Quatre semaines après l’assassinat de Chérubin Okende, silence total des autorités

La famille de Chérubin Okende veut la vérité. Pourquoi ce silence des autorités si promptes à parler et accuser il y a quelques semaines ?
Le 13 juillet dernier à l’aube. Un puissant 4X4 était découvert à quelques centaines de mètres de la Gare centrale de Kinshasa.
Le moteur tournait encore. À son volant, le corps sans vie de Chérubin Okende, ex-ministre des Transports du gouvernement du Premier ministre Sama Lokonde, député national et porte-parole du parti Ensemble pour la République de l’opposant Moïse Katumbi.
Quatre semaines après cette découverte, la famille du défunt attend toujours les éléments qui lui permettront d’espérer l’explosion de la vérité dans ce dossier criminel.
«On sait évidemment que rien ne nous ramènera Chérubin Okende, mais l’obtention de la vérité, si elle ne pansera pas les plaies de sa veuve, de ses enfants, de ses amis, permettra au moins d’essayer de comprendre comment, pourquoi et surtout qui a commandité et qui a tué », explique Maître Laurent Onyemba, l’avocat de la famille de M. Okende.
Quatre semaines après la découverte du corps, près d’une semaine après l’autopsie, menée le 4 août en présence notamment d’un expert sud-africain et d’un expert des Nations unies, «on est toujours dans l’expectative », enchaîne l’avocat qui avait été l’un des premiers à souligner le comportement pour le moins étrange du Procureur général près la Cour de cassation qui, en pleine enquête, avait fait des déclarations publiques sur l’éventuel modus operandi de ce meurtre. L’homme avait expliqué que Chérubin Okende avait été tué par une balle tirée par un revolver retrouvé dans l’habitacle de la voiture.
Me Laurent Onyemba s’interroge : «Comment pouvait-il savoir cet élément alors qu’aucune autopsie n’avait été réalisée. Pourquoi ce magistrat s’est-il senti obligé de faire ces déclarations ? ».
Des questions qui demeurent sans réponse «mais, qui ont potentiellement détourné l’attention sur la présence de Chérubin Okende à la cour Constitutionnelle quelques heures avant son décès», poursuit l’avocat.
«On détourne l’attention de la venue de Monsieur Okende devant cette Cour et on allume un contre-feu en jetant la lumière sur le garde du corps qui serait le propriétaire de l’arme qui aurait tué M. Okende», continue l’avocat.
«Le garde du corps est devenu ainsi le principal suspect simplement suite aux déclarations sans fondement du Procureur général près la Cour de cassation», explique un membre de la famille de Chérubin Okende qui insiste «sur les liens très forts» qui existaient «entre Chérubin et ce garde du corps».

Quid de l’autopsie ?
L’attitude du Procureur général près la Cour de cassation reste un élément essentiel de cette affaire. Un élément qui perturbe même dans les chancelleries de Kinshasa.
«L’attitude suscite évidemment certaines interrogations», reconnaît un diplomate européen avec toute la… diplomatie due à sa charge.
Depuis vendredi dernier et l’autopsie pratiquée en fin de journée, les éléments de cet examen médical fuitent régulièrement dans tous les cercles du pouvoir et de la dipomatie de Kinshasa. La version du Procureur général est clairement mise en doute par les éléments qui circulent dans les «services» étrangers.
M. Okende a visiblement bien été atteint par un projectile mais celui-ci est-il vraiment la cause du décès ?
«Les experts sud-africains et de la Monusco ont rendu un rapport. Il est entre les mains de la justice congolaise. L’experte belge, envoyée par votre gouvernement, n’a pas participé à l’autopsie. Elle, sa spécialité, c’est le lieu du crime. Elle a donc fait une série de relevés dont on attend aussi toujours les résultats », explique le membre de la famille Okende qui avoue ne pas comprendre « pourquoi la justice congolaise ne communique pas sur cette autopsie… sauf, évidemment, si ces conclusions devaient démentir le scénario qu’on a voulu nous faire avaler ».
Quatre semaines après le crime, après les scénarios annoncés par la justice congolaise, le silence de l’État congolais pose question.
Avec La Libre Belgique Afrique