Le double jeu de la FIFA

Le Rwanda, c’est connu, n’est pas une grande nation du football. C’est indubitable. Son équipe nationale (les Amavubi ou les Abeilles) n’est jamais parvenue à se hisser à la phase finale du Championnat d’Afrique des Nations (CAN). Si l’équipe des joueurs locaux a pris part à la quatrième édition du Championnat destiné aux joueurs évoluant sur le continent (2016), du reste remporté par les Léopards’ de la RDC, c’est en raison du privilège réservé au pays organisateur. Les poulains du coach Jean-Florent Ibenge l’avaient alors emporté sur les Aigles du Mali après avoir éliminé l’équipe rwandaise.
Depuis, et en dépit des opérations marketing du genre « Visit Rwanda » floqué sur les maillots du PSG et des Gunners de Chelsea, ou encore l’organisation à grand tapage du Tour cycliste du Rwanda ou du Basket Africa League sponsorisé par la NBA américaine, le football pour sa part est resté aphone.
C’est sur ces entrefaites que la FIFA annonce, à la stupéfaction universelle, la tenue de son congrès électif dans la capitale rwandaise. Une stupéfaction à la hauteur de l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. En digne successeur de Josef «Sepp» Blatter du reste son compatriote, Gianni Infantino ne cache pas son intérêt pour des initiatives floues et peu importe si une corruption à peine voilée jette le discrédit sur ce qui se veut être l’organe faîtier du football mondial.
A Kinshasa particulièrement, l’on ne s’explique pas que la même FIFA qui a exclu la Russie et la Biélorussie de toute compétition après l’invasion de l’Ukraine en février 2022, fasse des yeux doux au régime de Kigali dont les armées occupent une partie de la province congolaise du Nord-Kivu.
Pis, la FIFA a exercé des menaces sur la Fédération congolaise de football association (FECOFA) la menaçant de suspension en cas du boycott du congrès de Kigali. En faisant miroiter les rentrées d’argent mirifiques engrangées lors de la dernière Coupe du monde, avec la promesse d’un financement de quelque 200 fédérations réparties sur la planète dans une fourchette comprise entre 5 et 7 millions de dollars américains, la délégation congolaise aux finances faussement rachitiques ne pouvait que se plier au diktat du plus fort. Elle ne pouvait non plus s’aligner sur le discours politique, quitte à se dédouaner auprès de la FIFA de la non-organisation du championnat national.
Paul Kagamé, que l’on a vu tapant dans le ballon, peut s’enorgueillir d’une victoire diplomatique. Mais la victoire sur le terrain de ses « Abeilles » n’est pas pour demain.

Econews