Le dossier du « procès des 100 jours » revient en cassation. Vital Kamerhe, ex-directeur de cabinet du Président, ne sera pas présent à Kinshasa pour ce procès en cassation.
Le dossier du procès, dit « de 100 jours », est de retour en République Démocratique du Congo. L’audience en cassation est annoncée pour le lundi 11 avril prochain. Ce procès, qui portait sur un détournement de fonds publics de 50 millions de dollars US, avait précipité la chute de Vital Kamerhe, alors directeur de cabinet du président Tshisekedi. L’homme avait été condamné en juin 2020 à 20 ans de prison avant de voir cette peine ramenée à 13 ans en appel.
Tshisekedi et Kamerhe formaient jusque-là un binôme d’apparence très uni. En novembre 2018, quelques jours après avoir désigné, avec les autres ténors de l’opposition congolaise (Bemba, Katumbi, Matungulu), Martin Fayulu comme candidat unique face au favori de Joseph Kabila, pour la présidentielle de décembre 2018, ils avaient repris leur signature et fondé leur plateforme politique (Cap sur le changement – Cach) pour défendre la candidature de Félix Tshisekedi.
Désigné vainqueur du scrutin par une Commission électorale nationale indépendante qui n’a jamais publié le moindre procès-verbal, Tshisekedi avait nommé Kamerhe comme directeur de cabinet.
Le contrat entre les deux hommes prévoyait que Tshisekedi accomplisse un mandat avant de défendre la candidature de Kamerhe à la présidentielle de 2023.
Finalement, il n’en sera rien. Kamerhe, toujours officiellement « détenu à la prison centrale de Makala et circonstanciellement admis aux soins d’urgence au centre hospitalier de Nganda », selon les termes de la convocation, vit en exil à Paris depuis le mois de janvier dernier.
Son arrestation et sa condamnation avaient été présentées comme le symbole de la lutte contre la corruption voulue par Tshisekedi. Aujourd’hui, alors que pas un franc des montants détournés n’est rentré dans les caisses de l’État, l’épilogue de ce procès pourrait apparaître comme un échec du pouvoir dans ce combat contre la corruption qu’il a érigé en cheval de bataille d’un mandat sans réelle réussite.
Quel rôle pour Kamerhe
Blanchi, Vital Kamerhe pourrait retrouver un rôle sur l’échiquier politique de la RDC.
Deux questions se posent alors. A-t-il l’envie de replonger dans le grand bain politico-médiatique ? Pas certain, ces mois à la prison de Makala, sa retraite forcée dans un hôpital de Kinshasa, l’ont marqué, selon plusieurs témoins qui l’ont rencontré ces derniers mois.
L’autre question est de savoir s’il aura le choix. Y a-t-il une forme de négociation autour de ce verdict de la cour de cassation ? Pour plusieurs acteurs politiques congolais, il ne fait guère de doute que la levée des condamnations de Kamerhe s’assortit d’une forme de contrat avec la présidence congolaise qui voit se dessiner la campagne de la présidentielle avec de grandes appréhensions, un manque évident de bilan et une absence de communicateurs capables de chauffer une foule. « Kamerhe a démontré son savoir-politique. En 2006, c’est lui qui a mené à bout de bras la campagne présidentielle de Joseph Kabila », explique un ex-membre du PPRD qui a longtemps fréquenté le patron de l’UNC.
Avec La Libre Belgique/Afrique