Situation sécuritaire au Nord-Kivu : Washington impose un cessez-le-feu de 72 heures

L’annonce d’un cessez-le feu de 72 heures prenant cours le lundi 11 décembre 2023 à midi n’a pas suscité de réaction particulière dans la capitale Kinshasa en particulier et dans le reste du pays, en général. Peut-être en raison de sa provenance et de son caractère pour le moins inattendu. Cependant, à l’analyse, tel que le confirme le communiqué de la Maison Blanche, l’annonce est l’une des retombées de la récente tournée de la Directrice nationale du renseignement américain à Kigali et Kinshasa. C’est aussi une stratégie destinée à geler les positions des belligérants à moins de deux semaines des élections en RD Congo.

D’abord répandue sous la forme d’une simple rumeur dès la mi-journée de ce lundi 11 décembre, et aussitôt répandue sur les réseaux sociaux, les services officiels ont mis du temps avant d’en confirmer la teneur.

Abondamment relayé par les médias proches de Washington, le communiqué de la Maison Blanche faisait état de la suspension des hostilités entre les forces loyalistes et leurs alliés d’une part, et des rebelles du M23 appuyés par le Rwanda d’autre part.

Pour marquer l’importance de la décision américaine, le communiqué émane de la Maison Blanche, et non pas du Département d’Etat. Il y est officié que « Les États-Unis saluent le cessez-le-feu de 72 heures auquel se sont engagées les parties au conflit dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette évolution fait suite aux mesures de confiance obtenues lors du voyage de la directrice du renseignement national (DNI), Avril Haines, les 19 et 20 novembre en RDC et au Rwanda, et à ses entretiens ultérieurs avec les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda».

Ainsi à compter de lundi midi, poursuit le communiqué, les forces armées et les groupes armés non étatiques auraient dû cesser les combats pour faciliter le retrait des forces qui occupaient la localité de Mushaki et la route RP 1030 (Kirolwire-Kitshanga).

Selon le communiqué de la Maison Blanche, la RDC et le Rwanda avaient exprimé leur soutien à la proposition américaine d’un cessez-le-feu de 72 heures pour faire avancer la mise en œuvre des mesures de confiance afin de protéger les civils et désamorcer les tensions dans l’Est de la RDC.

En conclusion, «Le gouvernement américain utilisera ses services de renseignement et ses ressources diplomatiques pour surveiller les activités des forces armées et des groupes armés non étatiques pendant le cessez-le-feu. Les États-Unis sont par ailleurs favorables à la reprise des processus de Nairobi et de Luanda visant à s’attaquer aux facteurs actuels et historiques qui perpétuent cette crise de longue date ».

L’EFFET DU DISCOURS DE BUKAVU

La proclamation de la Maison Blanche est intervenue moins d’une semaine après les propos incendiaires du président congolais lors d’un meeting de campagne électorale à Bukavu (Sud-Kivu), au cours duquel il a comparé le président rwandais à Adolf Hitler, promettant que Paul Kagamé finirait aussi comme le Führer de l’Allemagne nazie. Une déclaration très mal accueillie à Kigali, qui a aussitôt réagi par la mise en alerte de ses troupes.

C’est sans doute pour désamorcer une crise aux répercussions imprévisibles que l’administration Biden a pensé prendre les devants, et assurer un semblant de sérénité à moins de deux semaines des élections générales en RD Congo.

Econews