Pourquoi maintenant ?

L’expulsion des réfugiés congolais et burundais en Tanzanie décidée (non encore effective) par la présidente Samia Suluhu Hassan soulève bien des questions. La successeuse de feu John Magufuli Pomba a clairement indiqué au chef d’état-major de l’armée de son pays son intention d’expulser de son territoire les réfugiés congolais et burundais. Ils seraient au nombre d’environ 250.000. Raisons invoquées : contraintes économiques et menaces sécuritaires d’une part, et le laxisme du HCR d’autre part. Sachant qu’au terme de la convention des Nations Unies sur les réfugiés, les retours de réfugiés se font sur une base volontaire, la brusque saute d’humeur de la présidente tanzanienne appelle nécessairement des questionnements dont celle de savoir pourquoi maintenant ?

De tout temps, le pays de Julius Nyerere a été un havre de paix à l’hospitalité légendaire. Les camps des réfugiés établis principalement dans la partie occidentale de la Tanzanie aux limites de l’Ouganda, du Rwanda, de la RD Congo et du Burundi y sont implantés depuis plusieurs décennies. Tous les soubresauts consécutifs aux conflits communautaires dans ces pays ont déversé leurs lots de réfugiés dont la plupart se sont intégrés dans la communauté tanzanienne parfois depuis deux générations.

Contrairement à l’Angola qui a connu un quart de siècle d’une guerre de libération suivie d’une guerre civile, et qui expulse souvent des ressortissants congolais dans des conditions inhumaines, la Tanzanie est restée longtemps la terre d’asile par excellence.

Alors pourquoi maintenant, et singulièrement au lendemain de l’investiture du Chef de l’Etat congolais réélu ? Sachant que les milieux d’origine des réfugiés congolais en Tanzanie sont encore sous occupation de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda, exiger de force leur retour est ni plus ni moins un crime de non assistance de personne en danger, d’une part. Pire, ce serait envoyer à l’abattoir des victimes expiatoires.

De l’autre, la Tanzanie et la RD Congo étant membres de l’East African Community (EAC), la décision de Dodoma reste d’être mal perçue au moment où le froid entre Nairobi et Kinshasa n’ont pas dissipé le froid régnant entre les deux capitales. Une éventuelle fâcherie entre Tshisekedi et Samia Suluhu Hassan serait tout, sauf de bonne augure. En attendant la réception à la Cité de l’Union de l’Union africaine de la cheffe d’Etat tanzanienne qui a séché la cérémonie d’investiture de son homologue congolais.

Econews