L’éternel recommencement

Le président de l’Assemblée nationale n’y a pas fait allusion dans son discours d’ouverture de la session parlementaire de mars. Mais le sujet, qui revêt un caractère ultra-sensible, figure bel et bien parmi les 22 points prévus à l’ordre du jour de cette session parlementaire. Il s’agit de la révision constitutionnelle qui ferait passer le mandat présidentiel à sept ans.

«Avec effet immédiat», soulignent les députés radicaux de l’UDPS et Alliés, tous rangés comme un seul homme derrière leur collègue de récente adhésion, Steve Mbikayi. Par effet immédiat, il faut entendre que l’on ferait table rase des fioritures électorales et démarrer une nouvelle mandature sous le leadership de Félix Tshi-sekedi libéré des arcanes d’un improbable processus électoral.

Plus tshisekedistes que feu Etienne Tshisekedi en personne, l’ancien FCC Steve Mbikayi et ses phalanges révolutionnaires envisageraient de rééditer l’exploit du renversement, naguère de la majorité parlementaire hors les élections.

La RDC serait alors le premier pays en Afrique subsaharienne qui verrait un président régulièrement élu prolonger son mandat sans passer par les fourches caudines de l’épreuve des urnes. Une analyse froide de l’évolution politique congolaise fait ressortir la propension du parti présidentiel à reprendre à son profit ce qu’il décriait hier.

Les radicaux de l’UDPS semblent oublier que la période trouble des années 2015 et 2016 était la résultante des velléités des «kabilistes» purs et durs à pousser vers un troisième mandat leur champion, après avoir réussi en 2010 à verrouiller la présidentielle à un seul tour.

Les observateurs avertis n’y trouvent rien d’étonnant.

En effet, les réformistes les plus enragés étaient hier encore dans le sérail de Joseph Kabila. Passé (e)s avec armes et bagages dans le camp qu’ils vouaient jadis aux gémonies, il s’agit, ni plus ni moins qu’à prouver leur indéfectible attachement au porteur de la nouvelle vision qu’ils seraient d’ailleurs bien en peine de définir sans ambages.

Dans sa retraite discrète, Joseph Kabila doit bien sourire dans sa barbe, lui qui sait le sens de la trahison; une expérience qu’il souhaiterait sans doute partager avec son successeur, si l’occasion lui en était offerte.

Econews