Principaux égorgeurs du Nord-Kivu, les ADF sèment la terreur au cœur de Kampala, en Ouganda

Six morts, dont trois kamikazes, 33 blessés dont six grièvement et des véhicules endommagés. C’est le bilan de deux expositions des bombes mardi dans le centre-ville de Kampala, en Ouganda.

Selon les autorités ougandaises, ces attaques sont liées aux rebelles ADF, très actifs dans la partie nord de la République Démocratique du Congo où ils continuent à endeuiller la province du Nord-Kivu.

«Deux kamikazes ont également été filmés par des caméras de vidéosurveillance. Ils étaient à moto et déguisés en conducteurs de Boda Boda. Ils ont fait exploser les bombes qui les ont tués sur place le long de l’avenue du Parlement», a déclaré Fred Enanga, porte-parole de la police ougandaise.

D’après lui, les services de sécurité ont également vu les images d’un homme qui s’est fait exploser, se tuant sur le coup. «Deux autres personnes sont mortes dans l’attaque du CSP», a-t-il révélé, ajoutant que les services de renseignements ougandais indiquent qu’il s’agit de groupes terroristes nationaux liés aux ADF.

Fred Enanga a toutefois rassuré les Ougandais, leur disant que la police fera de son mieux pour empêcher toute nouvelle attaque meurtrière dans les jours à venir. «Nous vous demandons d’être vigilants afin que nous puissions combattre cette menace […] Il y a une menace pour la vie de tous les Ougandais de la part d’un ennemi que nous connaissons tous. Travaillons ensemble pour combattre cette menace».

Les ADF continuent à tuer dans le Nord-Kivu

Après ces attaques terroristes, la psychose a gagné le centre-ville de Kampala. Des autorités ougandaises ont donné l’ordre à la population de quitter le centre-ville, bouclé toute la journée.

Parallèlement aux attaques terroristes de Kampala, en RDC, les ADF continuent à charrier la mort dans la province du Nord-Kivu.

Un nouveau carnage attribué aux rebelles ADF a fait, vendredi dernier, au moins 38 morts dans le Nord-Kivu. Un lourd bilan auquel s’ajoutent lundi une vingtaine de tués dans les provinces voisines de l’Ituri et du Sud-Kivu.

De premières informations avaient fait état vendredi d’au moins cinq personnes tuées et plusieurs prises en otages dans la nuit dans l’attaque d’un hôpital à Kisunga, dans le territoire de Beni (Nord-Kivu). Les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF en anglais) qui, selon l’armée, multiplient les attaques contre des centres hospitaliers et pharmacies pour s’approvisionner en médicaments, étaient immédiatement accusés.

Ce bilan a été «réévalué à 38 morts après la découverte de nouveaux corps sur l’axe Kamwanga–Kibasiamwagha», deux villages voisins, a indiqué lundi sur Twitter le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST en anglais), qui dispose d’experts sur le terrain. La Croix-Rouge locale a également compté 38 morts au total dans les trois villages.         Selon le KST, «il s’agit de l’attaque (des ADF) la plus meurtrière depuis celle de Boga et Tchabi dans la nuit du 30 au 31 mai  2021», dans la province voisine de l’Ituri, qui avait fait 57 morts.

Mesure exceptionnelle

«Les corps étaient pour la plupart ligotés et les cous tranchés à la machette», a expliqué Samy Kaleverwa, responsable de la Croix-Rouge locale chargée de la recherche et de l’enterrement des corps.     «Nous n’avons pas encore terminé les recherches des cadavres dans la brousse», a-t-il ajouté.

«Nous avions alerté les forces de sécurité sur la présence des ADF dans la zone. Mais, il n’y a eu aucune réaction jusqu’à ce massacre », a déploré Moïse Kiputulu, président de l’organisation Nouvelle société civile du Congo à Bashu, en territoire de Beni.

Ces morts s’ajoutent à «au moins 1.137 civils tués au Nord-Kivu et en Ituri depuis le début de l’état de siège, le 6 mai », selon le KST.

Cette mesure exceptionnelle prise par le président Félix Tshisekedi a pour objectif de lutter contre les groupes armés sévissant depuis plus de 25 ans dans la partie orientale du pays, notamment les ADF qui sont les plus meurtriers. Les autorités civiles y ont été remplacées par des officiers de l’armée et de la police.

A l’origine, les ADF étaient une coalition de groupes armés ougandais, dont le plus important composé de musulmans, opposés au régime du président Yoweri Museveni. Ils sont installés depuis 1995 dans l’Est congolais, où ils ont fait souche.

Depuis avril 2019, certaines de leurs attaques sont revendiquées par l’organisation État islamique qui désigne le groupe comme sa «Province d’Afrique centrale». En mars dernier, les États-Unis ont placé les ADF parmi les «groupes terroristes» affiliés aux djihadistes de l’EI.

Econews