Révisitation du contrat chinois et soutien militaire : Tshisekedi en opération de charme en Chine

A l’invitation du président chinois Xi Jinping, le président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, effectue une visite d’Etat en Chine, du 24 au 29 mai 2023, a confirmé lundi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.
Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, se rend en Chine, du 24 au 29 mai 2023, à l’invitation du président chinois Xi Jinping. Cette première visite du Président Tshisekedi en Chine, apprend-on de la Présidence de la République, vise à relancer, sur de nouvelles bases, le partenariat Chine-RDC.
En effet, Kinshasa a clairement manifesté sa volonté de rééquilibrer le «contrat chinois», signé en 2008 avec un Groupe d’entreprises chinoises, ayant abouti à la création de la joint-venture SICOMINES, entreprise évoluant dans le secteur minier. Cette entreprise a été constituée sur base du principe « Mines contre infrastructures ». La RDC devait mettre à disposition ses ressources naturelles, contre la construction des infrastructures.
Quinze ans après, des enquêtes de l’Inspection générale des finances (IGF) ont révélé que ce contrat était déséquilibré et ne profitait pas aux Congolais. Depuis lors, Kinshasa s’inscrit dans la logique de la révisitation de cette convention de collaboration. Ce qui irrite terriblement Pékin qui n’a pas hésité à le faire savoir via son ambassadeur en RDC.
C’est donc en toute logique que, dans l’étape qui l’accompagne en Chine, le Président a associé Mme la ministre des Mines, Antoinette N’samba Kalambay, et son collègue des Infrastructures, Alexis Gisaro. Parmi les membres de la délégation congolaise, figurent également le ministre en charge de : Défense : Jean-Pierre Bemba; Affaires étrangères : Christophe Lutundula Apala; Aménagement du territoire : Guy Loando Mboyo. Plan : Judith Suminwa; Finances : Nicolas Kazadi; Ressources hydrauliques et Electricité : Olivier Mwenze Mukaleng et Communication et Médias : Patrick Muyaya.
En réponse à une question concernant la visite, Mao Ning, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déclaré lors d’un point de presse que la RDC était un pays important en Afrique, et que la Chine et la RDC entretenaient une amitié de longue date. Depuis plus d’un demi-siècle, les deux parties se soutiennent mutuellement sur des questions liées à leurs intérêts fondamentaux et à leurs préoccupations majeures.
Ces dernières années, les deux pays ont approfondi la confiance politique mutuelle, obtenu des résultats fructueux grâce à une coopération pratique, et coopéré étroitement dans les affaires internationales et régionales. Le président Tshisekedi attache de l’importance aux relations avec la Chine et soutient activement le développement des relations Chine-RDC, a indiqué Mme Mao.
Au cours de la visite, le président Xi organisera une cérémonie d’accueil et un banquet de bienvenue en l’honneur du président Tshisekedi. Les deux chefs d’Etat s’entretiendront et assisteront ensemble à une cérémonie de signature de documents de coopération. Le Premier ministre chinois, Li Qiang, et le plus haut législateur chinois, Zhao Leji, rencontreront respectivement le président Tshisekedi, a indiqué Mme Mao.
Mme Mao a exprimé sa confiance sur le fait que la visite du président Tshisekedi donnerait un nouvel élan au développement global et approfondi des relations entre la Chine et la RDC, et permettrait à leur coopération amicale d’enregistrer de nouveaux résultats.

Les contrats chinois au cœur de la bataille
Quelques jours avant cette visite à Pékin, le Président Félix Tshisekedi avait annoncé, lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, qu’il avait décidé de renégocier la convention de collaboration, signée en 2008 entre l’Etat congolais et un Groupement d’entreprises chinoises.
Le porte-parole du Gouvernement congolais avait diplomatiquement déclaré que «l’objectif visé est de consolider et d’élargir davantage la coopération sino-congolaise en s’appuyant sur des bases saines garantissant le principe du respect mutuel, d’équité et de transparence profitable à la fois au peuple congolais et au peuple chinois ».
Mais l’objectif de Kinshasa est clairement d’obtenir, dans un bref délai, un rééquilibrage de cet accord jugé inégal. Cette convention, signée sous le régime du président Joseph Kabila, est vivement critiquée en République Démocratique du Congo.
La Chine est néanmoins devenue, depuis, le premier destinataire des exportations minières congolaises. Au cours des dernières années, plusieurs rapports d’administrations congolais sur la mise en œuvre de cette convention ont présenté des conclusions jugées alarmantes.
Dans un rapport publié en février dernier, l’Inspection générale des finances (IGF) de la RDC avait dénoncé «une collaboration disproportionnée » et «un important déséquilibre financier » au détriment de la RDC. A cet effet, l’IGF réclamait de la Chine 17 milliards de dollars USD d’investissements supplémentaires pour rééquilibrer cet accord.
A Kinshasa, l’ambassade de Chine en RDC avait critiqué ce rapport, prétendant qu’il n’avait «pas de valeur constructive», était «plein de préjugés», ne correspondant pas à la réalité.
En Chine, ce sont sans doute toutes ces contradictions et malentendus que Félix Tshisekedi tentera de dissiper pour répartir sur de nouvelles bases entre Kinshasa et Pékin.

Econews