Ituri : vingt-six jours de détention de Thomas Lubanga et sa délégation par la milice CODECO

C’est depuis le 16 février 2022 que huit négociateurs missionnés par le Président de la République, Félix Tshisekedi, pour négocier un cessez-le-feu avec des groupes armés ont été faits prisonniers par les miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco), dans la province de l’Ituri. Presque un mois après, en dehors d’une photo publiée sur les réseaux sociaux montrant Thomas Lubanga et Germain Katanga visiblement en bonne santé, aucune autre nouvelle des huit émissaires de Kinshasa, toujours détenus dans la forêt. Des négociations ont été entamées par les autorités pour leur libération. A la dernière nouvelle, les huit envoyés du président Félix Tshisekedi sont toujours aux mains des miliciens.

Le commissaire divisionnaire Benjamin Alonga Boni, vice-gouverneur policier de la province de l’Ituri, a demandé, samedi dernier, aux miliciens de la CODECO de relâcher les membres de la task force qu’ils ont pris en otage le 16 février 2022 lors d’une rencontre de sensibilisation à Bambou, entité se trouvant dans le territoire de Djugu en Ituri.

Cet appel est intervenu le samedi 12 mars 2022, au cours d’un culte œcuménique organisée à l’espace vert Epo-ville à Bunia, en mémoire des victimes de massacres odieux des groupes armés dans la province de l’Ituri.

Tout en qualifiant cet acte de «gaspillage du temps», le commissaire divisionnaire Benjamin Alongaboni a affirmé que les ravisseurs n’auront jamais gain de cause pour avoir posé un tel acte et seront jugés tôt ou tard.

«Aux tueurs, aux ravisseurs, je le dit souvent qu’ils n’auront jamais gain de cause pour avoir posé ces actes. Vous tuez des femmes, des enfants… Personne ne sait se rendre au champ à cause de vous; mais un jour, vous rendrez compte de ce que vous faites et vous serez jugés », a-t-il indiqué dans son speech prononcé à l’occasion de cette cérémonie.

Le ministre des affaires humanitaires, Modeste Mutinga Mutushayi, qui a pris part à ce culte a salué ce message et la bravoure des autorités locales.

Tout en réaffirmant la détermination du gouvernement central à rétablir la paix et la sécurité dans cette province qui est encore sous menace de plusieurs groupes armés, il a appelé la population locale à la tolérance, à la résistance patriotique, au vivre ensemble et à prier sans cesse pour le développement et la pacification de la province de l’Ituri.

Il sied de rappeler que ce culte œcuménique a connu aussi la participation de sept députés nationaux des territoires de Djugu et Irumu venus accompagner le ministre des Affaires humanitaires pour la distribution d’une assistance du gouvernement central au déplacés des deux territoires.

En dépit des messages lancés par les autorités, les miliciens de la CODECO continuent à perpétrer des attaques contre des paisibles citoyens. Pas plus tard qu’il y a six jours, au moins dix-huit personnes ont été tuées dans une attaque «sanguinaire» perpétrée par des miliciens de ce même groupe armé contre la localité de Kilo, dans le territoire de Djugu.

Ils ont, par la même occasion, incendié un «véhicule qui était sur place avant que l’armée n’intervienne pour les repousser. C’est un carnage qu’ils ont commis», a affirmé Toko Jean-Robert, président de la société civile locale.

La milice ayant posé des conditions pour la libération des otages, notamment la suspension du gouverneur militaire, l’arrêt des opérations et l’amnistie pour les miliciens pour la libération des otages, Kinshasa ne semble pas céder sa demande. Il faudra encore attendre pour voir l’aboutissement des négociations.

Tighana M.