«Procès politique» contre Biselele : ACAJ et Me Kapiamba dénoncent une justice aux ordres

Si une vieil adage rappelle que la justice élève une nation, en République Démocratique du Congo, c’est tout le contraire. En effet, au regard de différentes affaires portées devant les instances judiciaires, on se rend bien compte que la justice reste encore et toujours inféodée à la politique. Où est donc cet Etat de droit tant vanté où seule la force revient à la loi? Où est passée cette justice équitable devant laquelle tous les Congolais sont censés être égaux devant la loi et bénéficient pleinement de leur droit ? En RDC, le fonctionnement de l’appareil judiciaire est en déphasage avec les principes élémentaires d’un Etat de droit. Bref, c’est le monde à l’envers. Fervent défenseur des droits de l’Homme, Me Georges Kapiamba, président de l’ONG ACAJ (Association pour l’accès à la justice) n’a pas caché sa colère face aux graves dérives d’une justice qu’il dit être aux ordres. Et Me Kapiamba a des arguments pour justifier sa thèse. Le samedi 28 mai 2023 devant la presse, réunie au siège d’ACAJ, pour faire le point de la situation des droits de l’Homme en RDC, Me Kapiamba en a profité pour égratigner cette main noire qui a pris en otage l’affaire Biselele, du nom de l’ancien conseiller privé du Président de la République. Voici le plaidoyer de Me Georges Kapiamba.

Le procès Fortunat Biselele, du nom de l’ancien conseiller privé du Chef de l’Etat n’a rien de politique. C’est le point de vue, défendu bec et ongles par ses avocats alors que celui qu’on surnomme « Bifort » croupit injustement à la prison centrale de Makala.
Devant une justice, qui peine à dire le droit – dans le strict respect des prescrits de la loi – les avocats de l’ex-conseiller privé du Président de la République ont soulevé des preuves  d’un «acharnement » contre leur client.
En effet, ils ont constaté avec stupéfaction que, lors de l’audience du vendredi 26 mai 2023, le magistrat instructeur qui l’avait reçu au Tribunal de Grande Instance de la Gombe n’était autre que M. Éric Kuku Kiese, membre du cabinet du Président de la République où il exerce les fonctions de coordonnateur adjoint à la Coordination en charge de la jeunesse et lutte contre les violences faites aux femmes.
«C’est lui qui fait office de Ministère public au procès avec une emprise vraisemblable sur la juge présidente Sina Mukenge», déclare un membre du collectif des avocats.
Décidément, la défense de Fortunat Biselele pense – avec raison d’ailleurs – que tout est boutiqué pour clouer leur client.
Qui pis est, les avocats de Bifort Biselele ne s’expliquent pas, qu’en pleine audience, M. Kuku Kiese se soit permis de contredire la juge présidente pour avoir ouvert la chambre du Conseil, lui intimant, pince sans rire, l’ordre de la fermer et de rouvrir la chambre foraine sans que la récusation de la juge ne soit prise en compte.
«Le tout, devant le ministère public très autoritaire s’exprimant assis, refusant de se mettre debout devant la cCour, un vrai scandale judiciaire, une grave violation de la vision du Chef de l’Etat sur l’instauration de l’Etat de droit», assènent les avocats de Biselele Kayipangi.
Fervent défenseur des droits de l’Homme, Me Georges Kapiamba et son ONG, ACAJ, ont, samedi devant la presse, dénoncé une justice aux ordres qui ternit à tout point de vue l’image d’un Etat de droit. Son plaidoyer va au-delà de Fortunat Biselele. En réalité, il prend en compte tous les opprimés qui souffrent d’une justice au rabais, totalement instrumentalisé par la politique.

Econews