Soutien de la Société civile à l’accord RDC-Ventora. «Congo n’est pas à vendre » se vide : ODEP et RECIC quittent le collectif

Le collectif « Congo n’est pas à vendre (CNPAV) » a perdu toute sa crédibilité au terme de la tenue, les 13 et 14 avril 2022 à Kinshasa, de la table ronde qui s’est penchée sur l’accord, conclu en février dernier, entre l’Etat congolais et le Groupe Ventora de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler. La Société civile a marqué toute son adhésion à cette initiative. Pas tous. A ce jour, seul CNPAV s’oppose à cette démarche. Dans ses rangs, des dissensions sont visibles. Craignant qu’une pensée unique s’installe au sein du collectif, les ONG ODEP et RECIC ont décidé de quitter le navire CNPAV. Une désillusion qui dévoile les vraies motivations de CNPAV. Les masques tombent !

L’accord, signé en février 2022 entre l’Etat congolais et le Groupe Ventora mettant fin à une bataille judiciaire dont le dénouement était imprévisible, a mis dans tous les états certaines ONG qui passent plutôt pour le relai de Congo Bashing, loin des vrais intérêts de la République Démocratique du Congo.

Après la tenue, les 13 et 14 avril 2022 à Kinshasa, de la table ronde qui a réuni les experts de la Présidence de la République et des acteurs de la Société civile œuvrant dans le secteur des ressources naturelles, les masques commencent à tomber. On comprend aisément ce qui se passe réellement au sein de ces ONG d’une Société, dite civile, mais politiquement engagée.

Bien plus, la déclaration commune des ONG de la Société civile du 16 avril 2022, par laquelle elles saluent unanimement l’accord signé entre l’Etat congolais et le Groupe Ventora, a poussé la plateforme « Congo n’est pas à vendre » à se dévoiler véritablement au grand public.

En réalité, loin de défendre la RDC et ses ressources naturelles, comme elle le prétend, la plateforme CNPAV se fait plutôt le défenseur des intérêts sordides qui n’ont aucun lien avec la République Démocratique du Congo. En réalité, ses intérêts sont plutôt ceux de ses bailleurs occidentaux, représentés par les ONG belges Resources Matters et 11.11.11.

Depuis lors, CNPAV a étalé au grand jour les preuves de sa compromission, ses rangs se vident.

Sur son compte twitter, l’ODEP (Observatoire de la dépense publique) a annoncé officiellement son départ de la plateforme CNPAV. Entre les membres de la plateforme, les divergences ont été telles que l’ODEP a décidé de prendre ses distances. Le coordonnateur de l’ODEP, également président du Conseil de CNPAV, le professeur Florimond Muteba, est le même qui a lu, le samedi 16 avril 2022, la déclaration de la Société civile sanctionnant la fin des travaux de la table ronde des 13 et 14 avril 2022. Les signes de la rupture étaient déjà là.

Pour l’ODEP, plus question de faire route ensemble avec CNPAV. «Nous annonçons notre retrait définitif du collectif d’Ong Le Congo n’est pas à vendre », CNPAV, suite aux divergences profondes d’approches de plaidoyer. Nous restons déterminer à promouvoir la transparence, la redevabilité dans la gestion des finances publiques dans notre pays», écrit l’ODEP sur son compte twitter.

Justifiant son adhésion à l’option levée par l’Etat congolais de négocier avec le Groupe Ventora, l’ODEP note que « l’accord conclu entre Dan Gertler et le gouvernement, dont le but est de récupérer les actifs miniers et pétroliers est un pas vers la bonne direction. Le pays a maintenant la possibilité de récurer ces recettes exceptionnelles et affectées aux projets sociaux ». Et de poursuivre : «La Gécamines pourrait bénéficier de l’usine et des gisements de SOMIDEZ (DEZIWA, obtenus grâce au prêt de Ventora à Gécamines), d’une valeur de plus au moins trois milliards de dollars américains, selon les experts ».

Avant de contredire CNPAV en avançant les chiffres exacts des royalties à payer au Groupe Ventora : «La détermination de la valeur actuelle nette (VAN) des royalties du Groupe Ventora d’environ 154 millions de dollars américains ».

LE PROF MUTEBA DÉGAINE

Président du Conseil d’administration du collectif CNPAV, le professeur Florimond Muteba n’est pas allé par le dos de la cuillère. «Je viens de totaliser 16 mois à la tête du CNPAV. Sous ma direction et sans moyens et dans un bénévolat total nous avons abattu un grand travail. Du point de vue de l’organisation et des résultats, il n’y a aucune comparaison avec le CNPAV 1. », a fait savoir le professeur Florimond Muteba Tshitenge dans sa note partagée aux membres de l’Assemblée générale du CNPAV. Et de fustiger le mal qui ronge CNPAV : « J’ai dénoncé des dysfonctionnements, sans me faire entendre. L’indiscipline, l’intolérance, la calomnie, l’injure facile et j’en passe. Le manque d’un débat démocratique ouvert à la grande majorité silencieuse souvent a abouti à des décisions prises par 3, 4 ou 5 personnes. Par conséquent, je considère que le niveau très élevé des divergences sur la culture de travail, sur la méthodologie de travail, voire sur les orientations idéologiques du CNPAV, ne me permet plus de continuer à siéger au sein du comité de pilotage, encore moins de le coordonner, je démissionne », a-t-il signifié.

RECIC CLAQUE ÉGALEMENT LA PORTE

A l’instar de l’ODEP, le Réseau d’éducation civique au Congo (RECIC) a également décidé, le lundi 18 avril 2022, de quitter la plateforme CNPAV.

Dans la lettre signée par son secrétaire exécutif qu’Econews a pu consulter, le RECIC motive sa décision de retrait par «le climat de méfiance, de dénigrement et la prise en otage de la liberté d’action et de pensée qui règne au sein de la dynamique, le poussant même à s’interroger sur le sens et l’idéologie du combat de la lutte contre la corruption que veut mener actuellement le CNPAV ».

Le RECIC continue en ces termes : « Estimant que le collectif s’écarte progressivement des ambitions qui ont milité à sa création. Considérant une pensée unique qui s’installe au sein du CNPAV et les autres membres par la crainte révérencielle n’ont pas le choix que de se prosterner et de l’accompagner, le RECIC préfère ne plus faire partie de la dynamique ».

Invitant le CNPAV à revenir sur le droit chemin en défendant véritablement le Congo et ses intérêts, le RECIC espère que «son retrait et celui des autres provoquera un vrai débat pour améliorer la dynamique ».

Pendant que le navire CNPAV se vide, des indiscrétions parvenues à Econews rapportent que, pris de panique, les maîtres à penser de CNPAV, à savoir Resources Matters et 11.11.11., ont convié, hier mardi, les membres de CNPAV – en tout cas ce qu’il en reste encore – à une visioconférence sur l’attitude à adopter.

A tout prendre, la dernière table ronde de Pullman Grand Hôtel Kinshasa a mis en lumière ce qui se trame dans certaines ONG de la Société civile qui ont vendu leur âme à l’Occident à des fins totalement contraires aux intérêts réels de la RDC.

Faustin K.