Sans surprise, cinq des six ministres d’Ensemble pour la République de Moïse Katumbi ont décidé de tourner le dos à leur mentor en se jetant dans les bras du Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshisekedi.
La politique est dynamique, dit-on. Cela se remarque avec les enjeux politiques de l’heure en République Démocratique du Congo.
Contre toute attente, des membres du Gouvernement de «warriors», issus du parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, lâchent ce dernier et promettent de soutenir Félix Tshisekedi en 2023 !
Les partants
En réalité, ils sont cinq ministres battant pavillon Ensemble de Moïse Katumbi, dont les positions sont connues en privé comme en public. Ils ont choisi de poursuivre l’aventure politique avec le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi, au lieu de continuer à rester avec Moïse Katumbi Chapwe. Mais, pour quelles conséquences?
Pour quiconque connaît comment ces cinq ministres sont arrivés au gouvernement, il n’y a aucun doute que cela devait arriver, qu’ils sont plus attachés à Tshisekedi qu’à leur propre parti politique. Pendant les tractations politiques qui avaient précédé la mise en place du gouvernement Sama Lukonde, tout était clair. La majorité des ministres de Ensemble s’étaient décidés d’intégrer le gouvernement, sans avoir obtenu l’aval de leur parti politique.
«En gentleman, Moïse Katumbi avait accepté de les intégrer dans la liste envoyée au président Tshisekedi. Parce qu’ils ont négocié en solitaire, il est préférable de les aligner et de voir ce qu’ils sont capables de faire. Leur loyauté est déjà sujette à caution, il ne sert à rien de les contrarier pour qu’à la fin on ait le même résultat », avait expliqué en son temps un proche du populaire ex-gouverneur du Katanga.
Dans l’ordre, Christophe Lutundula Apala avait négocié directement avec le Chef de l’Etat.
C’est sans surprise qu’il a déclaré à haute et intelligible voix sur RFI : « Je travaille aux côtés du Président Tshisekedi, le bilan du gouvernement est aussi le mien. Il est aberrant que l’actuel chef de l’État ne continue pas pour un deuxième mandat…Le président Tshisekedi a eu un premier mandat… C’est un mandat de déminage, car la situation qu’il a héritée est tellement catastrophique… Il doit continuer pour poursuivre ce travail, mais surtout, accomplir son projet, après le déminage ».
Décidément, Christophe Lutundula a fait son choix et il assume : «Pour moi, il faut continuer le travail sous le label de l’Union sacrée et sous le leadership de Félix-Antoine Tshisekedi, que nous soutenons. Ce serait tout de même ridicule que d’être dans ce gouvernement, de travailler aux côtés du Président Tshisekedi, et de dire, demain, que nous avons échoué (…). La logique la plus simple, c’est de dire : je jette l’éponge, je m’en vais (…). Mais je n’ai pas envie de jeter l’éponge ».
Pour être sans ambiguïté, il précise sa pensée et tranche : «Je suis dans Ensemble pour la République, avec Moïse Katumbi. Il sait que je travaille aux côtés de Félix Tshisekedi. Je ne sais pas s’il sera candidat en 2023, mais je l’ai déjà dit, le Président Félix Tshisekedi a droit à un second mandat, c’est constitutionnel ».
N’étant pas arrivé à ce poste grâce à Ensemble pour la République, c’est normal que Lutundula tienne ce discours qui contrarie ses amis, ou ses ex-amis – c’est selon…
Il y a aussi le tonitruant ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU), Muhindo Nzangi, compté également parmi les partants. Pour lui, la voix de sa base l’oblige à rester avec le Président de la République Tshisekedi au lieu de s’aventurer dans autre chose. Lui aussi, ne doit rien au parti pour occuper ce poste. C’était par son effort personnel qu’il est au Gouvernement, soutiennent ses proches qui ne font pas de mystère sur les choix de cet enfant terrible du Nord-Kivu.
Dans l’entourage de Moïse Katumbi, on ne s’est pas fait d’illusion concernant l’actuel ministre de l’ESU. «Bien qu’il n’ait pas fait des déclarations officielles comme les trois autres, nous avons des preuves qu’il est déjà parti. L’officialisation de son départ n’est qu’une question de temps », a laissé entendre à Econews une source qui a requis l’anonymat.
Nommé ministre des Affaires humanitaires sur le quota d’Ensemble pour la République, Modeste Mutinga ne fait non plus de mystère sur son allégeance à Félix Tshisekedi.
«Le PDG, mon parti et moi-même sommes foncièrement convaincus qu’avec Félix-Antoine Tshisekedi à l’issue des élections de 2023, la RDC, notre pays, connaîtra une embellie spectaculaire en Afrique et à travers le monde. D’où notre soutien à sa candidature», s’est fendu le ministre Modeste Mutinga, dans un tweet qui a consacré son allégeance au Chef de l’Etat.
Au PDG, Katumbi se conjugue déjà au passé.
Séraphine Kilubu Kutuna, vice-ministre à la Défense nationale, a mis en avant sa proximité spirituelle avec le chef de l’Etat pour justifier son choix : «Le Chef de l’État est mon frère dans le Christ. Je ne peux jamais le quitter. Je suis appelée à le soutenir, lui et l’ensemble du gouvernement ». Elle était la première à faire cette déclaration, sans attendre un mot de son parti politique.
Un indécis et un rescapé?
L’indécis, c’est le ministre d’Etat en charge du Plan, Christian Mwando Nsimba Kabulo.
Ancien ministre des Finances de Katumbi, alors gouverneur du Grand Katanga, Christian Mwando Nsimba a acquis son poste de ministre par le canal de Jean-Marc Kabund-a-Kabund. A cette époque, tout allait bien. C’est donc l’ex-président de l’UDPS qui avait négocié l’entrée de ce brillant ministre des Finances de l’ex-province du Katanga au gouvernement Sama Lukonde.
Pour l’instant, Christian Mwando paraît moins bavard sur ses rapports avec Katumbi. Indécis pour l’instant, il attend sans doute le bon timing pour se définir.
Jusque-là, le ministre des Transports, Cherubin Okende, est le seul qui résiste encore. Sa position n’est pas officiellement connue. Nul ne sait s’il va lui aussi quitter Katumbi.
Mais, des signes évidents démontrent que son choix est fait : il restera dans Ensemble pour la République. N’est-il pas le seul ministre d’Ensemble de rallier Katumbi lors de sa dernière tournée dans l’ex-province Orientale. D’ailleurs, selon des indiscrétions, il avait fait l’objet de remontrances de la hiérarchie gouvernementale après cette présence à une réunion publique de son parti, lui qui est membre du gouvernement.
A tout prendre, Katumbi perd de plus en plus le contrôle de ses délégués au Gouvernement, alors que, depuis son QG de Lubumbashi, il réorganise son parti pour la bataille électorale de 2023.
Econews