L’église catholique des Etats-Unis craint une «élection ratée » en RDC et avertit Antony Blinken

Aux Etats-Unis, le processus électoral de la République Démocratique du Congo qui rentre dans sa phase décisive avec la clôture des dépôts des candidatures aux législatives nationales est suivi de très près. Si en RDC, la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) multiplie des alertes, craignant un processus électoral « raté », son appel a trouvé de la voix auprès de la conférence épiscopale des Etats-Unis.
Dans une lettre datée du 8 août 2023, qu’Econews a pu consulter, le président de la Commission de la justice internationale et de la paix de la Conférence des évêques des Etats-Unis, Mgr David J. Malloy, a alerté le secrétaire d’Etat Antony Blinken du risque de déraillement du processus électoral en RDC, à la suite de nombreuses irrégularités qu’il dit avoir recensées au niveau du pouvoir organisateur qu’est la CENI (Commission électorale nationale indépendante).
L’évêque américain craint dès lors une « élection ratée » au regard d’une série d’engagements non tenus, à savoir « endiguer la violence dans l’Est de la RDC en général, assurer un audit indépendant des listes électorales et arrêter la violence politique perpétrée contre des candidats politiques de l’opposition, y compris certains incidents menés par le parti politique du président ».
S’appuyant sur le rapport des évêques catholiques réunis au sein de la CENCO, Mgr Malloy prie instamment le chef de la diplomatie américaine de « prendre tous les signes avant-coureurs au sérieux et d’agir vite afin de garantir des élections justes, crédibles et équitables ».
Voici la traduction française de la lettre du président de la Commission de la justice internationale et de la paix de la Conférence des évêques des Etats-Unis.
Econews

Lettre de Mgr David J. Malloy à Antony Blinken
Cher secrétaire Blinken,
Je vous écris pour ex- primer mon niveau accru de préoccupation face à la détérioration de la situation en RDC. Vous vous souviendrez de la visite de la délégation CENCO-ECC à Washington en avril et de la lettre de suivi que je vous ai adressée à la mi-mai.
Je joins à votre attention le dernier message de la Conférence des évêques catholiques congolais (CENCO). Je partage les préoccupations de mes frères évêques congolais face à la longue liste d’échecs du gouvernement à :

  1. endiguer la violence dans l’est de la RDC en général,
  2. assurer un audit indépendant des listes électorales et
  3. arrêter la violence politique perpétrée contre des candidats politiques de l’opposition, y compris certains incidents menés par le parti politique du président.
    Je suis également alarmé par le rapport de la CENCO sur la répression gouvernementale des manifestations de l’opposition, les restrictions à la liberté de mouvement des opposants, les tentatives d’adoption de projets de loi discriminatoires, la manipulation du système judiciaire et les arrestations arbitraires.
    La CENCO a rappelé au peuple congolais que l’article 64 de la Constitution lui donne le droit et le devoir de défendre pacifiquement l’intégrité des urnes. Il s’agit d’un appel clair à une action non violente pour contrecarrer ce que l’Église craint d’être une élection ratée.
    En réponse au message de la CENCO, le président de la République aurait fustigé directement l’Église.
    Je vous exhorte à prendre ces signes avant-coureurs au sérieux et à agir rapidement pour garantir des élections libres, équitables et crédibles.
    Le Très Révérend David J. Malloy
    Evêque de Rockford
    Président de la Commission pour la justice internationale et la paix