João Lourenço en sapeur-pompier : Tshisekedi contre Kagame, la diplomatie ou la guerre !

Félix Tshisekedi à Luanda, aux côtés du président rwandais Paul Kagame, an en doutait. Des Mouvements citoyens se sont joins à la dynamique interne pour pousser le Chef de I ‘Etat congolais à ne pas faire le déplacement de la capitale angolaise. Aux dernières nouvelles, on apprend que c’est mardi dans la soirée que le Président de la République est arrive’ à Luanda, en prélude de la rencontre sous pression prévue ce mercredi avec le président Paul Kagame. Entre les deux chefs d’Etat dont l’animosité n’est plus à démontrer.

C’est l’Angolais João Lourenço qui se chargera de jouer la force-tampon. Qu’adviendra après le face-à-face de Luanda, au moment où les « terroristes ›› du M23, armés et soutenus par Kigali ; occupent depuis presqu’un mois la cité de Bunagana, dans la province du Nord-Kivu ? Difficile à dire. On sait néanmoins qu’à Luanda, Tshisekedi est parti avec un message clair : la solution par la voie diplomatique ou la guerre. La balle est dans le camp de Kagame.

Le Président Félix Tshisekedi est arrivé, mardi soir à Luanda, invité à un mini-sommet auquel sera convié le président rwvandais Paul Kagame. Entre les deux présidents de la République en conflit ouvert, il y aura l’Angolais João Lourenço qui se chargera de faire la médiation pour ramener le calme dans les deux camps.

A la Présidence de la République, on considère cette rencontre de Luanda comme une dernière chance accordée pour un atterrissage en douceur du brasier allumé par Kigali dans la partie Est de la RDC.

« La situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo sera au centre du mini-sommet tripartite con vogue ce mercredi 6 juillet 2022 à Luanda en Angola. Initiée par le président angolais, João Lourenco, cette réunion mettra en face le Président Félix Tshisekedi et son homologue du Rwanda. C’est pour participer á cette rencontre voulue +de vérité+ que le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo est arrivé ce mardi en fin de journée à Luanda en Angola », s’est limité à dire la Présidence de la République.

RENC0NTRE DE LA DERNIERE CHANCE

C’est une rencontre de dernière chance à Luanda entre les présidents congolais Félix-Antoine Tshisekedi et rwandais Paul Kagame. La désescalade est l’unique issue qui convient pour cette rencontre sous la médiation du président angolais João Lourenço. En effet, les deux présidents de la République sont décidés à en finir d’une manière définitive.

« Ou ça sera la paix totale ou la guerre totale » , rapporte-t-on dans les couloirs de la cité de l’Union africaine.

Pendant que les négociations étaient annoncées, sur le terrain, les pions de Kagame le M23 se sont mis à revendiquer des prises réelles ou virtuelles des localités.

Dans un communiqué, ce mouvement terroriste l’a revendiquée. En réalité, il s’agit d’une manière publique de confirmer qu’ils n’avaient aucun respect à l’égard des chefs d’Etat qui avaient décidé d’un cessez-le-feu à Nairobi.

« L’heure est venue de placer également le Rwanda devant ses responsabilités et qu’il se transforme en bon voisin vivable de gré ou de force », tranche le professeur Alphonse Ntumba Luaba.

Cet éminent scientifique a, à plusieurs reprises, piloté des négociations avec les groupes armés. Ntumba Luaba est de ceux qui connaissent la fourberie des voisins de la RDC. Il connaît les intentions cachées des uns et des autres face au pays de Mzee Kabila. Le régime FPR a toujours pensé qu’une partie de la République Démocratique du Congo lui revient historiquement. En même temps, il estime que s’il ne peut annexer maintenant cette partie du pays, il faut que cette zone passe sous son influence directe.

A Luanda, le président Tshisekedi qui a finalement bien cemé les enjeux en présence dans la région, ne va pas à Canossa.

Bien au contraire, c’est lui qui détient les meilleures cartes pour négocier. Seulement, Tshisekedi qui connaît le joueur et son jeu, ne se montrera pas naïf. Bien au contraire, il lui sera possible d’imposer le tempo. Aujourd’hui mieux qu’hier la RDC est bien positionnée pour faire savoir au Rwanda que la faiblesse militaire apparente actuelle est un chapitre du passé.

Les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) sont aujourd’hui capables de marcher jusqu’à Kigali. Kagame est convaincu que la même année avec les mêmes officiers se comporteront de la même manière. Une grave erreur d’appréciation dans la mesure où, désormais, on est face à une armée qui ne doute pas de la disponibilité de son commandant suprême.

L’intoxication réelle ou supposée de l’époque de Joseph Kabila n’existant plus, l’armée congolaise va surprendre le maitre de Kigali. Sa maladroite tentative d’ethniciser le conflit pour légitimer l’agression ne trouve pas d’écho. Les communautés congolaises tutsi et hutu ont compris que la manipulation ne peut plus servir à les indexer face aux autres communautés du pays.

POURQUOI FAIRE ?

Une chose st sûre : ce mercredi à Luanda, le Président Félix Tshisekedi rencontre son homologue rwandais Paul Kagamé. D’ores et déjà, l’on est en droit de prédire que le président angolais aura fort à faire.

L’Angolais João Lourenço devra mobiliser toute ses ressources de négociateur pour tempérer l’ambiance dans un face-à-face que l’on prévoit houleux.

Les tirs croisés entre Kinshasa et Kigali de ces dernières semaines ne sont pas de nature à favoriser une négociation apaisée. Quand Kagamé accuse Tshisekedi de fuir ses responsabilités, en fermant les yeux sur la collaboration entre les FARDC et les rebelles rwandais du FDLR, ce dernier annonce avec force avoir obtenu que des militaires rwandais, soutiens avérés du M23, ne fassent pas parue de la future force de la communauté est-africaine, Kagame rétorque qu’il ne supplie personne en vue de l’intégration de la Rwanda Defence Foroe (RDF).

Rencontre explosive qui, du reste, n’emporte pas l’approbation de l’opinion congolaise excédée par cette énième rencontre entre Tshisekedi et celui qu’il traitait naguère de « frère et ami ».

Et c’est peu dire, au moment où l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23 occupent depuis deux semaines la cité frontalière de Bunagana et rayonnent dans la région, et que le Conclave de Nairobi qui aurait dû déboucher sur le désarmement d’une dizaine de groups amés piétine.

La négociation de Luanda ne pouvait tomber à un plus mauvais moment, à l’heure où le gouvernement congolais n’a pas encore digéré la prorogation par le Conseil de sécurité des Nations Unies de l’embargo sur les armes à destination de l’armée congolaise. En dépit de la multiplication des appels bruyants pour un soutien aux FARDC et leur commandant en chef, des marches et séances de prière, la situation militaire reste figée.

La communication sur le conflit, devenue sporadique, vient ajouter à l’agacement ambiant et pousse à douter des conclusions de la rencontre de Luanda où le président rwandais peut bomber le torse et se présenter en position de force, même si Kinshasa ne manque pas d’arguments.

Alors, Tshisekedi va-t-il à Luanda en position semblable à celle d’Henri IV, l’empereur germanique qui est entré dans l’histoire pour être allé, en 1077 à Canossa implorer le pardon du pape Grégoire VII qu’il avait fait déposer parle concile de Worms ? L’histoire le dira.

Econews