La tension s’est encore accrue entre la RDC et le Rwanda, après la mort d’un soldat congolais à la frontière avec ce pays voisin. Les appels à l’apaisement et les discours de haine se multiplient pour que les civils ne paient pas les frais des paroles de haine.
Mgr Donatien Nshole, secrétaire général et porte-parole de la Commission épiscopale nationale du Congo (Cenco), a déploré l’escalade de la violence et souhaite que les derniers événements n’abîment pas les relations entre les peuples de la RDC et du Rwanda, accusé de tirer les ficelles du mouvement rebelle. Il a pris la parole samedi 18 juin en marge du colloque sur le « Vivre Ensemble », organisé par l’archevêque de Lubumbashi, au micro de notre correspondante Denise Maheho.
Bintou Keita, la cheffe de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC, a quant à elle pris la parole pour rappeler sa préoccupation face à la violence des propos tenus au sujet de la crise dans l’est du pays : «Les discours de haine empreignent de la violence et nous divisent. Tournons le dos au racisme et à la xénophobie, ne cédons pas aux discours incendiaires qui n’ont que trop nourri la violence, là où, au contraire, nous devons renforcer la cohésion et le vivre ensemble ».
Le Pole Institute, à Goma, tire la sonnette d’alarme sur la stigmatisation d’une communauté : il dénonce une « propagande haineuse» et parle d’une «évolution » qui doit être « prise au sérieux ». Pour le secrétaire général des Nations Unies, «les discours de haine sont un danger pour tous et c’est notre devoir à tous de les combattre ».
Le Kenya et l’Ouganda appellent aussi au calme
À Nairobi, une réunion des commandants des forces de défense de la communauté est-africaine, que la RDC a rejoint récemment, doit avoir lieu à Nairobi dimanche 19 juin. L’objectif étant de finaliser les préparatifs pour le déploiement d’une force régionale dans l’est de la RDC, force dont la création avait été annoncée en avril.
Le président kényan Uhuru Kenyatta a demandé cette semaine son activation. Dans un communiqué, il s’est dit « inquiet » des dernières tensions entre Kigali et Kinshasa, qui risquent, selon lui, de menacer les consultations entre le gouvernement et les groupes armés congolais, ouvertes à Nairobi en avril, pour rétablir la paix dans l’Est du pays.
La communauté est-africaine, et notamment le Kenya et l’Ouganda, veulent également préserver ce processus, comme l’explique Jason Stearns, directeur du Groupe d’étude sur le Congo à l’Université de New York : « Au-delà de cette réunion des chefs militaires, un sommet des chefs d’État régionaux devrait se tenir dans la capitale rapidement ».
Kigali tente l’apaisement, après la fusillade de la « petite barrière »
Après la fusillade qui a eu lieu à la frontière entre le Rwanda et la RDC samedi 17 juin, et au cours de laquelle un soldat congolais a été tué et deux policiers rwandais blessés, le gouvernement rwandais s’est exprimé sur l’incident et sur les relations tendues avec son voisin congolais lors d’une conférence de presse dans la soirée. Kigali assure officiellement continuer de privilégier la voie du dialogue.
Au sujet des échanges de tirs à la frontière, le Rwanda s’en remet une fois de plus aux organes de médiation régionaux. « Nous considérons cela seulement comme un incident. Une enquête a été ouverte par le mécanisme conjoint de vérification et notre ministre des Affaires étrangères s’est déjà entretenu à ce sujet avec son homologie congolais. Les autorités rwandaises sont en contact avec les autorités congolaises », a déclaré Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais.
Même ton au sujet de la suspension par le Congo de tous les accords signés avec le Rwanda : «C’est une prérogative du gouvernement congolais. Ces partenariats et ces accords bénéficiaient à nos deux peuples. Donc nous espérons qu’un jour, ils seront restaurés ».
La porte-parole a également salué les appels du gouvernement congolais à lutter contre la stigmatisation des rwandophones dans le pays et assuré qu’en tant que membre de l’EAC, le Rwanda est prêt à jouer un rôle dans la force régionale qu’Uhuru Kenyatta.
Avec RFI