L’appel de Fayulu : le temps est venu de «dresser nos fronts longtemps courbés»

L’heure est venue pour les Congolaises et Congolais de démontrer à la face du monde que le temps n’est plus aux jérémiades. La cloche a sonné afin que les fronts des Congolais se dressent pour faire face à cette énième agression de la part du Rwanda.
Devant les médias qu’il a conviés jeudi à une conférence de presse, Martin Fayulu, leader de l’ECIDE et candidat malheureux à la présidentielle de 2018, demande à Kinshasa d’envoyer des signaux forts à Kigali par la rupture immédiate des relations diplomatiques avec le Rwanda.
«Cette situation requiert courage et responsabilité dans sa gestion. C’est pourquoi, prenant nos responsabilités devant le peuple congolais, nous demandons la rupture immédiate des relations diplomatiques entre la RDC et le Rwanda, le départ sans délai de l’ambassadeur du Rwanda en RDC, le rappel de notre ambassadeur à Kigali et la levée de l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri », a déclaré Martin Fayulu, repris par le site ouragan.cd.
A la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) qui a activé la médiation menée par le président angolais, Joao Lourenço, Martin Fayulu encourage ces efforts pour ramener la paix dans la région. Il pense, cependant, que l’Union africaine et la communauté internationale devaient faire plus pour une paix durable dans la région des Grands Lacs.
«A l’Union africaine, nous demandons au président Macky Sall de faire actionner les mécanismes appropriés de l’UA pour mettre fin, une fois pour toute, à l’insécurité récurrente dans la partie Est de notre pays. Au Conseil de sécurité des Nations unies et à tous les pays épris de paix et de justice, nous leur demandons de condamner sans hésitation le Rwanda pour violation du droit international telle que codifiée dans la charte des Nations unies», pense Fayulu.
Alors que Kigali tente de détourner l’attention du monde en ramenant son activisme militaire dans l’Est de la RDC à une question identitaire, Martin Fayulu balaie d’un revers de main cette piste : «Cette crise n’est pas une crise entre les peuples rwandais et congolais qui n’ont aucun problème entre eux et qui méritent mieux. Nous ne devons pas tomber dans le piège que l’on veut nous tendre et qui consiste à laisser penser au monde entier que c’est un conflit entre peuples. Nos peuples sont plutôt victimes du cynisme des leaders qui se plaisent à entretenir des cycles de violences et qui se nourrissent de ces violences ».
Quoi qu’il en soit, Martin Fayulu note que les agressions répétées dont est victime la RDC sont essentiellement liées à la faiblesse de l’Etat et à une faiblesse de leadership.
Endossant sa casquette d’opposant farouche au régime, Martin Fayulu est d’avis que «M. Félix Tshisekedi a signé, avec une légèreté déconcertante, des accords secrets avec les pays voisins de l’Est, au détriment du Congo et de son peuple. Il est allé jusqu’à sous-traiter la sécurité de notre pays au Rwanda et en Ouganda particulièrement. L’invitation de la police rwandaise à se déployer à Goma, rejetée par la population, en est une preuve éloquente. La mutualisation des activités militaires avec l’armée ougandaise, sans se soucier des conséquences que cela pouvait avoir, en est une autre ».
Dans tous les cas, Martin Fayulu est convaincu que « les motivations du Rwanda sont claires : maintenir la RDC dans une insécurité constante pour l’affaiblir; permettre la balkanisation de la RDC; piller les ressources naturelles de la RDC et procéder à la transplantation des populations étrangères dans les territoires conquis de la RDC ».
Il est temps, dit-il, de répondre à l’appel contenu dans l’hymne national. Il s’agit, selon lui, de «dresser nos fronts longtemps courbés » pour défendre, conformément à l’article 63 de la Constitution.

Francis M.