Le vice-Premier ministre, ministre de la Fonction publique, Modernisation de l’administration et Innovation de service public, Jean-Pierre Lihau, s’est fixé de grandes ambitions. Il s’est aussi déterminé à gagner le pari. Face à une fonction publique qui peine à décoller, le VPM se veut rassurant. « Je sais que les choses sont difficiles parce que nous n’osons pas. Le temps de l’audace est arrivé pour faire bouger les lignes. Là où il y a la volonté, tout est possible. Il y a un effort qui est fait. Que les fonctionnaires de l’Etat nous fassent confiance », a-t-il déclaré mardi au briefing sur les réformes de l’administration publique. Il se fixe un cap : «Le défi est de donner à la République Démocratique du Congo une administration à hauteur de sa grandeur».
En République Démocratique du Congo, c’est depuis des années qu’on parle réforme de l’administration publique. Mais, sur le terrain, les résultats peinent à se concrétiser. Avec l’avènement du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le VPM en charge de la Fonction publique, Jean-Pierre Lihau, veut faire différemment les choses.
Si ses prédécesseurs se sont limités aux intentions sans passer au concret, Jean-Pierre Lihau promet d’appuyer sur l’accélérateur pour doter la République Démocratique du Congo d’une administration qui reflète réellement sa grandeur.
Mardi, devant la presse conviée au briefing sur les réformes engagées dans le sens de la modernisation de l’administration et de l’innovation, Jean-Pierre Lihau a donné la preuve d’un ministre qui maîtrise déjà son secteur. Cinq mois après sa nomination, il s’est imprégné des maux qui rongent l’administration publique, tout en identifiant la thérapie appropriée.
Selon lui, la réforme de la fonction publique reste une priorité pour le Gouvernement. L’ambition est de parvenir à doter la RDC d’une «administration proche du public, améliorer le service public et disposer d’une machine administrative à la grandeur du pays ».
Comment y parvenir ? Le VPM croit en la détermination aussi bien du Président de la République qui dicte la vision que du Premier ministre qui accompagne le processus. «Ce qui tue notre administration, c’est l’irresponsabilité. Il faut faire bouger les lignes et nous y travaillons», note-t-il.
Si la maîtrise des effectifs des agents et fonctionnaires de l’Etat est entouré depuis toujours d’un mystère, Jean-Pierre Lihau promet de faire toute la lumière autour de cette question par la mise en place d’un Fichier de référence de l’administration publique (FRAP). A terme, rappelle-t-il, c’est gagner le pari de la fiabilisation de l’administration publique.
D’ores et déjà, il promet que le Gouvernement travaille sur un nouvel organigramme de l’administration publique pour non seulement l’amélioration de la productivité de l’agent public, mais aussi la maîtrise de la masse salariale.
Une ambition que partage Patrick Muyaya, porte-parole du Gouvernement. «Nous avons un programme ambitieux pour faire de notre fonction publique une administration moderne (…) Vous pouvez nous reprocher sur certaines choses, mais rassurez-vous : il y a une volonté de changer. Vous avez en face de vous un Gouvernement déterminé. On ne va pas régler tous les problèmes, mais l’hémorragie sera arrêtée », a-t-il réaffirmé.
Les six axes de la réforme
De l’avis du VPM Lihau, la réforme de la fonction publique est principalement conçue sur six axes.
Avec des estimations actualisées qui donnent un effectif d’environ 1.450.000 agents et fonctionnaires de l’Etat, le premier axe porte sur la maîtrise des effectifs, avec un plan opérationnel qui inclut aussi bien le départ en retraite que l’assainissement du fichier de l’administration publique en élaguant les fictifs, les doublons et les cumulards.
Le deuxième axe fixe le rajeunissement de l’administration publique par le recrutement sur une base équitable et transparente de nouvelles unités en privilégiant la compétence. «Il faut donc débloquer une machine bloquée depuis 40 ans. Il faut enclencher le processus avant la fin de cette année et donner aux agents éligibles à la retraite leurs indemnités de fin de carrière», rappelle, à ce propos, Jean-Pierre Lihau.
Le troisième axe prend en compte la modernisation de l’administration publique. De l’avis du VPM Lihau, cette modernisation concerne avant tout la révision du cadre juridique et du statut des agents de carrière de l’Etat. Selon lui, il s’agit de corriger un vide juridique qui persiste depuis une quarantaine d’années.
La numérisation fait partie du quatrième axe par la dématérialisation de l’administration publique. « Il doit donc être opérer une mutation vers la numérisation », note Lihau.
La modernisation de l’environnement du travail est prise en compte dans le cinquième axe. Selon le VPM Lihau, tout devrait commencer par la rénovation du bâtiment de la fonction publique. Enfin, le sixième axe se penche sur l’épineuse question de l’amélioration des conditions salariales de l’agent de l’Etat.
Sur ce point précis, le VPM Lihau promet de mécaniser et de résoudre le problème des fonctionnaires non payés avec le phénomène NU (nouvelles unités), en privilégiant un dialogue constructif avec le banc syndical.
Faustin K.