Présidentielle 2023 : Katumbi face au dernier verrou de la Cour constitutionnelle

Après le dépôt en deux temps du dossier de candidature à la présidence de la République de Moïse Katumbi, leader du parti Ensemble pour la République par le truchement de ses mandataires (Christian Mwando, Mes Hervé Diakese et Laurent Onyemba…), les commentaires vont bon train dans les milieux de ses détracteurs. Tout d’abord, la CENI ne reçoit pas le dossier sous prétexte que la loi électorale n’admet pas les copies, même certifiées. Le temps de se transporter par jet privé à Lubumbashi et de ramener enfin les originaux, tout est rentré dans l’ordre ce mercredi 4 octobre. Malgré tout, et contrairement à la dizaine d’autres candidats qui à ce jour avaient rempli leur formalité auprès de la centrale électorale, toute l’attention des radicaux pro-régime se focalise sur la personne de l’ancien gouverneur du Katanga, supputant autour de son certificat de nationalité qui, selon eux, sera indéniablement retoqué par la Cour constitutionnelle à qui revient la compétence de valider en dernier ressort les candidatures.

Le piège des originaux a été déjoué ! Moïse Katumbi sera bel et bien candidat à la présidentielle de décembre prochain. C’est avec une équipe de mandataires menée par son directeur de cabinet, Olivier Kamitatu, que Moïse Katumbi a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle du 20 décembre 2023.

Moïse Katumbi vient de gagner le premier round. Il lui reste cependant à franchir la dernière étape qui se jouera à la Cour constitutionnelle pour l’officialisation définitive de sa candidature.

D’ores et déjà, sur son compte X (ex-twitter), le chairman d’Ensemble pour la République, en itinérance dans le Katanga profond, donne le sens de son engagement à la course présidentielle : «Ma candidature vise à restaurer l’intégrité de notre territoire, la grandeur de notre pays et à redonner sa dignité, sa fierté au peuple congolais en cultivant le sens de la réussite et de la responsabilité».

AUTHENTICITE DU CERTIFICAT DE NATIONALITE

Certaines langues pensent que le chairman d’Ensemble pour la République pourrait être recalé à l’étape finale de la Cour constitutionnelle en raison de son certificat de nationale, dont l’authenticité poserait problème. Une version que balaie d’un revers de main son porte-parole, Me Hervé Diakiese.

Selon Me Hervé Diakese, haut cadre d’Ensemble pour la République et porte-parole de Moïse Katumbi contacté au téléphone par Econews, «le certificat de nationalité est un document à caractère permanent. En clair, il n’est nullement limité dans le temps. Il CERTIFIE  la nationalité d’un individu. Contrairement au casier judiciaire qui est EXTRAIT D’UN REGISTRE et donc susceptible d’évoluer au gré des démêlés judiciaires éventuels de son titulaire ».

Quant à l’avis définitif attendu de la Cour constitutionnelle sur lequel misent les détracteurs du Chairman, et qui le disqualifierait d’office, Me Diakese balaie l’argument d’un revers de main : «C’est un argument basé sur l’arbitraire le plus abject qui pose déjà les jalons de la tricherie. A moins que par impossible, la Haute Cour ne se  prévale du droit taliban. Ce qui serait lui faire injure», a-t-il fait remarquer sur un ton moqueur.

VOLTES-FACE ET ANTÉCÉDENTS JUDICIAIRES

Pour comprendre l’acharnement dont fait l’objet le candidat Katumbi, il faut remonter à sa défection du camp présidentiel en 2015. Le pays se prépare dans l’incertitude à l’organisation des élections générales en décembre 2016. Mais le président Joseph Kabila, dans son mutisme légendaire ne daigne pas se prononcer sur ses ambitions de briguer un troisième mandat successif.

Dans la capitale, Kinshasa et les grandes villes, la tension est à son comble. Des manifestations «pacifiques» sont violemment réprimées, tandis que Washington, Bruxelles et Paris accentuent les pressions sur le chef de l’Etat congolais qui reste de marbre.

Mais tout bascule quand, le 23 décembre 2014, Moïse Katumbi, alors un haut cadre du PPRD, parti présidentiel et gouverneur du Katanga depuis 2017, appelle à Lubumbashi le peuple congolais à «ne pas autoriser que soit tiré un troisième penalty». C’est le tollé général. Il démissionne du parti et de sa fonction de gouverneur.

Parti en exil, et faisant l’objet d’un mandat international qui ne sera jamais exécuté, il ne peut regagner le pays pour participer à la présidentielle de 2018.

La suite est connue. Sa vie politique s’accélère entre son alliance avec Martin Fayulu au sein de Lamuka, avant de s’en détourner pour rejoindre le camp de l’Union sacrée instituée par Félix Tshisekedi élu président en décembre 2018, parvenant à placer trois ministres au gouvernement Sama Lukonde. Avant de tourner à nouveau casaque pour voler de ses propres ailes porté par son parti, Ensemble pour la République.

UN QUATUOR QUI SE DEMARQUE

Au moment où nous mettions sous presse, pas moins d’une douzaine de candidatures à la présidentielle de décembre ont été formellement  déclarées à la CENI. Quatre d’entre elles se détachent nettement de l’ambiance générale et sont susceptibles d’inquiéter la lourde machine du président-candidat favorisée par la participation de la quasi-totalité de l’appareil gouvernemental usant sans vergogne des moyens de l’Etat.

Moïse Katumbi, Matata Ponyo, Denis Mukwege et Martin Fayulu, continuent encore à y croire et appellent à un scrutin transparent et apaisé. C’est à ces seules conditions que le pays pourrait connaître une seconde alternance civilisée. Des conditions encore à inscrire dans l’ADN vicié d’une classe politique atypique.

Econews