«L’immigration irrégulière est un défi européen qui a besoin d’une réponse européenne», a lancé la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, lors de sa visite ce dimanche (17.09) sur l’île de Lampedusa.
La petite île italienne proche des côtes de la Tunisie a été dépassée par l’arrivée la semaine dernière entre lundi et mercredi de quelque 8.500 migrants, à bord de près de 200 bateaux.
«Ce qui se joue ici, c’est l’avenir que l’Europe veut se donner», a lancé Ursula von der Leyen, alors que l’Union européenne (UE) continue à naviguer à vue sur la question migratoire avec une solidarité souvent affichée mais pas toujours assumée.
La présidente de la Commission européenne est arrivée à Lampedusa avec un plan en dix points, lequel ne contient finalement pas beaucoup de nouveautés. Et surtout, il ne peut être mis en œuvre sans la volonté des Etats membres.
Mécanisme de relocalisation
Bruxelles veut par exemple renforcer le mécanisme de répartition des demandeurs d’asile à travers l’UE pour soulager les principaux pays d’arrivées, que sont l’Italie, la Grèce, l’Espagne, Chypre, et Malte. Encore faut-il que les autres jouent le jeu. Il y a plus d’un an, un objectif de 8000 relocalisations avait été fixé. Un an plus tard, seuls 1500 ont effectivement eu lieu.
La semaine dernière, l’Allemagne a même totalement fermé la porte à l’Italie et a fait savoir qu’elle n’accepterait plus de migrants venant de ce pays jusqu’à nouvel ordre. La raison, est que Rome ne remplirait pas non plus son devoir, en refusant de reprendre les demandeurs d’asile déjà enregistrés en Italie comme le prévoit le règlement de Dublin.
L’extrême-droite en profite
Le renforcement de la coopération avec la Tunisie et la Libye a été annoncé, soit les principaux pays de départ de ceux qui arrivent en Italie. Là aussi, le doute est permis, puisque le partenariat avec la Libye existe depuis des années, et a clairement montré ses limites.
Enfin, Bruxelles voudrait notamment accélérer les retours vers les principaux pays d’origine, comme la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Burkina Faso. Cela doit passer par des actions de sensibilisation pour dissuader les départs.
Et pendant ce temps, cet immobilisme continue à faire le jeu de l’extrême-droite, qui instrumentalise cette situation d’urgence et les images pour dénoncer la «submersion migratoire», pour reprendre les termes de la française Marine le Pen, ou d’un «acte de guerre», pour cette fois citer Matteo Salvini, le vice premier ministre italien.
Avec DW