Les Tutsi congolais se désolidarisent de Paul Kagame

La communauté tutsi de la République Démocratique du Congo a indiqué dans une déclaration, vendredi à Goma (Nord-Kivu), n’avoir jamais mandaté le président rwandais Paul Kagame pour la protéger.

«Il est protecteur des Tutsi rwandais (…) Mais nous ne lui avons pas demandé d’être notre interprète. C’est sa façon de voir les choses. Nous n’avons pas besoin d’une protection d’un autre pays. Nous voulons être protégés et défendus par notre pays, comme les autres communautés», a déclaré Emmanuel Kamanzi, notable de la communauté tutsie congolaise, à l’issue d’un échange avec le gouverneur militaire du Nord-Kivu.

Parlant des Tutsi congolais (Banyamulenge), fonds de commerce du pouvoir de Kigali pour piller et semer la désolation en RDC, le Président Tshisekedi a détruit cette stratégie de Paul Kagame jeudi lors du Briefing spécial sur la télévision nationale.

«Il y a des Banyamulenge qui sont morts sous le drapeau. J’en ai assez de ce langage. Il y a aussi des Hutu engagés, le Rwanda a aussi engagé ses Wazalendo, pour tuer les Tutsi congolais et crier qu’on tue», a fait savoir le Chef de l’Etat, jeudi devant la presse. Avant de mettre en garde contre toute campagne de stigmatisation : «Méfiez-vous des discours discriminatoires ».

En 1996, pour en finir avec une trentaine d’années de pouvoir du régime de Mobutu en RDC, Paul Kagame avait instrumentalisé les Tutsi congolais de la même manière. Ils seront connus sous la dénomination de «Banyamulenge». Des infiltrations des soldats de l’armée rwandaises se faisaient sous prétexte de secours à apporter aux «frères » Tutsi congolais menacés de génocide.

Des milices banyamulenge s’étaient ainsi constituées contre les Hutu rwandais traqués après le génocide de 1994 ainsi que le pouvoir zaïrois. Dans un contexte de tensions croissantes, il avait été demandé en octobre 1996 aux Banyamulenge de quitter le Zaïre. Deux jours plus tôt, des Banyamulenge soutenus par les troupes rwandaises avaient attaqué la ville de Lemera dans le Sud-Kivu. C’était le début de la guerre de l’AFDL.

Avec ACP