Sacré Cardinal Ambongo !

On sait de longue date que l’archevêque de Kinshasa n’a pas sa langue dans sa poche quand il s’agit de donner ses avis sur la gouvernance politique en République démocratique du Congo.

Mais lors de la messe pascale ce dimanche 30 mars, Son Eminence Fridolin cardinal Ambongo s’est surpassé. Et même au-delà. Faisant fi de la présence dans la nef de la cathédrale Notre-Dame du Congo d’officiels et d’acteurs politique de premier plan et comme à son habitude, il n’a pas manié la langue de bois, un exercice qui lui est inconnu.

Face à la guerre qui fait rage dans le Nord-Kivu, il a estimé tout simplement que « le Congo n’a pas une armée » ! Des Congolais rejoignent les rebelles dans l’Est, même à partir de Kinshasa. Eh bien, « c’est parce qu’ici (à Kinshasa), nous continuons à poser des gestes qui blessent les autres, fragilisent la cohésion, excluent les autres du gâteau national ».

Le successeur du cardinal Monsengwo (l’homme du célèbre « Que les médiocres dégagent » !) n’a certes pas cité expressément la nature des gestes qui blessent les autres, mais il n’est pas hasardeux de penser qu’il renvoyait à cette frénésie de jouissance, au train de vie ostentatoire des dirigeants et au pillage et, disons-le, au vu des ressources financières déjà rachitiques au profit d’une oligarchie pressée de s’enrichir. Des gestes qui fragilisent la cohésion (nationale) ?

Le cardinal devait avoir présent à l’esprit – et il n’est pas le seul – les discours haineux, un tribalisme devenu systémique et l’accaparement des leviers du pouvoir par un petit cercle de privilégiés qui tirent la République par le bas par la mise en œuvre de politiques irréalistes. Des gestes qui excluent les autres du gâteau national ?

Il n’est un secret pour personne en effet que la plupart des dirigeants se livrent à une ruée effrénée vers les « carrés miniers » sous la protection des militaires qui auraient été plus utiles ailleurs.

En martelant que « Nous savons tous très bien que notre pays est à l’agonie, un grand malade dans un état comateux », le prélat a mis le doigt là où il ne fallait pas, la déclaration ayant tout l’air de porter un démenti aux propos du chef de l’Etat devant la diaspora congolaise de Mauritanie : « Malgré la guerre, tout va bien au Congo ».

Sacré Fridolin cardinal Ambongo dans sa mission prophétique ! Il reste le seul à oser encore s’exprimer ouvertement sur ce que le grand nombre pense tout bas ! La restriction des libertés individuelles a fini par faire ses œuvres.

Econews