Marche du samedi 13 mai : le CLC rejoint la dynamique de Lubumbashi

Dans un communiqué rendu public dimanche, le Comité laïc de coordination (CLC) déclare qu’il prendra bien part aux marches, projetées par le groupe d’opposants réunis autour de Moïse Katumbi, Matata Ponyo, Delly Sessanga et Martin Fayulu, ce samedi 13 mai. La dynamique de Lubumbashi qui s’est donc constituée en front anti-Tshisekedi vient de recevoir un soutien de grande taille.
« Nous reprenons nos actions de mobilisation nationale et d’envergure », écrit Me Hervé Diakese, l’un de ses porte-parole.« Nous ne pouvons pas accepter que les erreurs du passé, celles pour lesquelles nos martyrs ont été tués soient reproduites par le régime actuel. Il prévient que le CLC est prêt à prendre part à toutes les initiatives visant à mobiliser la population ». Raison pour la quelle il entend participer à la marche de ce 13 mai à Kinshasa.

ALLIANCE DE CIRCONSTANCE OU STRATÉGIE CALCULÉE
La décision a été prise à l’issue de l’Assemblée extraordinaire de samedi dernier. Une conférence de presse est prévue au cours de la semaine pour éclairer l’opinion sur les motivations qui ont conduit la structure d’obédience catholique à adhérer à l’initiative lancée par les quatre candidats à la présidence de la République lors de leur rencontre à Lubumbashi le 14 avril, et confirmée le week-end dernier (en l’absence de Delly Sessanga en séjour en Europe). Alliance de circonstance ou stratégie calculée, la démarche du CLC ne peu que conforter le camp Katumbi et consorts dans leur lutte contre les dérives dictatoriales du régime.
C’est pour dire que le CLC, à l’origine créé pour exiger du régime de Joseph Kabila le respect intégral de l’accord du 31 décembre 2016, dit de la Saint-Sylvestre, signé entre le pouvoir de l’époque et l’opposition sous l’égide de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Par la suite, il va s’illustrer par l’organisation des marches contre un éventuel troisième mandat du président Kabila. Des marches émaillées de violences et dont la plus sanglante avait été celle organisée le 25 février 2018 au cours de laquelle plusieurs victimes furent enregistrées, dont le militant UDPS Rossy Mukendi.
Il est prématuré à ce stade de voir dans la déclaration du CLC l’affirmation d’une alliance formelle entre le groupe mené par Isidore Ndaywel et les Katumbi, Fayulu, Matata et Sessanga, ces derniers n’ayant pas publié leur réaction en ce début de semaine. Tout au plus peut-on envisager que le CLC, par sa décision, revient sur le champ de la contestation politique à côté du camp qui lui semble le plus crédible et à même de porter l’espoir de l’alternative au pouvoir de Félix Tshisekedi à la présidentielle de décembre 2023.

TOUS CONTRE LE GLISSEMENT
Mais il y a plus. En décidant de revenir dans l’arène politique au moment où le processus électoral continue à balbutier à un peu plus de 7 mois des échéances, le CLC compte apporter sa contribution à la panoplie de pressions exercées aussi bien sur le gouvernement que sur la Centrale électorales soupçonnés à tort ou à raison d’entretenir les conditions d’un glissement du calendrier électoral.
Comme l’opinion congolaise en général, le CLC est au fait du non enregistrement des électeurs dans une large partie du Nord-Kivu (territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo) dans l’Est du pays, tandis qu’à l’Ouest, les mêmes conditions d’insécurité dans la région de Kwamouth ont dissuadé la CENI d’y organiser l’enrôlement des électeurs. Forts de ces arguments, des proches de la présidence de la République et de l’UDPS soutiennent un report des élections de décembre, sous prétexte qu’il serait hasardeux de tenir des scrutins sans une frange significative des électeurs tenus malgré eux à l’écart.
Les marches de samedi 13 mai partiront de deux points distincts. La première vague partira de Super Lemba et la seconde de Kintambo (Avenue Benseke/Arrêt Sakombi), toutes deux convergeant vers le Palais du peuple, point de chute de cette marche. Au programme de la marche, les quatre candidats ont inscrit l’urgence de protester contre l’insécurité grandissante, la vie chère et la misère du peuple, et un processus électoral chaotique ».

M.M.F.