Révélations du ministre des Finances : le Gouvernement ne reconnaît pas d’arriérés de paiement en faveur de la CENI

S’il y a glissement du cycle électoral au-delà du délai constitutionnel de décembre 2023, la faute ne sera pas au Gouvernement pour n’avoir pas mis de moyens en faveur de la Commission électorale nationale indépendante (Céni). C’est ce qu’il faut retenir du dernier passage sur les ondes de la radio Top Congo Fm du ministre des Finances, Nicolas Kazadi. Main sur le cœur, l’argentier national rappelle avoir honoré toutes les demandes des fonds émanant de la Céni. A ce jour, dit-il, «j’ai payé à la CENI 298 millions USD sur plus de 600 millions USD sollicités pour l’organisation des élections en République Démocratique du Congo». C’est dire que le Gouvernement, pourvoyeur, s’exécute à temps, à Déenis Kadima, président de la Céni, de jouer sa partition – tout en restant dans le délai constitutionnel pour la tenue de prochains scrutins.
Entre le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, et le président de la Céni, Denis Kadima, il y a une guerre froide qui ne dit pas son nom. Et lorsque la Céni alerte, sans citer le Gouvernement, qu’elle est en panne des ressources, c’est l’argentier national qui se charge de le recadrer. Pas frontalement.
Pour répondre subtilement au président de la Céni, le ministre des Finances a choisi le plateau de la très suivie radio Top Congo Fm. En face de lui, le célèbre Christian Lusakueno.
Si le ministre des Finances a abordé plusieurs questions touchant à son ministère, il ne pouvait échapper, en sa qualité du financier de l’Etat congolais, aux multiples alertes de la Céni sur l’assèchement de sa trésorerie. Et à cette question, Nicolas Kazadi n’a pas raté le président de la Céni.
Le Gouvernement accumulerait-il d’arriérés de paiement en faveur de la Céni ? Nicolas Kazadi n’est pas de cet avis.
«Je n’ai pas dans mon bureau une seule demande de paiement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) qui m’est soumise par le ministère du Budget qui ne soit pas exécutée», a-t-il déclaré. Ce qui représente environ 50% du budget électoral de la Céni, tel que transmis au Gouvernement.
Pour preuve, le ministre des Finances reconnaît avoir déjà payé à la Céni près de 298 millions USD. «J’ai payé à la Céni 298 millions USD sur plus de 600 millions USD sollicités pour l’organisation des élections en République Démocratique du Congo (RDC). Nous n’avons pas un problème de capacité budgétaire pour répondre aux éventuelles demandes de la Céni », a-t-il indiqué.
Alors s’il y a glissement de la feuille de route de la Céni, le ministre des Finances pense que les raisons devraient être trouvées ailleurs, non dans l’insuffisance de moyens – en tout en ce qui concerne le Gouvernement.
«Dès lors que j’ai payé tout ce qui m’a été demandé, je suis à l’aise. Je suis convaincu que la Céni, elle-même, n’a pas encore utilisé tout ce qui a été mis à sa disposition», rappelle le ministre des Finances.
Bien au courant des fonds déjà disponibilisés en faveur de la Céni, Nicolas Kazadi est convaincu que la Céni peut bien organiser les élections générales dans le délai constitutionnel.
Quoi qu’il en soit, le ministre des Finances note qu’il n’y a aucune animosité entre lui et le président de la Céni. Ça reste à vérifier ! Car, selon des indiscrétions, le ministre des Finances n’a jamais digéré l’interposition du président de la Céni de mettre la Centrale électorale sous gestion financière du Bureau central de coordination (BCECO). Au nom de l’indépendance, reconnue constitutionnellement à la Céni, Denis Kadima s’était farouchement opposé à la position nettement affichée par le ministre des Finances. Depuis lors, entre les deux personnalités, c’est «je t’aime, moi non plus».

Tighana Masiala