Les avocats d’Edouard Mwangachuchu dénoncent « un procès de la haine »

A vingt-quatre heures des plaidoiries de la défense et quatre jours après le réquisitoire du ministère public dans l’affaire qui oppose l’Etat congolais au député national élu de Masisi Edouard Mwangachuchu Hizi, le collectif de ses avocats s’est pour la première fois résolu à faire une mise au point devant la presse ce lundi 28 août. Une rencontre tissée autour de démentis systématiques de toutes les  accusations qu’il s’est appliqué à démolir, les plaçant sur le plan d’une haine généralisée de l’ethnie tutsie à laquelle appartient leur client. Selon Maître Thomas Gamakolo, « Edouard Mwangachuchu, n’étant pas Jésus Christ ne saurait être puni pour des faits d’autrui au prétexte qu’il est de la même ethnie que des membres de la rébellion M23 ».   

Le député national Edouard Mwangachuchu Edouard avait été arrêté à Kinshasa le 1er mars 2023 par les services des renseignements militaires « sans aucune invitation préalable ou sans prise en compte de sa qualité de député national. Le Bureau de l’Assemblée nationale n’a jamais été requis pour autoriser l’arrestation de cet élu du peuple comme l’exige la Constitution de la République, au fallacieux prétexte qu’il s’agirait d’un cas de flagrance. Depuis, même son immunité parlementaire n’a jamais été levée » s’indigne Maître Thomas Gamakolo.

Initialement poursuivi intelligence avec le Rwanda et le M23, haute trahison, espionnage, atteinte à la sûreté de l’Etat, incitation des militaires à commettre des actes contraires à la loi, participation à un mouvement insurrectionnel, détention illégale d’une arme de guerre etc. toutes ces infractions seront, au fil d’un procès à rebondissements, rétrogradées et/ou requalifiées à plusieurs reprises.

Le procès s’ouvre le 5 mars en procédure de flagrance devant la Haute Cour militaire. Fait exceptionnel l’audience est retransmise en direct sur la télévision publique.

Le collectif des avocats d’Edouard Mwangachuchu s’étonne que dans son rapport lu devant la Haute Cour militaire, le ministère public  avait soulevé le doute sur la véritable nationalité de l’accusé, évoquant un test Covid-19 le présentant comme un citoyen rwandais et faisant allusion à l’ethnie des policiers commis à la garde de la Société Minière de Bisunzu (SMB) lesquels seraient, selon lui, à 98% de l’ethnie tutsi comme le député Mwangachuchu.

« UNE ÂME RWANDAISE »

A ce sujet, Me Gamakolo martèle : « Assimiler un individu à un Rwandais par les temps qui courent comme l’a fait le ministère public, c’est le vouer aux gémonies voire, le condamner à mort aux yeux de l’opinion nationale. Cette attitude de l’Organe de la loi a jeté en pâture la présomption d’innocence de notre client, laquelle présomption a été sérieusement attaquée sur les réseaux sociaux ».

Le collectif des avocats du député Mwangachuchu signale en outre que les 30 audiences du procès ont été constamment alimentées par un sentiment anti-Tutsi et anti-Rwandais savamment entretenu par le ministère public. Leur client, selon lui, « était confronté à un discours de haine et de discrimination développés aussi bien par le ministère public que par les avocats de la République ».

Pour illustration, il retient que pendant le procès, l’on a «entendu des propos du genre : Toutes les tribus de l’Est ont un groupe armé et que celui des Tutsis est le M23 ; que Mwangachuchu avait une « âme rwandaise »… Ou encore, « Pendant qu’il y a des Congolais pauvres, lui, M. Mwangachuchu a des mines », des propos inacceptables, selon ses défenseurs.

HAINE ET STIGMATISATION

Dans son réquisitoire du 25 août 2023, le Ministère public a requis la prison à perpétuité sans évoquer sa longue liste d’infractions, se contentant d’énumérer la trahison, la détention illégale d’arme de guerre et la participation à un mouvement insurrectionnel.

En réaction, le collectif des avocats de Mwangachuchu estime que le réquisitoire du Ministère public « est formulé sur base d’aucun élément de preuve ». S’agissant de la concession de la SMB, « il y a un péché originel qui consiste à faire croire qu’elle appartiendrait à notre client, ce qui a poussé ses détracteurs à échafauder cette affaire dans le but de la lui arracher. Malheureusement pour eux, cette concession ne lui appartient plus depuis 2014 ».

A la veille de la plaidoirie de la défense, Me Gamakolo insiste et dénonce un procès de haine et de discrimination où l’on faire de leur client la victime expiatoire de tous les crimes et autres fautes supposément commis par des Tutsis. Et cela, s’insurge-t-il, ils ne l’accepteront jamais.