La bataille du lithium

Du Canada au Chili, en passant par la France, l’Allemagne, la Russie et même la Namibie, la course aux «terres rares» est engagée dans une effervescence sans pareille dans l’histoire de l’exploitation des ressources minières.
On connaissait la colombo-tantalite (coltan) et la cassitérite, indispensables dans l’électronique militaire et civile. Ces minerai, nerf d’une guerre permanente en RDC, est la source de tout le malheur du peuple congolais qui paie le prix du sang dans leur exploitation par des multinationales anglo-saxonnes dans ses provinces orientales.
Parmi les minerais les plus prisés désormais figure le lithium, ce matériau essentiel des composants dans la fabrication des batteries électriques.
Fer de lance dans les projets de réduction de gaz à effet de serre, le lithium est à son tour au centre de toutes les convoitises. Et l’interdiction des moteurs thermiques en Europe à l’horizon 2035 est venue emballer les cours de ce minerai qui atteint des sommets inégalés dans l’histoire.
Pendant que des méga-usines de production des batteries électriques sortent de terre en Chine, en Allemagne et en Namibie; que l’exploitation du minerai prend de l’essor, portée par des technologies innovantes, les riches gisements de lithium de la province du Nord-Katanga sont au centre de luttes internes où des communautés ethno-tribales manipulées s’entredé-chirent pour l’emplacement des futures usines, tandis que des investisseurs de bonne foi sont soumis à l’exercice éprouvant de la corruption et des rétro-commissions au plus haut niveau.
Du ministère du Portefeuille à la présidence de la République, en passant par les administrations provinciales, c’est à qui tirerait profit dans un jeu de ping-pong machiavélique qui décourage plus d’un investisseur. Pour des raisons électoralistes, des projets d’implantation d’usines de lithium – dont on sait qu’elles sont hautement éner-givores – dans des contrées dépourvues de sources d’énergie, ou des milieux difficilement accessibles finissent par éroder le peu de confiance que les multinationales minières gardaient encore vis-à-vis d’un Etat au sous-sol d’une richesse prodigieuse. Malheureusement, les dirigeants congolais ne semblent pas avoir encore compris que leurs tergiversations bassement intéressées alimentent des «rébellions» dans des régions où les multinationales se servent à moindre coût certes, mais au prix de milliers de vies innocentes.

Econews