L’arrestation du journaliste Stanys Bujakera fait bondir les chancelleries occidentales

Sur son compte twitter, il se fait identifier par « l’information certifiée ». Il s’agit de Stanys Bujakera Tshiamala. Jeune journaliste, il s’est révélé avec la percée des médias en ligne, avant de se faire embaucher comme correspondant en République Démocratique du Congo par le magazine Jeune Afrique et l’agence Reuters. Son interpellation, suivie de son arrestation, vendredi dernier, alors qu’il s’apprêtait à prendre son avion pour la ville de Lubumbashi a eu l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux. Si, en interne, tous réclament sa libération sans conditions, les chancelleries occidentales présentes en RDC ont pris le relais, tout comme Jeune Afrique, son employeur à l’étranger. Décidément, Stanys Bujakera devient un colis gênant et la justice congolaise devait sûrement s’en débarrasser dans les prochaines heures.

Les chancelleries occidentales présentes en RDC – en tout cas les plus en vue – ont pris le relais de l’indignation générale qui a suivi l’arrestation, vendredi dernier, à l’aéroport international de N’Djili du journaliste Stanys Bujakera.

A l’unanimité, toutes exigent sa libération et expriment de vives inquiétudes sur la dégradation de la liberté de la presse en RDC.

Sur son compte X (extwitter), l’ambassade de France en RDC note : «Nous sommes profondément préoccupés par la détention du journaliste congolais Stanys Bujakera, correspondant de Jeune Afrique. La liberté d’expression et le droit à l’information sont des piliers fondamentaux de toute démocratie ». Elle est relayée par l’ambassade du Royaume-Uni en ces termes : «Nous sommes préoccupés par la détention du journaliste Stanys Bujakera, arrêté depuis deux jours. La liberté de la presse et de l’expression sont des valeurs clés pour la démocratie».

Les mêmes exigences sont reprises par l’ambassade des Etats-Unis : «Nous restons profondément préoccupés par la détention du journaliste Stanis Bujakera. Les journalistes devraient pouvoir faire leur travail sans crainte de poursuites ».

L’ambassade de Belgique est tout autant préoccupée :

« Nous suivons de près la situation du journaliste Stanys Bujakera arrêté hier, dans le cadre de ses activités de journaliste.

La liberté de la presse est l’un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques».

Prenant en compte la journée de ce lundi, Stanys Bujakera Tshiamala, correspondant de Jeune Afrique et de Reuters en RDC, vient de passer sa troisième nuit en détention, depuis son interpellation, le vendredi 8 septembre 2023, à l’aéroport international de Ndjili.

LA GENÈSE

«Interpellé aux alentours de 22 h 30 alors qu’il se trouvait à l’aéroport de N’Djili, en partance pour Lubumbashi pour un séjour professionnel, il a été arrêté par des agents se présentant comme des officiers de la police judiciaire. Placé en détention au commissariat provincial de Kinshasa, il n’a pas pu recevoir de visites. Ses téléphones et son ordinateur lui ont été confisqués », rapporte Jeune Afrique.

Selon la source, le samedi 9 septembre, il a finalement été auditionné pendant plusieurs heures au commissariat général de police, où il a été assisté d’un avocat. Selon Jeune Afrique, le journaliste a été entendu

par la commission chargée d’enputé national Chérubin Okende.

Les faits qui lui sont reprochés sont la « propagation de faux bruits» et la « diffusion de fausses informations », sur base d’un rapport attribué à l’ANR que les autorités congolaises ont qualifié de «faux», contestant son authenticité.

Selon Jeune Afrique, «ces accusations concernent un article publié sur le site de Jeune Afrique le 31 août et qui ne porte pourtant pas sa signature, mais celle de Jeune Afrique. Il est dès lors surprenant et inquiétant d’apprendre que notre correspondant est interrogé sur le contenu d’un article qu’il n’a pas signé et pour lequel il ne peut donc pas être tenu responsable».

Jeune Afrique, qui apporte tout le soutien à son correspondant, exige, depuis lors, sa libération immédiate. Preuve de sa solidarité avec ses journalistes et tous ses correspondants, Jeune Afrique dit « réitérer sa pleine confiance à l’ensemble de ses journalistes, qui ont à cœur de proposer une information juste et vérifiée, et travaillent avec sérieux et professionnalisme ». Et préciser : «Nous osons croire à l’attachement des autorités congolaises au libre exercice du journalisme en République Démocratique du Congo ».

HUGO TAMUSA