Monusco : compromission ou aveu d’impuissance ?

Surréaliste ! Ahurissant ! Les qualificatifs pourraient s’égrener à l’infini après la sortie du porte-parole de la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (Monusco) sur les antennes de Radio France internationale. D’un ton posé, Matthieu Gillman a affirmé haut et fort l’incapacité de la Monusco à faire face aux rebelles du M23 soutenus, ce n’est plus un secret, par le Rwanda.
En réalité, il reprenait les propos de sa patronne Bintou Keita qui, le 29 juin dernier au Conseil de sécurité de l’ONU, avait déclaré que le M23 n’est pas un…
vulgaire groupe armé, mais une véritable armée conventionnelle. Il dispose d’un équipement sophistiqué, dont des systèmes de visée nocturne rendant obsolète le matériel de la Monusco. Comme la cheffe de la Monusco, sa patronne, Matthieu Gillman s’est bien gardé de reconnaître qu’en fait d’armée conventionnelle, c’est l’armée rwandaise qui guerroye contre celle de la RdCongo sur son sol.
L’opinion nationale s’était habituée aux pirouettes et aux positions ambigües de la mission onusienne qui en 21 ans de présence sur le sol congolais , a toujours vu vert là où les Congolais voient rouge. Mais c’est bien la première fois qu’un porte-parole des casques bleus reconnaît l’impuissance d’une mission qui engloutit un budget annuel de plus d’un milliard de dollars US.
Il reste à voir si, comme le président Joseph Kabila jadis, son successeur aura le courage de demander le retrait pur et simple d’une mission qui a montré, ou même, avoué son impuissance. Pour ce faire, Félix Tshisekedi devra s’armer d’arguments irréfutables – que malheureusement il ne possède pas – pour convaincre les contributeurs de la Monusco qui se recrutent parmi les puissances occidentales majeures qui, d’une part chouchoutent le Rwanda et d’autre part, ont érigé la Monusco en gendarme de leurs intérêts au cœur de l’Afrique. La lutte contre les groupes armés ne constitue pas, et de loin, leur tasse de thé.
L’objectif, l’ancien président français Nicolas Sarkozy l’avait déjà énoncé avec arrogance lors de sa visite au Rwanda : le RDC devrait partager ses richesses avec ses voisins, en l’occurrence le Rwanda. Un agenda que le trio France-Etats-Unis-Royaume Uni applique méthodiquement jusqu’au démantèlement de la RdCongo, trop grand, selon eux. Ce que les autorités de Kinshasa, plus à l’aise dans les bruits des marches et de prières «en soutien à l’armée» ne semblent pas avoir intériorisé.

Econews