Grèves et marches

A peine clos les travaux de la Table-ronde sur la paix et le vivre ensemble au chef-lieu du Haut-Katanga, Kinshasa est en passe d’entrer en ébullition. Le front socio-politique, plus qu’agacé, n’entend pas laisser de répit à un gouvernement passé maître dans la non-tenue de ses engagements.
Pendant que la société civile campée par les organisations catholique et protestante (Calcc et Milapro) auxquels elles viendraient se joindre les oppositions de Lamuka et du Fcc projettent des marches pacifiques aux fins d’obtenir du gouvernement et des parlementaires des pourparlers «hors les institutions» sur la réforme de la loi électorale, voilà que les enseignants annoncent une grève illimitée à compter de ce lundi 2 mai 2022.
Les syndicats des enseignants du secteur reprochent au gouvernement Lukonde d’être passé outre sa promesse portant sur une augmentation des 30% des salaires des enseignants à compter de fin avril 2022. Quant à la régularisation de quelques milliers d’enseignants – les fameuses nouvelles unités – elle semble renvoyée aux calendes grecques. Si, par moments, le gouvernement ne rechigne pas à réunir médecins, enseignants et autres professions publiques émargeant au Budget de l’Etat, quitte à évoquer par la suite une sécheresse des finances publiques ou les contraintes liées aux exigences du FMI pour justifier ses rétropédalages, il n’en est pas de même des forces politiques d’opposition.
Ces dernières ont beau exiger à être associées à des pourparlers tendant à une réforme consensuelle de la loi électorale, le pouvoir fait la sourde oreille, préférant organiser à Nairobi des rencontres avec des groupes armés dont la plupart sont constitués de bandits de grand chemin et de coupeurs de route. A la veille de rentrer de plain-pied dans l’année électorale, tout semble indiquer que le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi cherche à gagner du temps afin de permettre à l’équipe de la CENI menée par le controversé Denis Kadima de peaufiner des stratégies destinées à engager le futur corps électoral dans un processus aux scrutins biaisés.
Les faucons autour du chef de l’Etat s’accommodant des violences préélectorales dont les militants de l’Ecidé de Martin Fayulu font les frais de la part d’une police apparemment aux ordres. Bref, les cycles électoraux se suivent et se ressemblent en RDC, où les violences sont l’exception et le «glissement» du calendrier électoral… la règle.

Econews