Hausse des réserves de change : comment capitaliser cette opportunité internationale ?

Malangu Kabedi Mbuyi, Gouverneure de la BCC

La République Démocratique du Congo vient de bénéficier d’une importance manne financière du Fonds monétaire international (FMI). C’est une aubaine pour une économie congolaise qui cherche à se relever du Covid-19. Plus de trois mois d’importations en réserves, c’est la norme que la RDC a finalement atteint après la dernière qui remonte à 1973, à la belle époque du boom de cuivre. Comme l’a recommandé Mme la gouverneure de la Banque centrale du Congo, le plus grand défi est d’assainir la gestion économique et financière du pays pour que cet important apport du FMI ne s’émousse dans des actions laxistes. La RDC a une belle opportunité internationale pour la relance de son économie post-Covid.

Un éclaircissement s’impose sur les réserves internationales, après le record de 3,3 milliards USD battu par la République Démocratique du Congo (RDC).

En effet, le niveau élevé des réserves internationales se mesure à l’aune du ratio réserves internationales sur les importations des biens et services, non compris les services facteurs. Ce ratio mesure le niveau d’autonomie de réserves, le temps pendant lequel le pays, s’il est dans une situation de crise grave, de guerre généralisée ou de pandémie empêchant le fonctionnement normal de l’économie peut tenir.

Pour ce qui est de la RDC, le niveau élevé d’autonomie en termes de couverture d’importations en mois d’importations supérieur à la norme admise internationalement de trois (3) mois au minimum a été réalisé au cours des années suivantes :

– 1968 : 4,29 mois                                

– 1969 : 3,59 mois

– 1970 : 4,09 mois

– 1973 : 3,44 mois                                                          

Au sens strict, les réserves internationales sont des moyens d’intervention immédiatement utilisables sur le marché des changes. Ils constituent en effet une liquidité par excellence ne nécessitant pas des délais liés par exemple en une conversion préalable. Or, les allocations DTS en tant que monnaie en compte pour être convertibles et considérés comme liquidité par excellence requièrent l’autorisation préalable du FMI.

Ainsi, au sens strict, les réserves internationales de la RDC s’élèvent actuellement à 1,72 milliards USD. Au sens large, elles se chiffrent à 3,3 milliards USD.

Les DTS ont été créés par le FMI en 1969 pour compléter les réserves internationales. À ce jour, un total d’environ 943 milliards USD a été alloué aux pays membres dont 646,5 milliards USD accordés le 2 août dernier. C’est cette allocation générale qui a permis à tous les pays membres, notamment la RDC, à bénéficier de nouveaux contingents USD.

Pour la RDC, l’allocation, calculée au prorata de l’importance de sa quote-part dans le total, a été de 1,5 milliards USD. Moyennant la recevabilité de la conversion progressive d’une partie de cette allocation en moyen d’intervention immédiate, cette allocation représente une capacité accrue de résilience à des chocs transitoires exogènes.

Dans ce cas, elle représente une source de financement de déficit de la balance des paiements. Elle permet de la sorte de renforcer la stabilisation macro-économique à terme, de réduire les attaques spéculatives et de favoriser l’émergence des facteurs déterminants la croissance, notamment les entrées de capitaux à moyen et long terme.

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