Screenshot 20251208 112422

Quand Félix-Antoine Tshisekedi brise un chantage qui dure depuis plus de 20 ans ! (Tribune)

Pour la première fois depuis plus de deux décennies, le scénario bien rodé qui permettait à Paul Kagame d’imposer son rapport de force à la RDC s’est grippé. Face au retour du M23, aux pressions internes et internationales, Félix-Antoine Tshisekedi a refusé la mécanique habituelle : celle d’une défaite simulée, suivie d’accords secrets offrant au Rwanda l’influence stratégique sur l’Est du Congo. En disant non aux arrangements occultes et au chantage récurrent, le Président de la République a fait voler en éclats un système qui, depuis 2007, se répétait comme une pièce de théâtre macabre. Une rupture qui explique, aujourd’hui, la colère affichée de Kigali — et qui rebat les cartes d’un conflit où se joue rien de moins que la survie de l’État congolais. Point de vue d’un analyste indépendant.

2007, 2012, 2025. À chaque fois, le même scénario s’est joué, comme une pièce remise au programme avec seulement quelques changements de costume.

Paul Kagame lançait ses troupes ou ses groupes armés en RDC, semant la mort, le pillage et la panique, puis s’asseyait, en surplomb, devant la table des négociations.

Et, à chaque fois, il obtenait l’essentiel de ce qu’il cherchait.

Le mécanisme était presque toujours identique. Sur le devant de la scène, un mouvement armé «congolais », AFDL, RCD, CNDP, puis M23, avançait, prenait des villes, humiliait l’État.

Dans les coulisses, Kigali tirait les ficelles. Une fois le rapport de force établi, venait l’heure des pourparlers : à Kinshasa, on organisait une défaite spectaculaire de ces groupes, on mettait en scène leur reddition, on annonçait au peuple une « victoire » de l’Armée Nationale.

Mais cette victoire n’était, bien souvent, qu’un décor de théâtre.

Car, derrière ce paravent, se signaient des accords discrets, jamais vraiment assumés, qui cédaient à Kigali ce qui comptait réellement : une influence décisive sur le contrôle sécuritaire, militaire et économique de l’Est du Congo.

Les groupes armés, eux, étaient sacrifiables. Kagame les abandonnait sans états d’âme, comme on se défait d’un pion devenu encombrant, parce que le but stratégique, lui, était atteint.

Le pouvoir en place à Kinshasa pouvait se présenter en vainqueur ; dans la réalité, le Rwanda consolidait, cycle après cycle, sa mainmise sur une région cruciale.

TSHISEKEDI À DIT NON !

C’est précisément ce script-là qui n’a pas fonctionné avec Félix Tshisekedi. Lorsque le M23 est revenu, lorsque Goma et Bukavu ont été à nouveau menacées ou frappées, lorsque la pression ecclésiastique s’est mise en branle pour arracher encore un « dialogue », alors qu’un ancien Président avait le toupet de s’installer à Goma pour faire chanter toute une Nation, le schéma ancien aurait voulu que Kinshasa finisse par céder, en échange d’une victoire de façade. Or, cette fois, le Chef de l’État a refusé l’échange : pas de simulacre de triomphe contre une soumission de fait de l’Est du pays aux intérêts Rwandais.

C’est là que réside la clé de la colère actuelle de Paul Kagame. Il n’a pas, avec Tshisekedi, ce qu’il a obtenu avec ses prédécesseurs : un arrangement qui lui laisse le contrôle stratégique tout en offrant à Kinshasa une communication victorieuse à présenter à l’opinion. D’où ce ton plus direct, plus acerbe, et ce choix étonnant, presque révélateur, de parler parfois à la première personne pour le M23, comme s’il assumait ouvertement ce qu’il feignait autrefois de tenir à distance. Il ne veut plus sacrifier ce mouvement comme les précédents, parce que, cette fois, le fruit politique et économique n’est pas tombé dans sa main.

Certes au pays où on croule sous la pauvreté, il est facile de tout confondre : pour autant, il y a une différence être les critiques légitimes de la gestion du pays, les rivalités politiques internes, et ce qui touche, plus brutalement, à la survie même de l’État Congolais. On peut s’opposer au pouvoir, le contester, exiger des comptes : cela fait partie de la vie politique normale.

Mais il y a une ligne rouge que l’on franchit lorsqu’on contribue, consciemment ou non, à offrir du terrain aux agresseurs, à banaliser leurs récits, ou à relativiser leur rôle dans la dislocation du Pays.

On ne s’allie pas, même par calcul, avec ceux qui travaillent à la fragmentation de sa propre Patrie.

C’est pour cela que nous soutenons, dans cette séquence précise, le Chef de l’État et l’ensemble des Institutions de la République, en particulier notre Armée et nos Services de Sécurité.

Il ne s’agit pas d’absoudre leurs faiblesses, ni de nier les manquements, mais de reconnaître qu’ici, la question dépasse les hommes et les mandats : elle touche à l’existence même de la République Démocratique du Congo.

CP

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *