LAMUKA au bord de l’implosion : guerre déclarée entre Fayulu et Muzito

Entre Martin Fayulu de l’ECIDé et Adolphe Muzito de Nouvel Elan, la bataille est rude pour le contrôle de LAMUKA, cette plateforme électorale née de l’accord, dit de Genève, signé en novembre 2018 pour une candidature commune de l’opposition à la présidentielle qui s’était tenue un mois plus tard. En excluant unilatéralement Adolphe Muzito de LAMUKA, Martin Fayulu a suscité une levée de boucliers au sein de Nouvel Elan. Le divorce vient d’être totalement consommé avec la nomination par Martin Fayulu du prof Mathieu Kalele-ka-Bila à la coordination de Lamuka, sans avis préalable de Muzito qui attend plutôt reprendre le flambeau de la plateforme dès ce mardi 11 avril 2023. Sans surprise, la réaction de Nouvel Elan n’a pas tardé. « Monsieur Fayulu, après avoir coopté unilatéralement et frauduleusement au présidium de LAMUKA son ami Mathieu Kalele, vient de procéder ce samedi 7 avril à la passation du pouvoir en faveur de celui-ci comme coordonnateur de LAMUKA en violation de la convention de LAMUKA(…) Nouvel Élan prend acte de la rébellion de Monsieur Martin Fayulu et de son parti politique contre la convention de LAMUKA », a fait part le camp de Muzito dans un communiqué de presse, signé dimanche par son porte-parole, Albert Mukulubundu.
L’homme en péril imminent de noyade s’accroche aux racines microscopiques, aux insectes minuscules flottant à la surface de l’eau, au moindre fétu de paille… L’infortuné pris dans le tourbillon de l’écume finit tout de même par couler. C’est l’un des traits de la sagesse ancestrale.
L’image peut s’appliquer aux turbulences qui agitent Lamuka, la plateforme que ses derniers animateurs se disputent après le départ de leurs anciens alliés partis respirer de près l’air confortable des allées du pouvoir.
Entre Adolphe Muzito et Martin Fayulu, c’est dorénavant un duel au couteau. Une lutte ouverte, aggravée par la menace de l’ancien premier ministre d’exclure son partenaire si, à la date du 11 avril 2023, ce dernier ne lui passe pas le bâton de la coordination semestrielle tournante de Lamuka. Or voici qu’à trois jours de l’échéance, le président de l’ECIDé (Fayulu) prend les devants et coupe littéralement l’herbe sous les pieds du leader de Nouvel Elan, et nomme unilatéralement le professeur Kalele-ka-Bila, fondateur d’un petit parti qui a du mal à exister, quitte à reprendre les commandes dans six mois, c’est-à-dire à la veille des élections.
Un tableau peu reluisant et pathétique d’une plateforme vouée à la disparition dès sa création en 2018. En effet, les ambitions ne manquent pas de s’entrechoquer, d’autant que Muzito et Fayulu sont tous deux candidats à la présidence de la République. Leurs egos surdimensionnés n’auraient de toute façon jamais permis que l’un d’eux s’effaçât au profit de son partenaire.
Sur le plan idéologique, leurs vues divergent profondément. Alors que Muzito ne manque pas à l’occasion de saluer les performances du gouvernement dans la stabilisation de l’économie et des finances publiques, Fayulu en revanche reste d’une rigidité irréconciliable.
La désignation du professeur Kalele, connu pour ses interventions télévisées acérées n’est pas de nature à insuffler un dynamisme nouveau à Lamuka. Tout au plus, Martin Fayulu a simplement de nouveaux alliés, puisque pour justifier d’une coalition, il faut être au nombre de deux, au minimum. Et Kalele s’est offert pour remplir ce rôle ingrat, mais qui lui permet de réapparaître sur la scène politique après une relative éclipse dans la foulée de ses échecs répétés aux dernières législatives.
La «nomination» de Kalele ne vient pas clore le débat pour autant. Il ne serait pas hasardeux de prédire que Muzito exclue à son tour Fayulu de Lamuka. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil congolais.

Econews

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