Le Premier Ministre, Jean-Michel Sama Lukonde a déposé mardi sa démission, à la suite de l’option qu’il a levée pour siéger à l’Assemblée comme député national élu lors des élections de décembre 2023.
Cette démission qui est une conséquence logique de son choix entraîne automatiquement la démission de son Gouvernement. Comme lui. 31 de ses ministres ont été également élus. À ce stade, on ne sait pas dit combien ont choisi de rester à l’Assemblée nationale. Mais la majorité d’entre eux ne tourneront pas le dos à leurs électeurs et auront opté pour leur mandat parlementaire.
Si la démission du Gouvernement était prévisible après l’investiture du Président de la République, elle tombe cependant à un mauvais moment au regard du contexte général du pays marqué par la guerre menée directement par le Rwanda et qui décime les populations dans l’Est de la RDC.
Pour faire face à cette situation, le Président de la République a besoin de ses lieutenants les plus engagés dans la gestion de ce conflit, notamment (i) le VPM, Ministre de l’Intérieur qui s’est illustré récemment dans la gestion des manifestations publiques organisées contre les ambassades à Kinshasa; (ii) le VPM, Ministres des Affaires étrangères qui pilote, aux côtés du Président de la République, le front diplomatique qui en ce moment donne les résultats au regard des condamnations fermes et claires des USA et de la France contre le Rwanda; (iii) le Ministre de la Communication et Médias qui dirige le front médiatique. Il est lui aussi en première ligne de la guerre contre la manipulation rwandaise et dans la mobilisation de l’opinion à travers notamment la campagne «Bendele Ekweya Te» pour faire face à cette agression.
Outre la gestion de cette question épineuse, d’autres secteurs prioritaires ne nécessitent pas le vide en ce moment notamment, la gestion de la problématique d’approvisionnement en carburant dont le VPM, Ministre de l’Economie Nationale et le Ministre des Hydrocarbures sont en première ligne. Eux aussi étant élus.
En sus de cette question cruciale, il y a des discussions en cours pour l’aboutissement de la 6ème revue avec le Fonds monétaire international et dont les interlocuteurs principaux, à savoir: le Ministre d’Etat, Ministre du Budget et son Vice-Ministre, et le Ministre des Finances et sa vice-Ministre ont été également élus. La sensibilité de ce dossier ne peut être gérée par des Ministres intérimaires n’ayant pas suivi ce processus. Ce qui risque de compromettre la conclusion de cette revue qui permettra à la RDC de bénéficier des appuis budgétaires d’au moins 200 millions USD.
Sans être exhaustif, au regard d’autres questions vitales pour la Nation qui seront impactées par la démission de quelques membres du Gouvernement, il est urgent que le Président de la République use de ses pouvoirs de Garant du bon fonctionnement des Institutions pour éviter ce vide.
En attendant l’aboutissement des consultations en cours autour de l’Informateur pour la formation d’un gouvernement, il est nécessaire pour le Président de la République, qui bénéficie de plus de 70% suffrages, de ne pas concéder à une sorte de concentration de pouvoirs autour de son Directeur de cabinet et de certains de ses conseillers en cette période compris dans les premiers 100 jours de son mandat.
Laisser s’installer ce vide, en connaissant l’élasticité des négociations pour la formation du Gouvernement, exposerait le pays à un déficit de gestion. C’est ici que la sagesse du Président de la République est plus que requise bien loin de certains intérêts autour de lui. Il a besoin de ses états-majors bien en place pour garantir l’efficacité et la réussite de cette première phase de son nouveau mandat. Car, c’est avec cette équipe qu’il a obtenu les acquis à consolider.
CP