Sanguma T. Mossai : «Il est temps d’investir dans l’éducation de la jeune fille pour l’épargner du mariage précoce…»

Les manifestations prévues dans le cadre de la quinzaine de la jeune fille ont démarré, le week-end dernier, avec la présence remarquée du président ad intérim du Sénat, M.

Sanguma Temongonde Mossai, qui n’a pas hésité non seulement à saluer l’implication de la très distinguée première dame, Denise Nyakeru Tshisekedi, dans la lutte contre les violences faites à la petite fille, mais aussi à honorer les actions du Président de la République, Félix Tshisekedi, «champion de la masculinité positive ».

Le président ad intérim du Sénat a profité de l’occasion pour décourager les jeunes qui adhèrent au projet de mariage précoce avant l’âge de 18 ans. Des propos évoqués par son directeur de cabinet, le professeur Sébastien Kalombo, qui s’est vu ovationné par plus de 500 jeunes filles réunies dans la salle de Congrès du Palais du peuple, lors du lancement de la quinzaine de la jeune fille.

Quinze écoles ciblées dans la ville de Kinshasa participent directement à cette quinzaine de la jeune fille qui va toucher 25.000 élèves, dont 10.000 filles de la capitale.

Lancée par le professeur Sébastien Kalombo, représentant personnel du président ad intérim du Sénat, cette cérémonie était une occasion pour l’ambassadeur spécial pour les droits de l’enfant, Thierry Kasongo Muyumba, de présenter les panelistes dont le colonel Nénette Mukembe, Mme Élodie Ntamuzinda et la jeune porte-parole des enfants journalistes, Dina Lumingu, ainsi que la directrice générale de la RTNC, Sylvie Elenge Nyembo.

Dans le mot qu’il a prononcé pour la circonstance, Thierry Kasongo a signifié aux jeunes filles que le mariage précoce impacte négativement la santé des mères lors de grossesses d’adolescentes à travers le monde.

«Le mariage précoce a un impact négatif à la fois sur la santé physique des jeunes filles et sur leur parcours scolaire potentiel », a-t-il dit.

Causes et effets des mariages précoces

Selon Mme Élodie Nta-muzinda, modératrice régionale du Réseau des femmes d’Afrique francophone, il y a de nombreuses raisons pour lesquelles des peuples approuvent encore ces mariages illicites qui violent les droits humains.

«Les difficultés comme la pauvreté et la misère, sont souvent les raisons pour lesquelles les parents prennent ces décisions désespérées pour «vendre leurs filles », a-t-elle souligné.

«Associés à des conditions de vie précaires et à une mauvaise éducation, il n’est pas surprenant que ces pratiques prévalent encore en Afrique», a-t-elle poursuivi.

Pour sa part, la colonelle Nénette Mukembe a révélé que la majorité des familles pense toujours que les tâches ménagères conviennent mieux aux filles que de fréquenter l’école. «Faux, car moi, je suis aujourd’hui officière supérieure qui accompagne d’une manière professionnelle, le commandant suprême de l’armée et de la police Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Lorsqu’ils sont confrontés à l’horreur de la guerre qui fait rage dans nombre des régions de l’Est du pays, les parents marient leurs filles dans l’espoir qu’elles aient une vie meilleure. Une mauvaise conception», a-t-elle précisé.

«Certains parents utilisent leurs enfants comme un moyen de régler leurs dettes et les affaires de famille », a ajouté Dina Lumingu, porte-parole du Parlement francophone pour adolescents et enfant journaliste de formation en Afrique Centrale.

Selon elle, les petites filles se marient entre 15 et 17 ans. «C’est une terrible tragédie et un frein au développement», pense-t-elle, rappelant que «nous devons encourager avant tout la scolarisation de tous les enfants sans distinction de genre, et cela ne peut être possible que par la gratuité de l’éducation de base imprimée sur une pierre en or par le Chef de l’Etat».

Elle est d’avis que «pour lutter contre la pauvreté, l’État doit améliorer la protection sociale et créer des emplois en promouvant les investissements privés, nationaux et internationaux, afin de diminuer le taux de chômage», tout en abolissant «certaines coutumes qui favorisent les mariages précoces ».

Élodie Ntamuzinda n’a pas manqué, quant à elle, de proposer des pistes de solution pour un meilleur encadrement de la jeune fille : «Voilà pourquoi, il faut sensibiliser les filles aux conséquences des grossesses précoces sur leur scolarisation et leur santé. Il faut aussi les aider à développer leurs compétences et leurs connaissances afin de leur permettre de revendiquer leurs droits, en élaborant bien sûr des projets qui se focalisent sur l’autonomisation des filles et sur le renforcement de leurs capacités, les filles doivent avoir le courage de dénoncer toute sorte des violences dont elles sont victimes ».

Pour cette femme leader et ancienne présidente de la société civile du Sud-Kivu, «il faut instaurer des lois plus sévères pour décourager cette pratique, il faut aussi des commissions de suivi car les mariages précoces sont faits clandestinement. Il ne suffit pas d’instaurer seulement des lois, mais il faut aussi les vulgariser et les appliquer car la non-application des lois favorise cette pratique.»

Econews