Pour répondre aux élucubrations de Kigali : «La RDC n’est pas une parcelle sans titre de propriété », assène le prof Tshibangu Kalala

Le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya (à droite), et le professeur Tshibangu Kalala

Entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, il n’y a jamais un problème de délimitation des frontières. Tout a été réglé en 1885 à la Conférence de Berlin. Lundi devant la presse, conviée au traditionnel briefing, le professeur Tshibangu Kalala, en compagnie du porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya Katambwe, a battu en brèche tous les subterfuges du Rwanda qui tente de réclamer la redéfinition de ses frontières avec la RDC.
La question de l’historique de la création, de la délimitation et de la démarcation des frontières de l’Est de la République Démocratique du Congo était au centre d’un briefing presse, le mercredi 1er mars 2023, au cours duquel le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, s’est fait accompagner d’un expert en droits des organisations internationales et droit international de l’environnement, le professeur Tshibangu Kalala, auteur du livre «RDC et ses 11 frontières internationales ».
En effet, cette question de la délimitation des frontières orientales de la RDC étant d’actualité ces derniers jours, le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, a accordé cette tribune à un expert pour en savoir davantage.
De ce fait, le professeur Tshibangu Kalala, après ses dix années de recherches, conclut que les frontières de la République Démocratique du Congo ne font l’objet d’aucun contentieux.
Sur les onze mille km de frontières avec ses neuf voisins, seules celles d’avec le Rwanda posent problème à ce jour. Le nouvel alibi du Rwanda pour faire la guerre à la RDC serait rapport avec la démarcation des frontières qui date pourtant de l’époque coloniale. Certains politiques rwandais disent que la guerre d’agression qu’ils mènent en RDC via le M23 est justifiée par le fait que la RDC n’a pas respecté les frontières issues de la colonisation.
Pour ce faire, le professeur Tshibangu Kalala s’est fait le devoir de faire des recherches sur l’historique de la création, de la délimitation et de la démarcation des frontières de l’Est de la République Démocratique du Congo.
Expliquant la démarche dans l’élaboration de son ouvrage, le prof Tshibangu Kalala souligne qu’il a voulu savoir ce qui s’est passé à Berlin et là, il faut noter «qu’à Berlin, on n’a jamais abordé la question des frontières », a tenu à préciser l’auteur qui met quiconque au défit de prouver le contraire.
«J’ai passé plus de 10 ans de recherches sur la nature de nos frontières : de l’historique de sa création à la démarcation en passant par sa délimitation pour comprendre d’où nous venons et où en sommes-nous et comment nous avons eu ce territoire, un patrimoine sacré », a révélé le professeur Kalala avant de préciser que «les amis Rwandais qui tiennent ces propos, c’est par ignorance. On ne pouvait pas faire des frontières avec le Rwanda, parce qu’on ne le connaissait pas à l’époque. Les Allemands étaient intransigeants. Ils ne voulaient pas que l’on touche à l’intégrité territoriale du royaume du Rwanda. C’est au nom de ce principe que nous avons récupéré l’ile d’Idjwi », révèle-t-il.
Selon lui, les frontières qui ont été tracées respectent les limites de l’ancien royaume du Rwanda.
Le jeu du Rwanda est connu de tous. Tous ces alibis, protection des communautés marginalisées, la menace des ADF, etc., ne sont que des faux-fuyants. Cette guerre est économique.
«S’il y a des amis rwandais qui pensent qu’il y a leur portion des terres au Congo, ils doivent nous dire s’il s’agit de quelle terre ? Sur le plan intellectuel et technique », «nous sommes prêts», a martelé le prof Tshibangu.
Dans sa méthodologie pédagogique, le professeur Tshibangu a fait un survol historique depuis la Conférence de Berlin de 1885, affirmant que les frontières de la RDC n’étaient pas fixées au cours de cette rencontre et qu’à ce jour « la RDC n’a de conflit frontalier avec aucun de ses voisins », avant de donner les indications de la frontière de la RDC avec chaque voisin.
Avec l’Angola (2.525 km), la Zambie (2.100 km), la Tanzanie (492 km), le Burundi (205 km), le Rwanda (213 km), l’Ouganda (817 km), le Soudan du Sud (787 km), la RCA (1.100 km) et le Congo Brazzaville (1.544 km).
«A la Conférence de Berlin de 1885, il n’a jamais été question des frontières. Les 14 pays réunis ont traité de la liberté de commerce, la libre navigation et circulation dans le bassin du Congo et les règles à mettre en place pour l’occupation des territoires », a expliqué le professeur Tshibangu Kalala, avant de préciser que « les 38 articles du Traité de Berlin sont explicites à ce propos ».
Face à ces velléités, «nous devons être prêts à défendre notre territoire avec une armée dissuasive. Si quelqu’un veut revendiquer quoi que ce soit, nous allons répondre », rappelle le professeur Tshibangu.
Sur la question des «Rwandophones » – terme qu’il juge inapproprié – le professeur Tshibangu Kalala veut le bannir du discours habituel : «Il n’existe aucune tribu qui s’appellerait rwandophone. Il n’existe que de Tutsi et des Hutu congolais ». Ce qu’a appuyé le ministre de la Communication et Médias : «Tous, nous avons été entraîné dans une erreur. Il n’existe pas un peuple rwandophone au Congo ».
Pour protéger les frontières de la RDC, le professeur Tshibangu Kalala a plaidé pour la mise en place des bornes partout tout au long des frontières de la RDC.

Tighana MASIALA