Les parlementaires reprennent ce jeudi le chemin du Palais du Peuple pour l’ouverture de la session de septembre après trois mois de vacances. Un non-événement en soi, en temps normal. Sauf que cette fois, la rentrée intervient dans une atmosphère de nette cassure entre les députés et le peuple qu’ils sont censés représenter.
Si les regards de tout le pays seront tournés vers l’hémicycle, ce ne sera certainement pas pour manifester un intérêt subit aux travaux parlementaires, mais plutôt pour revoir en live ces députés parmi les…
mieux payés au monde, et ausculter à distance l’état d’esprit qui règnera dans ce foyer de corruption par excellence, de l’avis des pourfendeurs d’un Sénat et d’une Assemblée nationale blessés à mort par les flèches empoisonnées décochées par Martin Fayulu.
Sans doute l’opposant-président de l’Engagement citoyen pour le développement (ECIDé) n’avait pas mesuré l’ampleur de sa révélation sur la rémunération des députés nationaux. En balançant à la face du monde le chiffre faramineux des 21.000 dollars US des émoluments mensuels du député national congolais, il a provoqué un séisme ou mieux, un tsunami dont lui-même n’aurait pas imaginé les dégâts causés par son onde de choc dévastatrice.
L’immense clameur soulevée dans l’opinion par la bombe Fayulu aura des répercussions durables. Et les protestations maladroites des députés eux-mêmes, étalant sur les réseaux sociaux des chiffres contradictoires, ont fini par consacrer le divorce entre les parlementaires et leurs électeurs.
A 15 mois des échéances électorales, l’affaire ne pouvait pas plus mal tomber. L’image de l’Assemblée nationale, écornée par les accusations d’une corruption rampante ou des pratiques d’une kleptomanie institutionnalisée, aura du mal à s’en remettre. Ni les talents des thaumaturges autoproclamés, encore moins le mea culpa intéressé des députés au profil bas ne parviendront à rétablir la confiance perdue.
Bien entendu, tous les parlementaires ne méritent pas la guillotine populaire. Il existe encore au palais du peuple des îlots d’intégrité où gravitent une poignée de députés et sénateurs dont l’opinion attend les prises de position du haut de la tribune. Si, naturellement, leurs speakers respectifs leur en laissent l’occasion. Ce qui n’est guère acquit d’avance.
Econews