Présumé déploiement du M23 à Bangui : le Parlement centrafricain pressé de clarifier cette énigme

A Bangui, capitale de la Républicaine centrafricaine, le présumé déploiement des rebelles du M23 le long de la frontière avec la RDC, comme révélé par l’ambassadeur de la RDC à Bangui, suscite des commentaires en sens divers. Ancien chef de l’Etat centrafricain, Ferdinand-Alexandre N’Guendet, a, dans une correspondance adressée au président de l’Assemblée nationale centrafricaine, exigé la «mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire relative à la déclaration de l’ambassadeur de la République Démocratique du Congo en Centrafrique sur la présence des rebelles du M23 jalonnés tout au long de la frontière de la République Démocratique du Congo et la République – Centrafricaine». Intégralité de sa correspondance.
Note à la haute attention du très honorable Simplice Mathieu Sarandji, président de l’Assemblée nationale

Monsieur le Président,
J’ai l’insigne honneur de venir, par la présente, porté à votre connaissance le risque grave d’une crise sécuritaire entre notre pays la Centrafrique et le pays frère qu’est la République Démocratique du Congo.
En effet, depuis plusieurs mois nos militants de différentes localités des préfectures de l’Ombella M’Poko, du Mbomou, de la Basse Kotto ainsi que d’autres localités situées tout le long du fleuve Oubangui nous informaient de la présence importante sur le sol centrafricain d’éléments armés non-conventionnels en provenance de la République Démocratique du Congo (RDC) manifestement des hommes du M23.
Cette information crédible, car recoupée manifestement plusieurs fois vient d’être confirmée officiellement par son Excellence Monsieur l’Ambassadeur de la République Démocratique du Congo accrédité en Centrafrique datée du 23 septembre 2022 intitulée « la RDC serait-elle encerclée par le Rwanda à partir de la RCA ? ».
Déclaration officielle de la Chancellerie de la RDC appuyée par les faits et inquiétudes que relève une note de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) en date du 27 septembre 2022 de référence 05/54/ANR/DSI/S-UB/371/2022 et émanant de Monsieur Valentin Malika Kamundala, Administrateur adjoint directeur principal a.i. du renseignement pour la province du Sud-Oubangui.
De prime abord, je me dois de rappeler que le groupe rebelle congolais M23 qui a endeuillé l’Est de la RDC a été identifié par forces organisations non-gouvernementales de défense des droits humains dont Human Rights Watch (HRW) comme responsable de crime de guerre commis à grande échelle, y compris des exécutions sommaires, des viols et des recrutements de forces.
Après une période sans activité de la part du M23, depuis novembre 2021, l’Est de la RDC enregistre à nouveau des regains de violences, des résurgences de combats impliquant ledit groupe armé.
Ce qui semble se présenter comme le début de redéploiement militaire massif du M23 en territoire centrafricain devrait nous inquiéter au plus haut point et être étudié et analysé avec sérieux par les autorités nationales. Le triste et malheureux exemple de la LRA ougandaise redéployée dans l’Est de la République Centrafricaine devrait nous donner à réfléchir et à nous inviter à faire preuve de vigilance active.
Monsieur le Président, comme vous ne l’ignorez pas, il est du devoir constitutionnel de la représentation nationale de contrôler l’action gouvernementale et ce, par différents outils qui s’offrent à elle dont les missions d’enquête parlementaire. C’est d’autant plus régnant quand il s’agit, comme c’est le cas ici, de questions relevant de la Sécurité nationale et de la fructification de la bonne entente diplomatique avec un pays frère, en l’occurrence la République Démocratique du Congo.
Aussi, eu égards à tout ce qui précède, Monsieur le Président, nous demandons :

  1. La mise en place dans les plus brefs délais d’une commission d’enquête parlementaire sur le redéploiement des forces du M23 en territoire centrafricain, tout en suggérant de solliciter l’appui et l’expertise de l’UA, de la CEEAC, de la CEMAC, et de la CIRGL.
  2. L’interpellation du gouvernement par l’Assemblée nationale afin qu’il organise prestement le rapatriement, sous contrôle des forces de la MINUSCA, des éléments du M23 déjà installés sur le sol centrafricain.
  3. La mise sur pied d’une diplomatie parlementaire particulièrement dynamique devant déboucher sur l’activation d’une force mixte FACA/FARDC dans les zones frontalières menacées par la présence des groupes armés du M23.
    En attendant que cette présente puisse trouver bonne fortune auprès de votre autorité, Monsieur le Président, je vous prie d’agréer à l’assurance de ma considération distinguée.
    Ferdinand-Alexandre N’Guendet
    Ancien chef de l’Etat de la Républicaine centrafricaine