Quand Washington tonne, le M23 et l’armée rwandaise se retirent

Nous sommes le dimanche 4 décembre 2022, le président rwandais, Paul Kagame, reçoit un appel téléphonique du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui l’oblige à ordonner à ses troupes qui opèrent sous couvert des terroristes de M23 à se retirer de la RDC. Kagame hésite et finit par se plier. 48 heures après, le M23 annonce, dans un communiqué publié mardi en anglais, le retrait de ses troupes des positions qu’il occupe dans le territoire de Rutshuru et se dit prêt à adhérer au consensus de Luanda qu’il a boycotté quelques jours auparavant. Qu’est-ce à dire ? En réalité, on sait désormais d’où Kagame tirait toute sa force. A l’échelle internationale, les rapports des forces se penchant désormais en faveur de la RDC, les maîtres à penser du président rwandais l’ont obligé à se replier. Les masques sont finalement tombés. Seul, le président Paul Kagame ne représente rien. Il agit par sous-traitance. Et lorsque Washington a tonné, lui et ses acolytes de M23 se sont alignés, acceptant de libérer les zones conquises. Ainsi sonne la glas de celui qui se croyait tout permis, semant la mort et la désolation dans l’Est de la RDC.

Comme en 2013, lorsque les rebelles de M23 ont été défaits et neutralisés, un appel, venu des Etats-Unis, a suffi pour que le président rwandais, Paul Kagame, et ses marionnettes de M23 comprennent que leurs jours sur le sol congolais était désormais compté.

Dimanche, le président Paul Kagame reçoit un appel du secrétaire d’Etat américain, autrement dit le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. Des instructions lui sont clairement données de s’inscrire dans le processus de paix dans l’Est de la RDC qui se négocie simultanément à Luanda et à Nairobi.

Depuis Washington, le ton est martial

Décrypté en français par le Département d’Etat américain, le message de Blinken à Paul Kagame, traduit par son porte-parole, Ned Price, est rendu en ces termes : «Le secrétaire d’État Antony J. Blinken s’est entretenu hier (Ndlr: dimanche 4 décembre 2022) avec le président rwandais Paul Kagame pour discuter de l’importance de la paix et de la stabilité dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Le secrétaire Blinken a exprimé son ferme soutien à la médiation et au dialogue au niveau régional sous l’égide de l’Angola et de la Communauté d’Afrique de l’Est. Il a souligné la nécessité de progrès concrets en ce qui concerne les engagements pris au cours de ces discussions et leur mise en œuvre, en particulier le communiqué du mini-sommet de Luanda du 23 novembre sur la paix et la sécurité. Le secrétaire Blinken a clairement indiqué que tout soutien extérieur à des groupes armés non étatiques en RDC doit cesser, y compris l’assistance du Rwanda au M23, un groupe armé qui a fait l’objet d’une désignation par les États-Unis et les Nations Unies. Le secrétaire Blinken a également fait part de sa profonde inquiétude quant à l’impact des combats sur les civils congolais qui ont été tués, blessés et déplacés de leurs foyers. Le secrétaire Blinken a condamné la résurgence du discours de haine et de l’incitation publique à la haine à l’encontre des communautés rwandophones, et rappelé les conséquences réelles et horribles de ce type de rhétorique par le passé».

Panique à Kigali

Directement, à Kigali, c’était la débandade jusqu’à amener le pouvoir en place à indiquer la communauté internationale, sans doute visant les Etats-Unis, s’est trompé des enjeux en présence dans la région des Grands Lacs.
Quoi qu’on dise, l’ordre a été clairement donné à Paul Kagame de rappeler, dans le plus bref délai, ses troupes opérant sur le sol congolais.
Le maître ayant ordonné, Kigali a donc réagi. Ainsi, contre toute attente, dans un communiqué publié mardi, les terroristes de M23, qui se disaient non concernés par le consensus de Luanda, ont accepté de rétirer leurs troupes des zones occupées dans le territoire de Rutshuru. En réalité, ce n’est pas le M23 qui se retire, mais c’est plutôt- les troupes rwandaises qui battent en retraite parce que le grand parrain, les Etats-Unis, n’adhérent plus à la logique belliqueuse de Kigali.

Quelle leçon retenir de cet épisode ? Véritablement, le président Paul Kagame est un homme seul. Il n’inspire plus confiance. Tous ceux qui l’ont soutenu dans son entreprise de crispe en RDC l’abandonne. C’est la fin d’un cycle; celui qui va finalement ramener une paix durable dans la région des Grands Lacs.

Econews