Il y a lieu de se demander où se situe la responsabilité de la RDC sur cette question. Il s’agit bel et bien d’une question rwando-rwandaise qui stipule une réponse appropriée du gouvernement rwandais qui élude sa responsabilité depuis des décennies, la renvoyant paradoxalement au gouvernement de la RDC, avec la compréhension complaisante et la fuite en avant de la communauté internationale.
Faut-il rappeler, aussi douloureux que soit ce souvenir, que le génocide de 1994 au Rwanda, s’est passé entre Rwandais, sans aucune implication des Congolais.
L’exode massif des Rwandais est le fait de la communauté internationale, avec ses couloirs ou corridors humanitaires qui ont ouvert l’entrée au Congo, particulièrement par Goma, les ex-FAR (Forces Armées Rwandaises) et autres fuyards et réfugiés, avec armes et bagages. La communauté internationale et la France (Opération turquoise) ont leur part de responsabilité à assumer à ce jour.
Encore une fois et paradoxalement, la tendance est à responsabiliser la seule RDC, y compris dans l’Accord-cadre d’Addis Abeba et diverses résolutions des enceintes Internationales, qui la charge d’éradiquer pratiquement seule les forces négatives que sont les FDLR et les Iinterahamwe.
La responsabilité doit être celle du Gouvernement rwandais et du Président Paul Kagame. Qu’on le veuille ou non, nous sommes en présence des citoyens rwandais, qu’ils soient bons ou mauvais et dont le Gouvernement du Rwanda a la responsabilité première. Au lieu d’insister sur ce que la RDC doit faire.
Avec courage l’ancien président de la Tanzanie Jakaya Mrisho Kikwete, lors d’un sommet de la CIRGL, Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs, avait recommandé au Gouvernement rwandais d’ouvrir un dialogue avec les Rwandais se trouvant sur le sol congolais, provoquant la colère du président Kagame qui claqua pratiquement la porte de la conférence. Pourtant, il est un des premiers à prôner le dialogue en ce qui concerne la RD Congo. A juste titre on pourrait lui rétorquer médecin soignez-vous vous-même.
A cet égard, la première voie et la solution majeure demeure l’ouverture d’un dialogue inter-rwandais, entre le Gouvernement du Rwanda et ses citoyens vivant sur le territoire congolais. C’est inéluctable pour l’apaisement et la stabilisation de la région des Grands Lacs.
1- Poursuivre le processus de désarmement et rapatriement au Rwanda; beaucoup a été fait dans ce secteur bien que le Rwanda s’obstine à ne pas reconnaître les efforts fournis et la progressivité dans la diminution des effectifs; nonobstant également les résultats de toutes les actions armées unilatérales ou conjointes à l’endroit des FDLR;
2- Favoriser le retour des réfugiés et autres volontaires au Rwanda. Il convient de se poser la question pertinente et courageuse de savoir si les enfants et petits enfants des génocidaires sont tous génocidaires et d’y donner une suite appropriée. C’est un principe fondamental que la responsabilité pénale est individuelle. La culpabilité du crime de génocide ne peut se transmettre par hérédité.
Les enfants des Nazis n’ont jamais été poursuivis. L’Allemagne s’est reconstruite avec eux. Le Rwanda devra s’inspirer du modèle de résilience allemande.
3- Le Gouvernement du Rwanda doit transmettre la liste formelle, complète et consolidée, crédible et vérifiable, de ceux qui sont poursuivis pour génocide au Rwanda et qui se trouveraient sur le territoire congolais.
De même, il doit extrader en RDC les auteurs des crimes de génocide, crimes de guerre et contre l’humanité commis en RDC et se trouvant au Rwanda.
3- Ceux des Rwandais qui souhaitent vivre paisiblement sur le sol congolais, dans le respect de notre Constitution et des lois de la RDC pourront faire l’objet d’un traitement spécifique et soumis à des conditions particulières.
Enfin, si le principe de mise en œuvre d’une force régionale est maintenu et en voie d’opérationnalisation, il faut, pour de nombreuses raisons, en exclure le Rwanda, mais aussi veiller à ce que le Rwanda ne glisse pas ses éléments dans d’autres contingents de la Région. Il en est capable.
L’heure est venue de placer également le Rwanda devant ses responsabilités et qu’il se transforme en bon voisin vivable, de gré ou de force, respectueux du droit international, de ses us, coutumes et règles. Et pour la communauté internationale de sortir de sa compréhension complaisante et fort tolérante à l’égard du Rwanda qui, en définitive, fort de cela, se croit tout permis.
Par ailleurs, nous pensons que l’Angola, en sa qualité d’Etat médiateur de l’Union Africaine, doit prendre aussi la responsabilité d’envoyer des troupes pour la surveillance des frontières dans l’Est de la RDC.
Enfin rien ne peut remplacer la montée en puissance des FARDC pour assurer notre respectabilité dans la région et en Afrique.
Prof Ntumba Luaba Lumu
Secrétaire Exécutif honoraire de la CIRGL