de défense de la RDC.
Patrick Muyaya s’est réjoui de l’engagement du gouvernement sur la question sécuritaire pour la construction de la défense du pays.
«On n’a jamais été dans un schéma positif pour la relance de notre armée (…) La montée en puissance de notre armée est un point sur lequel nous travaillons », a déclaré le porte-parole du gouvernement.
Patrick Muyaya a en outre plaidé pour que les objectifs coulés dans ce document soient compris par toute la population.
«L’un des objectifs de la publication de ce document, c’est aussi d’attirer l’attention des Congolais sur le bien fondé de cette politique de défense», a tenu à précisé Patrick Muyaya.
L’autre objectif est d’améliorer qualitativement le rapport entre les hommes en uniforme et la population, a-t-il conclu.
L’histoire se répète en République Démocratique du Congo. Aussitôt après l’indépendance, la RDC a fait face à plusieurs guerres. Elle a connu plusieurs sécessions et rébellions. A chaque fois, elle recourait à des forces étrangères. A l’exemple des sécessions katangaises et la rébellion de Mulele, la jeune armée, commandée par des jeunes officiers, ne pouvant pas faire face, le pays a fait appel à la force onusienne. Aux autres guerres, elle a fait appel aux forces françaises, autrefois aux forces régionales de la SADEC, angolaise, ougandaise et récemment, à la force de l’EAC, dont la présence des militaires kenyans actuellement déployés dans l’Est du pays. Quoi de plus normal pour la RDC de reconstruire son système de défense.
Généralement connu comme l’ensemble des grandes options et principes politiques, stratégiques et militaires en vue d’assurer la sécurité et la défense d’un pays, la politique de défense de la République Démocratique du Congo qui n’a pas été formellement définie depuis son accession à l’indépendance en 1960, elle permet à la RDC de se doter d’une armée forte, dissuasive pour la protection de ses frontières, de sa population et de ses richesses.

Tighana MASIALA