Kinshasa manquerait-il 30 millions pour se lancer dans la fabrication des batteries électriques ?

Pour importer des chinchards, communément appelés «Thomson», juste pour les fêtes de fin d’année, Kinshasa a dû dépenser des millions de dollars américains pour satisfaire une demande saisonnière et, peut-être, contrer les importateurs des surgelés qui continuent à résister à la baisse des prix de ces poissons.

Des millions de dollars américains sont donc sortis des caisses de l’Etat pour soulager le panier de la ménagère. Un geste qui ne limite qu’aux festivités de fin d’année. Evidemment, on aurait bien souhaité que cet acte s’inscrive dans la durée par le développement d’une industrie locale de la pêche. Mais, le Gouvernement a fait le choix de dépenser des millions de dollars américains pour des importations ponctuelles, depuis la Namibie. Une légende chinoise rappelle : « si vous me donnez un poisson, je mangerai, mais si vous m’apprenez à pêcher, je n’aurais plus faim ». A Kinshasa, on a fait le choix de la spontanéité pour soulager une population affamée. C’est de donne guerre !

En effet, Kinshasa vient de boucler deux jours de discussions dans le cadre de «DRC Africa Business Forum». L’annonce la plus importante de ce forum a été cette ferme volonté du Gouvernement congolais à développer une chaîne de valeur régionale de fabrication des batteries électriques. A ce titre, fort de ses immenses ressources en principales composantes des batteries électriques, essentiellement le cobalt et le lithium, Kinshasa a lancé un appel à tous les pays africains à s’associer à lui pour la construction dans le Grand Katanga d’une usine-pilote de fabrication des batteries électriques.

Selon les estimations réalisées par le cabinet américain Bloomberg, la construction tournera autour de 39 millions USD.

L’heure du choix

Alors question : pourquoi Kinshasa ne devait-il pas se lancer sur cette voie, en lieu et place d’attendre que d’autres pays africains le rejoignent dans ce projet. Parce que, si le Gouvernement a pu dépenser plus de 20 millions USD dans l’importation des chinchards, l’on ne voit pas pourquoi il se retrouverait dans l’incapacité de débloquer plus de 30 millions USD pour la construction d’une usine de fabrication des batteries électriques. Et en cette matière, ce n’est pas l’expertise qui fait défaut. Car, à l’étranger, il y a des Congolais, qui ont fait de grandes études d’ingénierie, qui n’attendent que cette occasion pour appuyer le Gouvernement congolais.

Se positionner en leader mondial de fabrication des batteries électrique n’est donc pas un rêve creux. L’ambition n’est pas non plus démesurée, mais c’est juste un problème de volonté politique, clairement affirmée par le Président Félix Tshisekedi. Et la volonté y est. Le Chef de l’Eta le prouve à suffisance.

Deux décennies de bradage de minerais, les Congolais en ont marre de se faire vanter les richesses dont ils ne sont pas bénéficiaires.

Après DRC Africa Business Forum, le président Félix Tshisekedi veut entrer dans l’histoire de la révolution énergétique. Il est déterminé à passer à l’action. Si pour l’achat de produits surgelés en Afrique australe, le pays a pu débloquer plus de 20 millions de dollars US, comment se retrouverait-il dans l’incapacité de mettre sur la table plus de 30 millions USD pour la construction d’une usine de fabrication des batteries électriques ?

Ce pays, à fort valeur ajoutée, a l’avantage de permettre à la RDC de se positionner comme la meilleure destination pour tous les acheteurs de batteries électriques. Avec des unités de production locale des batteries, la RDC peutespérer capter une partie des «8.000 milliards de dollars US » de revenus issus de la vente de véhicules électriques à l’échelle mondiale. Ce qui devait sensiblement élargir la marge budgétaire de mobilisation des recettes internes.

Il y a donc un choix à faire – judicieux d’ailleurs. Si Kinshasa est parvenu à engager plus de 20 millions USD pour importer les chinchards de la Namibie, on ne voit pas comment il se retrouverait dans l’incapacité de mettre sur la table plus de 30 millions USD pour s’inviter dans le cercle fermé des producteurs mondiaux des batteries électriques.

Après « DRC Africa Business Forum », Kinshasa n’a pas intérêt à attendre que toute l’Afrique adhère à son projet. C’est le moment de prendre le leader dans la fabrication des batteries électriques. De grands ingénieurs congolais disséminés à travers n’attendent que cette occasion pour affluer en RDC.

Francis M.